La semaine de l'éco
Retour sur l'actualité économique de la semaine écoulée.
Retraites : les sociaux-démocrates dévoilent leur plan de suppression du deuxième pilier
La commission chargée de la réforme des retraites se réunit désormais régulièrement. Jeudi dernier, le parti social-démocrate (ČSSD) a présenté à l’équipe composée d’experts et de représentants des partis politiques son plan visant à la suppression du deuxième pilier, une forme d’épargne par capitalisation. Introduit par une réforme en 2013, la disparition de ce deuxième pilier compte parmi les objectifs de la commission.Selon le président de la commission, le sociologue Martin Potůček, la suppression du deuxième pilier est envisageable en 2016. Dès la fin de cette année, les 82 000 personnes qui ont souscrit à ce pilier devraient cesser d’y envoyer leur épargne, laquelle serait ensuite redirigée vers les premier et troisième piliers, autrement dit l’épargne par répartition et l’épargne privée des particuliers.
Le site d’information Insider a révélé, dimanche, un extrait du plan que propose le ČSSD pour procéder à la suppression du deuxième pilier. Son auteur est le directeur du département juridique de la Confédération tchéco-morave des syndicats (ČMKOS). Cet extrait précise les modalités du passage des personnes concernées au premier pilier.
Ces personnes pourront ensuite décider où elles souhaitent réinvestir leur épargne dans le cadre du troisième pilier. Si aucune décision n’est prise, la caisse d’épargne remboursera une partie de la somme qu’il aura déjà épargnée au client. Le reste sera reversé à l’Etat pour être ajouté sur le compte du client en tant qu’assurance-retraite. Le projet du directeur de ČMKOS ne prévoit pas de compensations pour les caisses d’épargne touchées par la suppression du deuxième pilier, car ces caisses pourront proposer d’autres formes d’épargne à leurs clients.
Le ČSSD envisage également de modifier le troisième pilier. Concrètement, la principale formation de la coalition gouvernementale veut réintroduire le principe de la « garantie de la valorisation nulle ». En vertu de ce principe, les caisses d’épargne seraient tenues de proposer à leurs clients un fonds leur garantissant de toucher au minimum l’équivalent de la somme versée. Ce fonds devrait s’ajouter aux formules qui combinent différents niveaux de risque découlant de l’investissement d’une partie de l’épargne.
Outre la suppression du deuxième pilier, la commission chargée de la réforme des retraites a également pour tâche de proposer un nouveau modèle de valorisation des pensions, ainsi que les modalités pour déterminer l’âge du départ à la retraite.
La société Tonak veut élargir ses exportations vers l’Amérique du Sud
Un des plus grands fabricants européens de chapeaux et autres coiffures, la société Tonak Nový Jičín, souhaite pour cette année élargir ses exportations vers l’Amérique du Sud. Alors que l’année dernière la société a fourni plus de 7000 produits semi-finis pour la fabrication de chapeaux en Amérique du Sud, les exportations pourraient atteindre jusqu’à 20 000 pièces cette année. Actuellement, la société Tonak exporte vers trois pays : l’Equateur, la Bolivie et le Brésil.
Les produits semi-finis exportés par la société Tonak, sont achetés par les chapeliers locaux, qui réalisent eux-mêmes les produits finalisés. Selon le directeur général et le président du conseil de la société Tonak, Dalibor Andree, ces nouveaux marchés s’avèrent très prometteurs pour l’activité de l’entreprise, car les produits des artisans locaux sont coûteux.
La plupart de la production de la société Tonak vise essentiellement les exportations : l’entreprise exporte 95% de la production totale, dans 55 pays. Seuls 5% restants de la production sont destinés au marché national. Il s’agit principalement d’équipements pour l’armée, les sapeurs-pompiers ou pour la police de République tchèque.
