Les mathématiques ne sont pas la matière préférée des Tchèques
Le rapport des enfants tchèques à l’égard des mathématiques, plus négatif que jamais, le rappel par Madeleine Albright, ex-chef de la diplomatie américaine, du discours prononcé par Václav Havel aux Etats Unis après sa première investiture présidentielle, la vérité sur les bombardements de plusieurs villes tchèques par les avions soviétiques vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale et, enfin, les traces tchèques dans l’œuvre et le parcours du grand écrivain américain Philip Roth : tels sont les sujets que nous avons retenus dans la presse de ces derniers jours.
« De l’avis des experts en la matière, c’est justement l’aversion à l’égard des mathématiques qui est la principale cause du fiasco dont nous sommes à l’heure actuelle les témoins et qui va s’accroissant avec les années dans les établissements scolaires. Si les mathématiques sont chez les écoliers assez populaires durant les quatre ou cinq premières années de leur scolarisation, elles ne le sont presque plus à la fin du cycle primaire. Les raisons de ce déclin donnent lieu à toute sorte de spéculations. »
Les tests ont également montré que ce sont les enfants issus de familles complètes, socio-économiquement favorisées et dotées de diplômes universitaires, qui obtiennent des résultats en mathématiques meilleurs que les autres catégories d’enfants. Les garçons réussissent également dans cette discipline mieux que les filles. Il s’agit là, selon certains, d’une preuve du fait que le système de l’éducation tchèque ne garantit pas des chances égales de succès. En conclusion, Radka Kvačková écrit:
« Des méthodes alternatives d’enseignement, s’appuyant sur une approche active des élèves, sont désormais envisagées comme une des voies permettant de trouver une issue à cette situation peu satisfaisante. Certains insistent pour leur part sur l’introduction obligatoire d’épreuves de mathématiques au baccalauréat. Cette initiative est soutenue, aussi, par l’actuel ministre de l’Education nationale, Marcel Chládek, qui veut la mettre en pratique, à partir de l’an 2019. »
Madeleine Albright évoque le succès du premier discours prononcé par Václav Havel aux Etats-Unis
Il y a quelques jours, 25 ans se sont écoulés depuis le premier voyage officiel de Václav Havel, premier président tchécoslovaque investi après la chute du régime communiste, aux Etats-Unis. En rappel de ce voyage devenu depuis légendaire, un des récents numéros du quotidien économique Hospodářské noviny a publié une interview avec Madeleine Albright, pour savoir s’il s’agissait effectivement d’un événement couronné de succès comme on aime à le présenter aujourd’hui. A cet égard, l’ex-chef de la diplomatie américaine et amie proche de Havel a tenu à souligner :« Le succès a été plus grand encore qu’on ne le pensait à l’époque. Les politiciens américains connaissaient Havel grâce à ses activités de dissident et à son rôle lors de la révolution de Velours. Ils étaient alors curieux de le rencontrer en personne en tant que représentant de ce qui se passait en Europe après la chute du Mur de Berlin.... Havel est devenu le visage de l’espoir survenu après la fin de la guerre froide. En plus, sur le plan verbal, il savait parfaitement l’exprimer ce dont il a fait preuve dans son intervention prononcée devant le Congrès. Son voyage à Washington avait trois dimensions. Il s’est présenté lui-même, ainsi que la nouvelle Tchécoslovaquie, exprimant en même temps l’esprit de l’époque après la fin de la guerre froide. »
En novembre dernier, lors de l’inauguration devant le bâtiment du Congrès d’un buste dédié à Václav Havel, Madeleine Albright a déclaré que ce dernier n’était pas en Tchéquie apprécié à sa juste valeur. Interrogée par le journal si elle se sentait déçue par l’évolution de la situation depuis le départ de Havel du Château (siège de la présidence), elle a répondu :
