Cinéma : le drame social « Je m’en sortirai » grand vainqueur des Lions tchèques
A l’instar de la France et des Etats-Unis avec les remises des Césars et des Oscars, la République tchèque a elle aussi honoré ses artistes du septième art. Organisée par l’Académie tchèque du film et de la télévision (ČFTA), la 22e cérémonie des Lions tchèques s’est tenue samedi dans la salle du Rudolfinum, à Prague. Dix-sept films se sont affrontés dans quinze catégories. Et le grand vainqueur de la soirée a été « Cesta Ven », un film de Petr Václav traduit en français par « Je m’en sortirai ». Précisons que le film, qui dresse le portrait d’un couple de Rom victime de discriminations, a été présenté en première au dernier festival de Cannes dans la section ACID, l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion. « Je m’en sortirai »est ainsi devenu le dernier long métrage tchèque présenté sur la Croisette depuis 1998.
L’héroïne principale du film, Klaudia Dudová, dont « Cesta ven » a été la première expérience cinématographique, a elle-aussi été récompensée pour son interprétation de la meilleure actrice. Désormais, une carrière prometteuse s’ouvre à cette comédienne non-professionnelle, qui avait jusqu’à alors exercé le métier de vendeuse, mais qui a déjà terminé de tourner l’été dernier son deuxième film, sous la direction du même Petr Václav, et aux côtés d’acteurs de renom, comme Karel Roden. Même si Petr Václav a indiqué qu’il n’est jamais sans risques de confier un rôle à des non-professionnels, il a précisé que le risque existait toujours quant à une mauvaise distribution des rôles, qu’il soit question de professionnels du métier ou pas. Mais avec l’attribution du rôle principal à Klaudia Dudová, Petr Václav a sans aucun doute visé en plein dans le mille. De son côté, Klaudia Dudová a révélé qu’avant la sortie de ce film, la façon dont vivaient les Rom était, dans une certaine mesure, dissimulée. A propos de l'authenticité du film sur certains aspects de la communauté rom, Klaudia Dudová, a tenu à souligner :
« C’est effectivement comme cela que vivent les Roms de nos jours. Je crois que chaque Rom, qui voit ou qui a vu ce film, doit se dire : ‘J’ai déjà vécu cela, j’ai déjà été confronté à cette situation’. Il n’y a rien d’inventé là-dedans. C’est en quelque sorte la description de notre nouvelle ère. »Le film de Miroslav Krobot, « Díra u Hanušovic » (« Un trou près de Hanušovice), s’est vu remettre les prix du meilleur acteur, du meilleur acteur et de la meilleure actrice dans un second rôle, et le conte « Tři bratři » (« Les trois frères ») du réalisateur oscarisé Jan Svěrák, s’est vu attribué les prix des meilleurs costumes, des meilleurs décors et de la meilleure scénographie. Miroslav Janek a été récompensé par le prix du meilleur documentaire, « Olga », qui relate la vie de la première dame de la Tchécoslovaquie post-communiste, Olga Havlová. Présélectionné pour concourir à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, le film « Fair-Play » de la réalisatrice tchéco-française, Andrea Sedláčková, a néanmoins été quelque peu oublié par l’Académie tchèque, qui l’avait pourtant nommé dans toutes les catégories. Andrea Sedláčková a toutefois été consolée par le prix du public.
Les différentes récompenses ont été remises par des membres du corps médical ; une idée originale de Jan Svěrák, membre de l’Académie tchèque, selon lequel « la présence de ces personnes, pour lesquelles nous avons une grande estime, est déjà un immense honneur pour nous tous. »
Terminons par une petite anecdote : si les organisateurs avaient invité l’acteur américain Jim Carrey à la cérémonie, c’est un sosie, très peu ressemblant, qui est apparu sur scène. La directrice de l’Académie tchèque du film et de la télévision, Tereza Rychnovská, a fait savoir en fin de soirée à l’agence de presse tchèque ČTK, que Jim Carrey n’était effectivement pas présent à la cérémonie, et que l’organisation a probablement été victime d’une fraude sophistiquée.