La Semaine de l'éco
Retour sur l'actualité économique de la semaine écoulée.
Depuis 2008, l’industrie tchèque du BTP souffre toujours des effets de la crise
Plusieurs années de crise ont fait leur œuvre dans l’industrie du bâtiment et des travaux publics en République tchèque. Tous les clignotants sont à l’orange : le secteur aurait ainsi perdu 443 milliards de couronnes (près de 16,5 milliards d’euros) et 50 000 employés depuis 2008, selon les chiffres communiqués, ce mardi, par la Fédération des entrepreneurs du bâtiment (SPS). Par ailleurs, le nombre de grandes entreprises a baissé de 25%.Recul du marché du logement neuf avec des prix tirés vers le bas, baisse des commandes publiques… Les raisons de la crise sont multiples et aucune évolution notable n’est attendue pour cette année, une première amélioration pouvant intervenir en 2016. En 2008, année record pour le secteur du BTP en République tchèque, un chiffre d’affaires total de près de 550 milliards de couronnes (environ 20 milliards d’euros) avait été réalisé. Pour 2013, en revanche, un bilan inférieur de 150 milliards de couronnes (5,5 milliards d’euros) a été enregistré.
Toujours selon les statistiques, 767 entreprises de plus de 50 employés opéraient dans le secteur en 2008 pour un total de 110 000 salariés. Cinq ans plus tard, leur nombre n’était plus que de 578 pour 84 000 employés. « Ces chiffres ne concernent que les grandes entreprises. En tenant compte des plus petites, nous estimons que 50 000 personnes ne travaillent plus dans le secteur », a précisé le directeur général de SPS, Miloslav Mašek.
Selon ce dernier, les entreprises de construction qui n’étaient pas prêtes à affronter les effets de la crise n’ont pas été les seules à disparaître. D’autres sociétés spécialisées, artisans compris, ont été contraintes de mettre la clef sous la porte faute de nouveaux chantiers.
Si l’on s’en tient aux dernières données publiées par l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), une légère relance a été enregistrée ces trois derniers mois, en raison notamment de l’hiver exceptionnellement doux. Mais l’apparence est trompeuse, car le SPS confirme que le nombre de commandes n’a augmenté dans aucune branche d’activité. Conséquence de quoi, il faudra attendre sans doute 2015 pour assister à une stabilisation du marché avant, peut-être, le retour d’une première croissance modérée en 2016, alors que l’industrie tchèque du BTP est une des dernières en Europe à ne pas encore voir le bout du tunnel.
Une hausse du salaire minimum à l’ordre du jour
Ce mardi, les syndicats ont annoncé vouloir augmenter le salaire minimum de 500 couronnes (18,5 euros) afin d’atteindre le montant de 9 000 couronnes (333 euros). Cette revalorisation est soutenue par le Premier ministre social-démocrate Bohuslav Sobotka sous condition que la Confédération tchéco-morave des syndicats (ČMKOZ) trouve un accord avec les représentants des employeursdu patronat. La dernière augmentation du salaire minimum, qui concernait environ 120 000 employés, date d’août 2013. Il s’agissait d’une hausse de 500 couronnes (18,5 euros selon le cours actuel de la couronne) après une longue période de stagnation car le salaire minimum n’avait pas évolué depuis 2007.
Le gouvernement de Bohuslav Sobotka prévoit une augmentation du salaire minimum tous les ans. Si dans le cadre des négociations tripartites, un accord entre les syndicats et les patrons n’est pas trouvé, le cabinet présentera son propre projet basé sur un compromis.
Selon les données du ministère du Travail et des Affaires sociales, environ 3% de travailleurs (entre 100 et 120 000 personnes) touchent l’équivalent du salaire minimum qui est actuellement de 8500 couronnes (environ 314 euros). Son montant a évolué depuis février 1991 quand il a été fixé à 2000 couronnes tchécoslovaques. Néanmoins, pour la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová-Tominová, le salaire minimum est insuffisant car il est inférieur au seuil de pauvreté (40% du salaire moyen pour Eurostat) correspondant au revenu dequi s’établit à 9 600 couronnes (355 euros) par mois. Les personnes rémunérées à la valeur du salaire minimum constituent donc le groupe des « travailleurs pauvres », c’est-à-dire des gens dont le salaire ne suffit pas à couvrir les dépenses de base.
Les statistiques d’Eurostat, reprises en juillet 2013 par le quotidien Právo, révèlent que 18,2 % de tous les employés sont menacés par la pauvreté car leur revenu brut ne dépasse pas 14 500 couronnes mensuelles (537 euros). L’objectif de la ministre Michaela Marksová-Tominová est donc d’approcher le salaire minimum à 40% du salaire moyen.