« Je n’étais pas à Prague depuis déjà un certain temps, mais je suis déçue. Havel était une grande figure de l’histoire tchèque et slovaque et également une grande figure de l’histoire du XXe siècle. Son successeur direct ne l’a pas respecté et je pense que ce n’est que maintenant que beaucoup de Tchèques réalisent à quel point Václav Havel était un personnage marquant et exceptionnel. »
Les archives russes dévoilent la vérité sur les bombardements des villes tchèques
Dans un texte accompagné de photos de l’époque, publié dans le quotidien Mladá fronta Dnes, Pavel Švec se penche sur un événement qui s’est déroulé il y a soixante-dix ans. Des raids aériens de l’aviation soviétiques ont alors lourdement touché plusieurs villes tchèques faisant au total près de 1 300 morts. Pendant très longtemps, la propagande communiste a tout fait pour présenter ces bombardements de la fin de la Deuxième Guerre mondiale comme étant l’œuvre des Allemands. Le journal précise :« Ostrava, Brno, Děčín, Mělník, Mladá Boleslav, Znojmo. Telles sont les villes tchèques et moraves, parmi des dizaines d’autres, qui ont été atteintes par des raids de bombardiers soviétiques qui avaient pour cible les troupes allemandes en fuite, se déplaçant vers la ligne de démarcation. Certaines de ces villes, comme Ostrava, important centre industriel et minier, ou Znojmo, constituant un important nœud ferroviaire, ont également joué pour les occupants allemands un important rôle stratégique. »
Comme le souligne l’auteur de l’article, pendant de longues années et récemment encore, les bombes qui ont en partie endommagé plusieurs villes tchèques ont été officiellement attribuées aux Allemands. Selon les témoins, encore aujourd’hui, il s’agit d’une chose assez délicate, car l’auréole des « libérateurs » a été très longtemps intouchable. Enfin, la version initiale a été définitivement déjouée par les documents révélées par les archives russes et confirmant que ces bombardements étaient à mettre sur le compte de l’aviation soviétique.
Les traces tchèques dans la vie et l’œuvre de Philip Roth
« Il n’arrive pas très souvent de voir un écrivain de notoriété mondiale faire preuve d’une affinité hors standard envers la Tchéquie. Cela semble pourtant être le cas de Philip Roth, l’auteur américain qui, dans les années 1970 a visité à plusieurs reprises Prague et qui s’était lié d’amitié avec des dissidents et des émigrés tchèques. » C’est ce que constate dans le supplément Salon du quotidien Právo Štěpán Kučera, qui a demandé, à l’occasion de la parution d’une nouvelle version tchèque du roman « L’Orgie de Prague », plus de précisions à ce sujet à Christopher Koy, bohémiste américain qui a notamment dit :« Roth se rendait à Prague tous les printemps, de 1971 à 1976, non seulement en raison de son admiration pour Franz Kafka. Il s’intéressait également aux dissidents tchèques et à ce qu’ils vivaient après l’an 1968, leurs sorts lui paraissant souvent tout à fait ‘kafkaïens’. En plus, il aimait la liberté qui, à l’époque, existait ici dans le domaine des relations sexuelles et érotiques, tellement différente du climat puritain dans son propre pays. »
Dans l’interview pour le supplément Salon, il est également question de ce que Philip Roth a fait pour le succès international de certains auteurs tchèques. Nous citons :
« La première chose que Roth ait faite aux Etats-Unis pour la littérature tchèque, c’est qu’il a écrit une préface de l’édition américaine de « Risibles amours » de Milan Kundera. En même temps, il a rédigé des essais sur des auteurs tchèques qu’il a aussi souvent mentionnés en s’exprimant pour différents journaux. Et c’est encore lui qui a ressuscité le renom international de Jiří Weil, grâce à quoi l’œuvre de cet auteur tchèque, « Vivre avec une étoile », est devenue pendant un certain temps un des romans étrangers les plus vendus sur le marché américain. »
Des motifs tchèques apparaissent, aussi, dans plusieurs œuvres de Philip Roth, dont en premier lieu « L’Orgie de Prague », déjà citée. Le journal Právo indique dans ce contexte qu’une adaptation cinématographique de cette œuvre, dont l’histoire se déroule pendant les années de la dure ‘normalisation’ communiste, est actuellement en préparation par la cinéaste tchèque, Irena Pavlásková.