Coupe Davis : les Tchèques en campagne

Jiří Veselý, Lukáš Rosol, Jaroslav Navrátil, Radek Štěpánek, Tomáš Berdych, photo: ČTK

« Les Bleus en campagne » : tel est le slogan qui figure sur les affiches que l’on peut voir un peu partout dans les rues de Paris depuis quelques semaines. Très attendue par les amateurs de tennis, la demi-finale de Coupe Davis entre la France et la République tchèque démarre ce vendredi, à Roland-Garros, par les deux premiers matchs de simple. Bien que doubles tenants du titre, les Tchèques, qui rêvent d’un triplé historique, ne partent pas favoris et se savent en danger face à des Français en quête d’un Saladier d’argent qu’ils n’ont plus remporté depuis 2001.

Jiří Veselý,  Lukáš Rosol,  Jaroslav Navrátil,  Radek Štěpánek,  Tomáš Berdych,  photo: ČTK
Tomáš Berydch contre Richard Gasquet, suivi de Jo-Wilfried Tsonga contre Lukáš Rosol : telles sont les deux affiches que le tirage au sort effectué jeudi au Musée du tennis français a réservées pour cette première journée de vendredi. Si, côté tchèque, le choix d’aligner Rosol aux dépens de Radek Štěpánek pour le deuxième simple était prévisible, en revanche, celui, côté français, de préférer Richard Gasquet à Gaël Monfils, quart de finaliste à l’US Open la semaine dernière, a plutôt surpris. Ce choix, le capitaine Arnaud Clément l’a justifié au moment de passer devant la presse :

« Gaël se sent un peu moins bien que d’autres, [comme Richard] qui ont quatre ou cinq jours de préparation sur terre battue supplémentaires. On sait à quel point cette transition entre les Etats-Unis et la France et le changement de surface de jeu sont difficiles. Or, j’ai un joueur, Richard, qui est en pleine forme, qui a souvent battu Berdych dans sa carrière, qui lui pose des problèmes, et je pense que ce sera le cas vendredi aussi. »

Rare joueur français à posséder un bilan positif contre Berdych (5 victoires pour 3 défaites), Richard Gasquet explique sa recette pour battre le meilleur joueur tchèque de ces dernières années :

« C’est un des meilleurs joueurs du monde, il va donc falloir que je fasse le meilleur match possible. Il faudra que je sois offensif, que je joue mon jeu et que je varie beaucoup. Berdych est un mec qui frappe très fort des deux côtés et qui a un gros service. Je m’attends donc à un gros combat et je vais tout faire pour le gagner. »

Sûr de lui malgré l’obligation de gagner dans laquelle il se trouve très souvent en Coupe Davis, Tomáš Berdych n’a pas semblé perturbé plus que ça par la décision du camp français. Pour le numéro un tchèque, Gasquet ou Monfils de l’autre côté du filet, la mission reste la même : donner le premier point à son équipe. Mais pour y parvenir, Berdych sait aussi qu’il aura affaire à un autre adversaire de taille : le public français.

Radek Štěpánek et Tomáš Berdych,  photo: ČTK
« C’est une ambiance très particulière. On la ressent ici absolument partout. Déjà pendant Roland-Garros, c’est toujours plus compliqué de jouer contre un Français. Les spectateurs font bien savoir quel joueur ils encouragent. On peut donc penser que le soutien du public sera encore plus important cette fois en Coupe Davis. Mais ce n’est pas la première fois pour nous. Il y a deux ans de cela, nous avions connu quelque chose de semblable en demi-finale en Argentine avec un public très chaud. Ce n’est pas toujours simple pour nous, mais c’est un élément qu’il faut savoir gérer. »

Si Berdych est un habitué des matchs à gros enjeu et des grands courts, comme l’est le central à Roland-Garros, son coéquipier Lukáš Rosol, finalement préféré à Radek Štěpánek, ne peut pas en dire autant. Toutefois, face à Jo-Wilfried Tsonga, le Tchèque, dont les performances ces derniers mois lui ont quand même permis de grimper jusqu’à la 27e place mondiale, sait qu’il n’aura pas grand-chose à perdre, et ce d’autant moins si Berdych s’impose un peu plus tôt :

« Je suis impatient ! C’est une bonne chose pour moi de pouvoir jouer le vendredi. Le capitaine m’a annoncé la nouvelle tard dans la soirée de mercredi, ce qui me laisse le temps de bien me préparer. Je suis heureux qu’on me fasse confiance, et j’entends bien montrer qu’il ne s’est pas trompé. Je m’attends bien sûr à un match très difficile, mais Tsonga est le favori, tout le monde attend de lui qu’il gagne. Je peux donc y aller l’esprit tranquille et faire mon match. »

Dans l’esprit du capitaine tchèque, Jaroslav Navrátil, le plan est clair : aligner Rosol le vendredi lui permet de préserver Štěpánek pour le double toujours fondamental de samedi, ainsi que dans l’optique d’un éventuel cinquième match décisif dimanche, Štěpánek ayant l’expérience des quitte ou double en Coupe Davis. Mais en attendant un tel scénario, Jo-Wilfried Tsonga estime que le choix tchèque est somme toute logique :

« Radek a été un des principaux artisans des victoires tchèques en Coupe Davis ces dernières années, mais c’est vrai aussi qu’il a un peu moins de résultats en simple sur le circuit ces derniers temps et que Lukáš joue de mieux en mieux. Le moment est peut-être venu pour eux de changer et de lancer un joueur un peu plus jeune. »

Surtout, le moment est donc venu d’en découdre sur le court. Et soleil aidant, c’est à trois jours de grand tennis et d’émotions auxquels tout le monde, Tchèques comme Français, s’attend. Et le capitaine Arnaud Clément entend bien à ce que le public parisien joue son rôle pour aider ses joueurs à passer l’obstacle tchèque :

« Un rôle énergétique très fort. Les matchs seront durs ! Celui de Richard contre Berdych bien sûr, mais celui de Jo contre Rosol n’est pas gagné d’avance non plus. Le double samedi sera un combat. Alors, le fait d’avoir cet atout-là, cette énergie qui descendra directement des tribunes et de nos supporters sur le court est un plus incroyable. Nous allons vivre un moment unique dans une carrière et je suis heureux que les joueurs aient la chance de connaître ça ici, parce que ça va être grand ! »

Et ce d’autant plus avec la perspective, pour la France comme pour la République tchèque, de recevoir la Suisse de Federer et Wawrinka en finale…