Un sondage réalisé par la banque ČSOB au début du mois d’avril révèle que 46% des entrepreneurs sont favorables à l’augmentation du salaire minimum, lequel est payé par une entreprise sur huit. Seulement 15% des représentants des PME tchèques voudraient la le supprimer. L’opposition au salaire minimum provenant du camp libéral, notamment du Parti civique démocrate (ODS), met en garde contre ce dispositif car selon elle, la hausse du salaire minimum est à l’origine de plus de chômage et de travail au noir. La ministre du Travail et des Affaires sociales réfute cet argument pour son manque de preuves scientifiques.
Les bières tchèques récompensées aux « Olympiades de la bière »
Les bières tchèques ont été récompensées lors des « Olympiades de la bière », organisées pour la dixième année consécutive aux Etats-Unis. L’un des événements internationaux les plus prestigieux du monde de la bière, la World Beer Cup, se tient tous les deux ans dans l’Etat du Colorado, à Denver. Cette année, ce sont trois marques de bière tchèques qui y ont été récompensées par un jury international composé de 220 spécialistes issus de 31 pays du monde entier.
Au total, 4754 bières issues de 1403 brasseries, provenant de 58 pays des cinq continents, ont participé à ce concours divisé en 94 catégories. La bière Radegast Premium Lager, produite à la brasserie de Radegast de Nošovice, située près de la ville de Frýdek-Místek, a remporté la médaille d’or. Cette année, 53 échantillons de bières ont été inscrits à la catégorie des bières de type pils. La médaille d’argent a été attribuée à la bière Velkopopovický Kozel, issue de la brasserie Pilsner Urquell, et la médaille de bronze a été décernée à la bière Pardál Echt, issue de la brasserie Budweiser Budvar.
La brasserie Radegast, dont la bière se distingue par son gout amer prononcé depuis plus de 40 ans, avait déjà remporté la médaille de bronze lors du World Beer Cup en 2004. Pour le directeur de la brasserie Radegast, Ivo Kaňák, il s’agit cette année d’un immense succès.
La bière est brassée depuis 1970 dans la ville de Nošovice. Depuis 1999, Radegast fait partie de la société Pilsner Urquell, qui appartient elle-même à une des plus grandes brasseries du monde, la société SABMiller. L’année dernière, la société Pilsner Urquell a vendu près de 9,7 millions d’hectolitres de bière, et ce non seulement en République tchèque, mais également sur 50 marchés étrangers ; enregistrant néanmoins une baisse de 2% par rapport à l’année 2012. Le plus grand exportateur de bière tchèque a toutefois enregistré un volume record pour ses exportations, à savoir 1,114 millions d’hectolitres de bière, marquant ainsi une augmentation interannuelle de 5%.
Le budget du ministère de la Culture devrait souffrir d’une baisse significative en 2015
Fidèle à la politique d’austérité menée un peu partout en Europe sous l’impulsion de Bruxelles, le ministère des Finances, dans son projet de budget de l’Etat pour 2015, souhaite réaliser des coupes budgétaires dans de nombreux ministères. Celui de la Culture devrait être concerné et pourrait subir une baisse de plus d’un milliard d’euros (environ 36 millions d’euros) par rapport au budget pour cette année.
Helena Markusová, porte-parole du ministère de la Culture a confirmé ce chiffre. Selon elle, la direction de ce cabinet compte toutefois s’activer pour tenter de maintenir son budget 2015 au même niveau que celui de cette année. Il s’élève actuellement à 9,901 milliards de couronnes (360 millions d’euros). En France, où le gouvernement de Manuel Valls poursuit également une politique d’austérité, le budget alloué en 2014 au ministère de la Culture est de 7,26 milliards d’euros, en baisse de 2% par rapport à l’année précédente.
Un tiers du budget du ministère de la Culture tchèque contribue au financement de différentes institutions. La plus importante d’entre elles est le Théâtre national, dont le directeur, Jan Burian, ne dispose pour l’heure pas d’information sur les perspectives budgétaires pour l’an prochain. Il regrette cette situation qui ne lui permet pas de planifier de façon optimale sa programmation pour les années à venir. Selon Jan Burian, le budget destiné à la culture, donc le financement prévu pour son institution, devrait être établi trois ans à l’avance.
Pour l’instant, personne ne s’aventure à prévoir ce que cette baisse de plus d’un milliard de couronnes de l’argent injecté dans le monde culturel tchèque pourrait concrètement signifier pour lui. Le ministère de la Culture ne devrait pas être le seul à souffrir de coupures budgétaires. Le cabinet des Transports devraient ainsi être le plus touché.