Václav Havel, élu premier président post-communiste il y a 25 ans

Václav Havel, photo: ČT

Le 29 décembre 1989, il y a 25 ans ce lundi, le premier président post-communiste de la République tchécoslovaque, Václav Havel, signa la Constitution du pays et, depuis le balcon du Château de Prague, promettait de «ne pas décevoir la confiance du peuple tchéco-slovaque et de conduire le pays vers des élections libres ».

Václav Havel,  photo: ČT
Même si elles se sont déroulées au suffrage indirect, ces premières élections présidentielles « libres », furent fortes en émotions. Václav Havel n’a pas demandé à être président de la République tchécoslovaque, mais l’est devenu, en quelque sorte malgré lui. Le 29 décembre 1989, il signait ainsi la Constitution en prononçant les paroles suivantes :

« Je jure sur mon honneur et ma conscience fidélité à la République socialiste tchécoslovaque. Je m’emploierai à assurer le bien-être des nations et des nationalités qui y vivent. J’exercerai mes devoirs conformément à la volonté du peuple et pour le peuple, et je défendrai la constitution ainsi que les lois. »

Seulement quarante jours après la création du Forum civique (Občanské fórum), mouvement politique à la pointe des évènements de la Révolution de velours, personne ne se semblait se soucier du fait que Václav Havel n’est pas un homme politique, mais un écrivain, un dramaturge, et un ancien prisonnier politique. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1989, Václav Havel déclarait que l’histoire était toujours en avance sur la connaissance qu’il en avait et indiquait « trouver cela absolument onirique ».

Marián Čalfa,  photo: ČT24
Sous la direction de Marián Čalfa, le chef du gouvernement de la République fédérale tchèque et slovaque durant la période de transition ouverte par la Révolution de velours, lequel comprend que le régime communiste n’est plus, une majorité de députés communistes décide d’envoyer Václav Havel au Château de Prague. Marián Čalfa lui aurait confié quelques jours avant son élection avoir tirer un trait sur l’avenir du parti communiste et vouloir s’engager dans l’aventure démocratique.

Peu après son élection le 29 décembre 1989, devant ceux qui le prennent pour un poète naïf, doux rêveur, Václav Havel prévient que les poètes ont aussi des dents. Pressenti à la tête de l’Etat pour une durée d’un an et demi uniquement, il sera président des Tchèques pour les douze années à venir.

Václav Havel,  photo: ČT
Aussi, le discours du Nouvel An de Václav Havel du 1er janvier 1990 ne ressemble à aucun de ceux prononcés auparavant et n’a pas non plus d’équivalent depuis :

« Chers compatriotes, depuis 40 ans, vous avez écouté mes prédécesseurs qui vous ont dit la même chose sous différentes formes : de quelle façon notre pays prospère, combien de milliards de tonnes d’acier nous avons produits, comme nous sommes tous heureux, comme nous faisons confiance à notre gouvernement, et quelles sont alors les belles perspectives qui s’ouvrent devant nous. Je présuppose, que vous ne m’avez pas voulu à ce poste pour que je vous mente moi aussi. Notre pays ne prospère pas. Le grand potentiel créatif et spirituel de nos nations n’est pas utilisé intelligemment. »

Photo: ČT
Si la Révolution de velours de novembre 1989 met fin à la République socialiste tchécoslovaque, elle ne met pas fin à certaines divergences. Des discussions pressantes naissent entre Tchèques et Slovaques quant à savoir quel nom devrait désormais prendre le pays. Cette discordance, appelée « guerre du trait d’union », née peut-être dès 1918, aboutit à l’adoption d’un compromis et le pays prend alors le nom de République fédérale tchèque et slovaque.

La vie politique est alors marquée par un éloignement de plus en plus marqué entre les deux nations qui se traduira par la séparation pacifique des deux peuples le 1er janvier 1993.