Face à la pénurie de crèches, l'alternative du "babyoffice"
Manque de crèches et pénurie de places dans les écoles maternelles : difficile pour les parents tchèques de trouver des solutions pour faire garder leurs enfants. Du coup, les structures parallèles privées à Prague et dans le reste du pays rencontrent un certain succès. Exemple avec le "babyoffice" (garderie en bas et bureaux en haut) qui a d'autant plus de succès qu'il a obtenu une subvention européenne qui permet aux parents de tester des dizaines d'heures gratuitement.
« Après la naissance de ma plus jeune fille, je n’avais pas envie d’arrêter de travailler et ne voulais pas non plus trop m’éloigner d’elle. Mais les conditions n’étaient pas bonnes : elle n’aimait pas être au bureau et pleurait souvent ; en grandissant elle avait aussi envie d’être avec d’autres enfants. Du coup j’ai eu l’idée de créer cet espace ou mamans et papas peuvent se consacrer à leur travail tout en ayant leur enfant pas loin. »
Au premier étage, les bureaux – une douzaine de tables avec connexion internet. Devant leurs ordinateurs, les parents – les mamans en très grande majorité – sont à la tâche, exceptionnellement interrompues si leur bambin a vraiment besoin de réconfort… Infographiste, Martina Daňková a une petite fille de trois ans :
« C’est vraiment une excellente idée. J’avais une nourrice avant pour ma fille quand je travaillais mais je voulais qu’elle commence à voir d’autres enfants dans un collectif, pour qu’elle s’habitue un peu avant d’aller à l’école maternelle. Pour moi c’est également beaucoup mieux de travailler ici. A la maison je suis moins efficace, il y a toujours des choses à faire comme arroser les plantes, faire la cuisine ou le nettoyage… »Ce genre de structures est d’autant plus apprécié par les parents que les crèches publiques sont très rares en République tchèque et qu’obtenir une place dès trois ans dans une école maternelle est un vrai casse-tête. Cette année, près de 60 000 enfants n’ont pu faire leur rentrée en maternelle, faute de place, 12 000 pour la seule région de Prague.
« Cette rentrée a été particulièrement extrême parce que peu de nos élèves sont partis en primaire », explique la directrice d’une école maternelle publique pragoise, qui n’a pu accepter qu’une douzaine de nouveaux enfants dans son établissement. Jusqu’ici, les mamans tchèques prenaient des congés parentaux de trois, voire quatre ans par enfant, ce qui rend difficile le retour sur le marché du travail… Les temps changent et de plus en plus d’entre elles cherchent à combiner job et maternité, comme Martina Bártová, maman d’un garçon d’un an et demi et elle aussi adepte du baby office :
« Le babyoffice m’aide beaucoup. A la base je suis venue suivre des cours donnés ici pour savoir comment bien gérer un projet et gérer son temps. Je voudrais contribuer au budget du ménage et veux monter mon business. Et comme mon fils a besoin d’attention c’est difficile de se concentrer avec lui à la maison, donc avoir un moment de calme ici c’est certainement une bonne chose… »Nourrices, écoles privées, babyoffice : toutes ces structures parallèles ont un coût, parfois trop élevé pour les parents, mais grâce à une subvention européenne, un père ou une mère en congé parental a droit a plusieurs dizaines d’heures gratuites au babyoffice. Hana Krejčí :
« Nous avons la chance d’avoir une collègue expérimentée qui a fait les formalités pour obtenir cette subvention – c’est un processus long et compliqué. Nous avons ouvert en mars dernier, et c’est cette subvention qui nous a récemment permis d’attirer de plus en plus de gens, qui viennent tester nos services gratuitement. »
Et la fondatrice du babyoffice ajoute qu’après Prague la capitale, elle aimerait ouvrir une succursale à Brno, la deuxième ville du pays où là aussi, les places en crèches et maternelles publiques sont rares…