De l’ambiance, des médailles, des records : des Championnats d’Europe d’athlétisme en salle réussis pour les Tchèques
Les XXXIIIes championnats d’Europe d’athlétisme en salle, qui se sont achevés à Prague ce dimanche, sont un succès incontestable. Un succès populaire d’abord et les 52 284 spectateurs présents à l’O2 Arena entre le 5 et le 8 mars, ont été récompensés de leur enthousiasme par les six médailles remportées par la délégation tchèque. A la clef, deux titres européens, l’un pour l’inévitable Pavel Maslák, qui a brillamment défendu sa couronne sur 400 m, et l’autre, plus inattendue, pour Jakub Holuša, sur 1500 m.
C’est aussi un succès logistique qui montre la capacité de la République tchèque, qui sera d’ailleurs le théâtre du Mondial de hockey en mai prochain, à accueillir un grand événement sportif. A ce titre, Libor Varhaník, le président du comité d’organisation de cette Euro d’athlétisme en salle, était particulièrement ravi :
« Nous nous étions fixés comme objectif d’organiser des championnats, qui ouvriraient un nouvel horizon pour les compétitions européennes avec l’ambition de proposer le spectacle le plus intéressant possible pour les spectateurs. Je suis très reconnaissant pour l’ambiance du stade. Je rêvais que la République tchèque puisse faire l’expérience d’un tel événement. J’ai la bonne impression que nous avons atteint le but fixé. »
Sur le plan sportif, la récolte de la délégation tchèque, composée d’un nombre record de 46 athlètes, a commencé dès le lendemain de l’ouverture des championnats avec pas moins de trois médailles vendredi. Le métal dominant a tout d’abord été le bronze avec la pentathlonienne Eliška Klučinová, qui a raté l’argent de seulement huit points avec un total de 4687 points, s’offrant au passage un nouveau record de République tchèque. Le lanceur de poids Ladislav Prášil lui a emboîté le pas. Son lancer à 20,66 mètres lui a permis de talonner deux champions, l’Allemand David Storl (21,23), et le Serbe Asmir Kolašinac (20,90).Un peu plus tard, ce fut au tour de Radek Juška en saut en longueur. Pour sa première participation à une compétition internationale, le jeune homme de 21 ans a estimé que le bronze ne lui suffirait pas pour fêter son 22e anniversaire ce dimanche et il s’est donc installé sur la seconde marche du podium avec un saut à 8,10 m :
« Mon premier essai a été mon meilleur saut et je pensais pouvoir l’améliorer. Le premier essai joue un rôle de couverture pour la suite, mais grâce à Dieu, j’ai fait un saut de 8,10 m. C’est un immense record personnel et aussi le record tchèque en salle pour les athlètes de moins de 23 ans. Donc je suis aussi satisfait qu’on puisse l’être. »Pendant ce temps-là, le sprinteur Pavel Maslák, celui que tous présentait comme la plus grande chance de médaille tchèque, faisait son bonhomme de chemin, se qualifiant tranquillement pour la finale du 400m, discipline dont il est en salle le champion du monde et champion d’Europe en titre.
A l’heure H samedi, Pavel Maslák était au rendez-vous de ses promesses, lui qui déclarait que « défendre son titre n’aurait rien de difficile ». L’audacieux a eu raison puisqu’il a largement dominé ses adversaires avec un chrono de 45'33. A défaut de surpasser le record européen en salle détenu par l’Allemand Thomas Schönlebe (45s 05), Pavel Maslák a tout de même inscrit un nouveau record pour les Championnats d’Europe en salle, ce qui n’est pas rien :
« Je n’ai jamais couru une course de 400 m comme ça de ma vie. Je dois dire que j’étais surmotivé grâce au public qui a été vraiment super. Je voulais courir pour inscrire un nouveau record européen. Je me suis dit qu’il me fallait courir très vite les deux cents premiers mètres mais j’étais trop motivé et j’ai brulé pas mal d’énergie. »Une énergie dont il avait encore besoin, car Pavel Maslák devait courir dimanche à l’occasion du relais 4 × 400 m. A l’issue de la finale du 400 m, il s’est donc contenté d’un gros câlin à la mascotte de ces championnats, la petite taupe Krtek, et n’a pas fait de folie samedi soir. Le lendemain, le champion européen, en compagnie de Daniel Němeček, Patrik Šorm et Jan Tesar, décrochait la dernière médaille tchèque de la compétition en terminant troisième de l’épreuve derrière la Pologne et la Belgique.
Entre temps, l’hymne tchèque avait résonné une seconde fois dans l’enceinte de l’O2 Arena, en l’honneur de Jakub Holuša, victorieux du 1500 m. A 28 ans, le jeune athlète n’avait jamais remporté de succès international autre que lors de Championnats d’Europe juniors. Transcendé par les clameurs du stade où siégeaient fièrement quinze de ses proches venus de sa ville natale d’Opava, Jakub Holuša est parvenu dans la dernière ligne droite à revenir à hauteur du Turc İlham Tanui Özbilen, avant de l’achever dans une dernière accélération vengeresse :
« Je ne peux pas rêver mieux. Je pense que ce moment restera. Même si je gagnais aux Jeux olympiques, cette course restera l’événement de ma vie parce que c’est à la maison, il y a 11 000 personnes qui vous soutiennent, qui crient et qui vous font gagner une médaille d’or. C’est quelque chose d’incroyable ! Je n’ai pas de mot ! »Au rayon des vedettes de ces quatre jours de compétition ne figurent pas seulement des Tchèques. Le perchiste Renaud Lavillenie, recordman mondial de sa discipline avec un saut l’année dernière à 6,16 m, était attendu au tournant. Côtoyant la barre fatidique des 6 m dès l’entraînement, le Français n’a pas déçu. La victoire acquise en toute décontraction à 5,90 m, le perchiste a ensuite passé les 6,04 m :
« Cela aurait été dommage de faire 6 m, en se disant qu’à 4 cm près, je pouvais faire un record des Championnats en salle et améliorer la meilleure performance mondiale de la saison. 6,04 m, cela fait quatre comme le nombre de mes titres européens en salle, c’est pas mal, cela sonne bien ! »
Un joli palmarès, constitué désormais de 12 médailles internationales, dont 9 titres, qui n’a pas laissé indifférent le public pragois, qui a retenu son souffle quand Renaud Lavillenie s’est essayé à la barre des 6,17 m :« Je suis quand même content car cela m’ouvrait les portes de cette tentative de record du monde. C’était quand même intéressant parce que, mine de rien, le stade était juste en transe ! »
Malgré une première tentative très proche de l’objectif, Renaud Lavillenie, qui a sauté déjà six fois au-dessus de 6 m cette saison, a échoué à renverser son propre record du monde.
Il faut dire qu’il y avait sans doute déjà eu assez de records comme cela. Au tableau des médailles, la République tchèque se place quatrième, juste derrière la Grande-Bretagne, la France et la Russie. Au classement par points, les Tchèques, avec 63 unités, sont huitième, une performance inédite depuis les championnats de Valence en 1998.