La société Tonak, qui possède ses usines à Nový Jičín et à Strakonice, a également exporté ses produits en direction de la Russie, de la Pologne, de l’Allemagne, de l’Italie et des Etats-Unis. En raison des coûts de transport élevés la société Tonak exporte principalement des produits semi-finis vers l’Amérique du Sud, tandis que les produits finis sont exportés vers l’Europe, à savoir l’Angleterre, l’Italie ou l’Allemagne.
En 2013, l’entreprise a réalisé un bénéfice de 10,1 millions de couronnes (environ 374 000 couronnes), un bénéfice qui a presque doublé par rapport à l’année 2012. La société Tonak, qui compte près de 650 employés, est détenue par l’actionnaire majoritaire, la société PCTC Invest, qui est basée en Suède et qui détient environ 90% des actions.
1,51 millions des Tchèques menacés par la pauvreté et l’exclusion sociale
Selon les chiffres publiés ce mercredi par l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), 1,51 millions de Tchèques sont menacés par la pauvreté et l’exclusion sociale. Environ 140 000 personnes n’ont pas de revenu suffisant, de travail ou certains biens matériels. Néanmoins, par rapport à l’année 2013 le taux de personnes en risque de pauvreté a baissé de 9,6 % à 8,6 %.
L’Office tchèque des statistiques a révélé ce mercredi son enquête portant sur les conditions de vie. L’enquête est divisée en trois catégories selon le type de précarité à laquelle les gens font face.
La première catégorie concerne les personnes avec un revenu disponible correspondant au seuil de pauvreté, sachant qu’en 2013 ce revenu a été égal ou inférieur à 9 674 couronnes (environ 358 euros) pour un individu. Pour un couple, ce seuil de pauvreté se situait en-dessous de 14 512 couronnes par mois (soit 537 euros). En 2013, 886 000 personnes avaient un revenu inférieur au seuil de pauvreté.
Le problème des revenus insuffisants a touché 45 % de tous les chômeurs. Par rapport à l’année 2012, le taux des travailleurs pauvres, c’est-à-dire de tous ceux qui demeurent dans la pauvreté tout en ayant un emploi, a augmenté de 3 % à 4 %. En revanche, entre 2009 et 2013, le nombre des retraités menacés par la pauvreté a légèrement baissé de 7 % à 6 %, notamment grâce à la valorisation des pensions.
La privation matérielle constitue la seconde catégorie de mesure du ČSÚ. Elle a concerné environ 678 800 personnes qui n’avaient pas en leur possession quatre des neuf objets sur la liste de l’Office des statistiques, tels qu’un téléphone, une machine à laver ou une voiture. Ces personnes ne pouvaient pas non plus se permettre des vacances d’une durée d’une semaine, s’acheter de la viande trois fois par semaine ou payer leur loyer à temps. Si en 2012, 44 % des ménages ne pouvaient pas partir en vacances pendant une semaine, en 2013, ce taux a été de 40 %.
Le dernier indicateur qu’étudie le ČSÚ est l’intensité du travail. Selon les nouvelles données de l’Office, plus de 541 000 personnes ont été employées à moins d’un cinquième d’un emploi à temps plein.
L’Etat va débourser un demi-milliard de couronnes pour les élections européennes
Lors des campagnes électorales européennes, les partis politiques ont économisé de manière significative. Les dépenses liées à la promotion ont été cinq fois moins élevées par rapport aux élections à la Chambre des députés de l’automne dernier.
Ce sont les sociaux-démocrates ČSSD qui ont eu le plus gros budget de campagne, à savoir 25 millions de couronnes, soit environ 952 000 euros : une somme à trois fois inférieure par rapport à la campagne législative à l’automne 2013. Le budget du Parti pirate tchèque a pu se compter par centaines de milliers de couronnes. Pour cette fois, les partis politiques ont essentiellement investi dans des panneaux d’affichage, à savoir pour plus de 30 millions de couronnes, soit environ 1,1 millions d’euros.
Par rapport aux dernières élections au Parlement européen en 2009, les partis gèrent eux-mêmes la campagne, sans avoir recours aux services de certaines agences de marketing spécialisées, permettant ainsi de réaliser des économies.
