Discours du Nouvel an : le président tchèque appelle à dépasser la peur après la fusillade du 21 décembre
Dans son tout premier discours de Nouvel an de sa première année de mandat, le président tchèque Petr Pavel a appelé à l’unité après la fusillade à la faculté des Lettres à Prague, à ne pas céder aux populistes et extrémistes lors des scrutins à venir et à adopter l’euro.
Elu en février 2023, le président tchèque Petr Pavel a prononcé ce 1er janvier 2024 son premier discours de Nouvel an en tant que chef de l’Etat. Ses premiers mots ont été, sans surprise, pour évoquer la fusillade du 21 décembre à la faculté des Lettres de l’Université Charles à Prague et pour les victimes de la tragédie. Petr Pavel a insisté sur le fait qu’il n’y avait qu’un « seul coupable » et qu’il ne fallait pas chercher « d’autres coupables à pointer du doigt », estimant qu’il n’y aurait « jamais non plus suffisamment de contrôles et de réglementations pour éliminer tous les risques ». Le président tchèque a estimé qu’une analyse de l’événement et de ses raisons étaient nécessaires : « nous pouvons améliorer les lois, les contrôles et les mesures, mais nous ne pouvons pas renoncer à notre liberté à cause de la peur, » a-t-il toutefois souligné, rappelant que s’il fallait se préparer aux situations de crise, il ne fallait se laisser « paralyser par la peur ».
Le président tchèque est également revenu sur la politique intérieure et il a apporté son soutien au gouvernement de coalition dont il a salué « les efforts impopulaires pour s’attaquer à la dette du pays ». Regrettant la « vulgarisation du débat politique », il a estimé que si le rôle de l’opposition n’était pas de « faciliter la vie » au gouvernement, il lui fallait également « présenter des solutions alternatives. »
Un appel à se rendre aux urnes et à adopter l’Euro
Rappelant l’année électorale à venir avec trois scrutins, européen, régional et sénatorial, Petr Pavel a invité les Tchèques aux urnes pour « une occasion unique d’influencer l’orientation future de notre pays et de l’Union européenne » tout en fustigeant les populistes et les extrémistes « qui abusent de nos peurs » et « ne font qu’exacerber les problèmes ».
Petr Pavel a également souligné que 2024 marquait les 20e et 25e anniversaires de l’adhésion de la Tchéquie à l’Union européenne et à l’OTAN, « l’occasion pour nous de regarder en arrière et, en même temps, de nous tourner vers l’avenir, dans la direction que nous voulons prendre. » A cet égard, il a soutenu l’adoption de la monnaie unique européenne : « après toutes ces années, il est temps de commencer à prendre des mesures concrètes pour remplir cet engagement, » a-t-il insisté.
Le chef de l’Etat tchèque s’est enfin adressé tout particulièrement à la jeune génération, « porteuse de changement » qu’il dit souhaiter « soutenir ».
Petr Pavel a clos son discours sur une perspective optimiste pour 2024, avec l’attente d’une inflation moindre, une croissance des salaires réels et une croissance de l’économie du pays. « Même si, en tant que président, je n’ai pas beaucoup de pouvoirs spécifiques, je m’efforce d’accroître la visibilité de ce qui est dans l’ombre, de soulever des questions qui sont négligées et de rappeler aux autres hommes politiques ce qui est généralement oublié, » a-t-il encore ajouté, soulignant sous quels auspices il souhaitait placer son mandat.
Les premiers commentaires politiques ont fait état d’un discours court et clair, mais surtout d’un ton différent de ceux entendus dans un passé récent, sans attaques ad hominem. Une allusion aux discours de fin d’année de son prédécesseur Miloš Zeman critiqué pour son manque d’efforts à rassembler la population.
Avec ce discours, Petr Pavel a renoué avec une tradition que suivaient Václav Havel et Václav Klaus, mais pas son prédécesseur qui privilégiait une adresse à la nation à Noël. La tradition des discours du Nouvel An a été lancée en pays tchèques par le premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk.