Le deuxième homme fort de l’OTAN sera tchèque
Avec les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, l’actualité tchèque est elle-même dominée par la thématique militaire. Et tandis qu’étaient organisées ce week-end près d’Ostrava les Journées de l’OTAN, qui ont enregistré une fréquentation record, l’actuel chef d’État-major de l’Armée tchèque, Petr Pavel, était élu à la tête du commandement militaire de l’organisation de défense atlantiste, une victoire diplomatique pour la République tchèque.
« Bien sûr, je suis heureux, c’est une marque de prestige pour moi personnellement mais également pour la République tchèque et son armée […]. Depuis notre engagement au sein du partenariat pour la paix en 1994, de très nombreuses personnes ont contribué à façonner la bonne réputation de l’armée tchèque. C’est tout ce processus qui a été récompensé par ce vote. C’est la même chose que pour les Oscars, un seul est récompensé mais des milliers de personnes sont derrière lui. »
L’actuel titulaire du poste, le général danois Knud Bartels, devrait s’en aller vers de nouvelles missions l’année prochaine. Petr Pavel le remplacera alors, probablement à la mi-2015. En attendant, l’homme de 53 ans devra travailler à se trouver un successeur à la tête de l’Etat-major de l’Armée tchèque. Pour cela, des rencontres sont prévues au mois d’octobre avec le ministre de la Défense Martin Stropnický (ANO) et le chef de l’Etat Miloš Zeman. Le président, présent à Mošnov dimanche pour les Journées de l’OTAN et de l’armée de l’air tchèque, a par ailleurs salué le mérite de la diplomatie tchèque dans cette élection :« Je suis très content car cette fonction est la deuxième plus importante au sein de l’OTAN après celle de secrétaire général. Nous avons tous fait des efforts de lobbying car le général Pavel avait deux concurrents, l’un de Grèce et l’autre d’Italie. »
Plus grande autorité militaire de l’organisation atlantiste, le président du commandement militaire, lequel soumet différentes recommandations à d’autres organes, est également le conseiller militaire du son secrétaire général, poste qui reviendra au Norvégien Jens Stoltenberg. Concernant ses futures priorités, le général Pavel, dont les commentateurs soulignent quasi-unanimement les compétences, est resté plutôt vague :
« Il y a beaucoup de priorités car le travail au sein de l’OTAN est plus complexe qu’auparavant. Je dirais que beaucoup se souviennent à regret du monde bipolaire où tout était clair. Bien sûr la situation ukrainienne sera l’un des points importants mais je ne dirais pas « prioritaire ». Même s’il peut nous apparaître que la crise ukraino-russe est la principale à nous attendre dans un avenir proche, il y a toute une série d’autres problèmes. Par exemple, au sud-est, à la frontière de l’OTAN, il y a la menace de l’Etat islamique qui dispose évidemment d’un grand potentiel. »L’élection de Petr Pavel s’accompagne cependant de quelques questions, notamment celle de savoir si elle n’a pas été facilitée par différentes promesses faites aux Américains dans le cadre de leur volonté de renforcer leur présence militaire en Europe centrale ou éventuellement de relancer leur projet de bouclier anti-missile, dont un élément devait être construit à Prague. Invité sur une chaîne de télévision privée, le ministre de la Défense Martin Stropnický a nié tout accord de ce type et réaffirmé que, selon lui, la République tchèque n’avait pas intérêt à la présence de ces forces armées états-uniennes.