Beaucoup plus d’argent à l’égard des élections sera néanmoins déboursé par l’Etat. Le budget de l’Etat, approuvé pour cette année, a réservé la somme de 550 millions couronnes, soit environ 20 millions d’euros, pour l’organisation des élections européennes. La somme la plus importante sera répartie entre les commissaires électoraux, à savoir 330 millions de couronnes (soit environ 11,1 millions d’euros). En principe, la commission électorale est formée d’au moins cinq personnes ; dans les villages de moins de 300 habitants, la commission est formée d’au moins quatre commissaires. Environ 100 millions de couronnes seront versés par l’Etat aux partis politiques ayant obtenu au moins 1% aux élections européennes.
A titre de comparaison, lors des élections européennes en 2009, les partis politiques n’avaient obtenu qu’environ 67 millions de couronnes, soit un peu moins de 2,5 millions d’euros de la part de l’Etat. A l’époque, treize partis s’étaient départagés cette somme. Vainqueur des élections 2009, le parti civique démocrate (ODS) a obtenu la plus grande somme, à savoir 22 millions de couronnes, environ 815 000 euros.
Madlenka, une entreprise d’insertion en Bohême du Sud
Les personnes avec un handicap sont désavantagées sur le marché du travail. Non seulement, ces gens ont plus de difficultés à s’imposer dans un environnement compétitif, souvent à mobilité réduite, ils souffrent de la concentration des emplois dans les grandes villes vers lesquelles ils ont du mal à se déplacer. Depuis 2010, l’entreprise d’insertion Madlenka offre du travail aux personnes avec un handicap physique ainsi qu’aux celles atteintes des troubles mentaux. Comme le souligne la directrice de Madlenka, Miluše Balková, pour ces dernières, il est particulièrement difficile de maintenir le travail. Madlenka est un exemple de l’entreprise sociale implantée en Bohême du Sud.
Madlenka a été créée, il y a qutre ans, par l’association Fokus Písek, une branche de l’ONG Fokus basée à Prague qui se spécialiste dans l’assistance aux personnes atteintes de maladies mentales. L’objectif de Madlenka est de donner un emploi aux personnes handicapées et ainsi les intégrer petit à petit sur le marché du travail. Depuis sa création, l’entreprise avait onze employés dont quatre ont trouvé un autre travail par la suite.
Actuellement, trois personnes fabriquent les bijoux et les objectifs décoratifs à Madlenka et une autre employée s’occupe du ménage. Ces personnes participent également à la vente de ces produits. Tout au long de l’année Madlenka propose des ateliers d’initiation à la peinture. L’entreprise s’implique également dans l’organisation des « Semaines de la santé mentale » et a accompagné l’humoriste tchèque Jaroslav Dušek à son tour en République tchèque.
Une autre raison d’être de Madlenka est la lutte contre la stigmatisation des personnes atteintes des maladies mentales. Il s’agit d’un effort très opportun, comme vient de le confirmer une récente étude publiée par les chercheurs de l’Institut national de la santé mentale (Národní ústav duševního zdraví, NUDR) et de la Faculté de Médecine de l’Université Charles. Cette étude compare les attitudes des Tchèques et des Britanniques vis-à-vis des personnes atteintes de troubles mentaux et révèle que les Tchèques sont beaucoup moins ouverts à vivre ou travailler avec une personne malade. En effet, si 56 % des Britanniques accepteraient de vivre avec une telle personne, c’est le cas de seulement 15 % des Tchèques.
Petr Winkler, un des auteurs de l’étude, remarque que les préjugés à l’égard des patients avec ces maladies sont plus forts en République tchèque en raison de la prépondérance des grands centres de traitement qui séparent ces personnes du reste de la population. Ainsi, le réseau des ONG Fokus, qui gère les entreprises comme Madlenka, s’implique dans la défense des droits des personnes avec des maladies mentales et œuvre en faveur de leur insertion sur le marché du travail pour leur permettre une vie en dehors d’un centre de traitement.