3 femmes et 14 hommes, le nouveau gouvernement loin de la parité
Aux côtés de quatorze hommes, seulement trois femmes ministres font partie du cabinet de Bohuslav Sobotka. Loin d’une représentation paritaire, loin même de la moyenne de 28% de femmes dans les gouvernements de l’Union européenne, le gouvernement tchèque fait peu mais légèrement mieux que la plupart de ses prédécesseurs. La situation est analysée par Jana Smiggels Kavková, membre du Conseil gouvernemental pour l'égalité des chances entre hommes et femmes, et directrice de l’association Forum 50%, laquelle lutte pour une représentation égale des deux sexes en politique.
Si le nouveau gouvernement est composé de trois femmes, c’est aussi un peu par hasard. Sur les trois ministères chrétiens-démocrates, aucun n’a été attribué à une femme. Quant au mouvement ANO, sur ses six portefeuilles il a nommé deux femmes, Helena Válková à la Justice et Věra Jourová au Développement régional. Le parti social-démocrate n’avait initialement réservé aucun de ses ministères à une femme. Et si la République tchèque a maintenant une ministre sociale-démocrate de l’Emploi et des Affaires sociales, Michaela Marksová Tominová, c’est parce que le candidat originel a renoncé à cette position pour des raisons familiales. Jana Smiggels Kavková revient sur la procédure de sélection de Michaela Marksová Tominová pour son poste :
« Cette procédure est tout à fait révélatrice des difficultés auxquelles doivent faire face les femmes pour s’imposer à des postes de responsabilité. La social-démocratie déclare dans son programme électoral son adhésion aux principes de la représentation égale des femmes et hommes en politique. Pourtant, aucune femme ne figurait parmi ses candidats initiaux et quand le poste des Affaires sociales s’est soudainement libéré, le parti a organisé une procédure de sélection interne et a trouvé cinq candidates compétentes pour ce ministère, même si auparavant le Premier ministre Sobotka considérait qu’il n’y avait pas assez de candidates qualifiées. »L’exemple du parti social-démocrate est de ce fait intéressant. Dans un contexte où les candidates ont les qualifications requises, où 30% des membres du parti sont des femmes, et où existe en son sein un Club orange, présidé par Marksová Tominová et qui œuvre pour une meilleure représentation des femmes en politique, pourquoi les femmes sont encore sous-représentées dans les fonctions dirigeantes et notamment à la tête des ministères ? Jana Smiggels Kavková explique :
« La formation du nouveau gouvernement a révélé que pour obtenir un portefeuille, l’essentiel n’est pas d’avoir une expertise dans le domaine considéré. Il faut surtout faire partie des réseaux internes d’influence. Or, les femmes ne sont pas présentes dans ces cercles qui décident de la distribution des postes. D’ailleurs, l’existence de réseaux d’influence masculins n’est pas spécifique à la politique. Compte tenu de leur socialisation différente, les hommes se transmettent plus leurs contacts et s’entraident, tandis que les femmes transmettent plus leur savoir-faire. »Si au moment de la répartition des ministères, on tient compte de la représentation équitable des différentes régions, le critère de la représentation des femmes semble ne pas avoir assez de légitimité pour influencer les preneurs de décisions. D’ailleurs, la distribution des portefeuilles aux femmes est souvent stéréotypée, avec les femmes à la Culture, aux Affaires sociales ou à la Santé. De ce point de vue, la République tchèque peut surprendre avec deux femmes récemment en charge de la Défense. De plus, dans le nouveau gouvernement, outre le ministère de l’Emploi et des Affaires sociales, il y a deux femmes à des postes peu typiques : à la Justice ainsi qu’au Développement régional.