Coupe Davis : les Tchèques en danger à Paris

La Coupe Davis, photo: Kristýna Maková

Déjà double tenante du titre, l’équipe de République tchèque de tennis rêve cette année de réaliser un triplé historique en Coupe Davis. Vainqueurs de leurs neuf dernières rencontres dans la compétition, Tomáš Berdych, Radek Štěpánek et leurs partenaires n’ont toutefois jamais semblé aussi menacés qu’avant la demi-finale qu’ils disputeront contre la France à Roland-Garros de vendredi à dimanche prochains. Analyse des forces en présence avec les capitaines tchèque et français, Jaroslav Navrátil et Arnaud Clément.

Jiří Veselý,  Lukáš Rosol,  Jaroslav Navrátil,  Radek Štěpánek,  Tomáš Berdych,  photo: ČTK
« Aujourd’hui, c’est tout simple : c’est la meilleure équipe du monde. On ne gagne pas deux Coupes Davis d’affilée par hasard. Ils sont les doubles tenants du titre et de nouveau en demi-finale. C’est dix victoires d’affilée, une série incroyable. Ils sont allés gagner énormément de matchs à l’extérieur, sur différentes surfaces, y compris sur terre battue… »

Stop ! N’en jetez plus, la coupe est pleine. Si Tomáš Berdych et Radek Štěpánek, les deux grands artisans des succès tchèques en Coupe Davis ces dernières années, comprenaient le français, ils pourraient en être presque gênés. Mis en ligne ce lundi sur le site de la Fédération française de tennis, ce chapelet de louanges sort de la bouche d’Arnaud Clément, le capitaine de l’équipe de France qui tâchera de se qualifier pour la finale de la Coupe Davis le week-end prochain aux dépens donc de la République tchèque.

Ces compliments, les Tchèques les ont eux aussi rendus aux Français, comme n’a pas manqué de le faire leur capitaine Jaroslav Navrátil au micro de Radio Prague la semaine dernière lors de l’annonce de sa sélection :

« La France est vraiment costaude. J’ai vu tous ses joueurs à l’US Open, et Tsonga et Monfils tout particulièrement sont dans une forme fantastique. Nous savons donc à quoi nous attendre, même si nous ne partons pas battus d’avance. Je pense que l’expérience de ce genre de confrontations joue en notre faveur. L’ambiance sera très chaude, mais je suis confiant en nos chances de succès. »

Même si tennismen tchèques et français ne sont pas les meilleurs amis du monde, les deux camps respectent néanmoins les forces en présence de leur adversaire. Et à entendre Arnaud Clément, il ne s’agit pas seulement de déclarations diplomatiques d’usage :

La Coupe Davis,  photo: Kristýna Maková
« On s’attend à une rencontre vraiment très dure. Même à Roland-Garros, même chez nous, même avec le soutien du public, même avec la qualité de notre jeu, je ne suis pas sûr que je puisse vous dire que nous sommes les favoris. Je dirais même le contraire, ce sont les Tchèques qui sont favoris. Ils ont la confiance pour eux et leur investissement par rapport à la Coupe Davis depuis des années. Ils adorent ça. C’est pour ça qu’ils sont bons et qu’ils s’investissent autant. »

Bien conscient que sans sa présence, un exploit en France aurait pris des allures de mission impossible pour ses partenaires, Tomáš Berdych, très attaché à l’épreuve, est revenu sur sa décision prise en début de saison après le premier tour de faire l’impasse sur le restant de la Coupe Davis cette année pour mieux se consacrer à son parcours personnel. Du coup, malgré un choix qui se limite donc à Berdych, Štěpánek (39e mondial), Lukáš Rosol (27e) et Jiří Veselý (75e), c’est avec une équipe au complet que les Tchèques se présentent à Paris, comme s’en félicitait Jaroslav Navrátil :

« La décision n’a pas été bien compliquée à prendre. Nous avons sélectionné nos quatre seuls joueurs qui figurent dans le Top 100 mondial. Ensuite, nous n’avons plus personne entre la 200e et la 300e place… Je suis surtout très heureux de pouvoir compter sur le retour dans l’équipe de Tomáš Berdych après son absence au Japon au tour précédent, car il est notre incontestable numéro un. »

Côté français, en revanche, avec Jo-Wilfrid Tsonga, Gaël Monfils, Richard Gasquet et Julien Benneteau retenus, ce sont des soucis de riches auxquels a été confronté le capitaine Arnaud Clément :

« C’est vrai qu’il y a beaucoup de réflexion à chaque fois et que nous sommes très peu de capitaines à avoir ce genre de bon problème. Tant mieux ! Si jamais j’ai des joueurs qui sont un peu moins bien à certains moments, d’autres qui sont blessés comme c’est le cas avec Michaël Llodra, j’ai d’autres solutions qui sont elles aussi très performantes. Mais c’est vrai que, parfois, on réfléchit beaucoup et on se pose des questions. Les décisions sont alors rarement prises en quelques minutes. »

Autre décision qui ne sera pas prise en quelques minutes, celle de savoir qui de Radek Štěpánek ou de Lukáš Rosol jouera le deuxième match de simple lors de la première journée. Car s’il est acquis que Tomáš Berdych prendra part à deux simples et au double samedi aux côtés de Štěpánek, celui-ci pourrait être préservé ne serait-ce que vendredi au profit d’un Rosol qui a déjà prouvé dans un passé récent qu’il pouvait être mieux qu’un simple remplaçant. Dans la perspective de matchs décisifs qu’il affectionne tout particulièrement, Štěpánek, qui à bientôt 36 ans pourrait avoir du mal à disputer trois matchs de suite en trois jours sur terre battue, retrouverait alors sa place en simple le dimanche. Une éventualité que n’a bien entendu pas voulu confirmer le capitaine tchèque, même si c’est quand même bien ce qu’a laissé sous-entendre Jaroslav Navrátil :

Jaroslav Navrátil,  photo: Jan Cakl,  ČRo
« Je n’y ai pas encore trop réfléchi, nous avons encore un peu de temps pour prendre la bonne décision avant les premiers matchs. Mais bien entendu, les résultats de Lukáš Rosol ces derniers temps et son classement actuel me font plaisir et m’offrent des possibilités supplémentaires. Mais il faudra voir durant la semaine précédant comment vont se passer les entraînements et la préparation à Paris, l’acclimatation à la terre battue et aux conditions de jeu ou encore quel sera l’état de forme et de santé des joueurs. Mais c’est vrai, j’ai la possibilité de répartir les forces de l’équipe sur trois jours. »

Quel que soit le choix que fera Jaroslav Navrátil, c’est à une équipe tchèque bien décidée à vendre chèrement sa peau que les Français auront affaire, ce dont ne doute nullement le capitaine français :

« Ils ont cette fibre que nous avons nous aussi. Pour l’instant, ils ont réussi là où nous avons échoué. On va donc essayer de casser cette série tchèque, de les arrêter, pour nous donner une chance d’aller en finale. Mais ils ont Berdych qui est extrêmement fort. Même si aujourd’hui il est 7e mondial, il est resté parmi les cinq premiers pendant longtemps et bat régulièrement les meilleurs joueurs du monde. Ils ont aussi un Štěpánek qui est toujours très dangereux. Il reste capable de battre de grands joueurs et il le fait régulièrement en Coupe Davis. Leur double aussi est très fort et ils ont cette capacité, un peu comme nous, à être performants sur toutes les surfaces. »

Le tout sans oublier la perspective d’un triplé historique avec une finale à Prague probablement contre la Suisse de Federer et Wawrinka et l’envie tchèque de ne pas abandonner un trophée qui leur tient vraiment beaucoup à cœur. Mais ça, les Français le savent déjà…