Bientôt plus de femmes à la Chambre des députés ?

Photo: Filip Jandourek, ČRo

La Chambre des députés, dont le mandat s’achève, compte légèrement plus d’un cinquième d’élues femmes. C’est peu et c’est moins que la moyenne européenne. La situation pourrait toutefois s’améliorer avec les législatives organisées dans quelques semaines, selon une analyse réalisée par l’organisation Fórum 50%. Sa directrice, Jana Smiggels Kavková, nous a expliqué pourquoi :

Jana Smiggels Kavková,  photo: Jan Sklenář,  ČRo
« Sur les listes électorales que nous avons analysées, il y a par rapport au scrutin précédent davantage de femmes, d’une part de façon générale, mais également sur les places éligibles, en tête de ces listes. Et cela est principalement vrai pour les partis qui, d’après les sondages, arrivent en tête des préférences des électeurs. C’est le mouvement ANO, le parti communiste (KSČM) et la social-démocratie (ČSSD), où l’amélioration est significative par rapport aux dernières élections. Donc on peut prévoir qu’il y aura relativement plus de femmes députées après les législatives. »

En 2013, 26,9% des candidats étaient des femmes. Quatre ans plus tard, ce pourcentage est de 28,6% mais il reflète des réalités très différentes, entre les régions et entre les formations politiques sollicitant les suffrages des électeurs tchèques. Les partis présentant le moins de femmes sont les Pirates et le mouvement libéral Svobodní. A l’inverse, les Verts sont une nouvelle fois les meilleurs élèves en termes de parité hommes-femmes et il y a une bonne raison à cela :

« Les Verts appliquent un système interne au parti de quotas obligatoires, qui définissent d’une part le niveau de représentation des femmes et des hommes, mais aussi leurs positions sur les listes électorales. Pour chaque trio de candidats, il doit y avoir un représentant du sexe opposé. Grâce à cela, les Verts ont une représentation équilibrée du nombre d’hommes et de femmes en tête de leurs listes électorales. »

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Pour la première fois, les sociaux-démocrates appliquent un système similaire pour les législatives, avec des quotas de genre qui ne sont toutefois pas contraignants en termes de positionnement sur les listes. Le parti a donc plus de candidates, mais la plupart ne se trouvent pas sur les places éligibles. La pratique est répandue parmi les mouvements politiques et explique pourquoi la proportion de femmes élues est toujours plus faible que celle du nombre de candidates.

Si les quotas internes aux formations politiques font avancer le schmilblick, la plupart des partis rechignent à s’en doter. Pour l’organisation Fórum 50%, c’est donc la loi qui devrait fixer ces quotas :

« Depuis longtemps, nous nous efforçons de promouvoir le vote d’un amendement sur la loi électorale pour que la loi oblige les partis à proposer une représentation équilibrée de femmes et d’hommes sur les listes électorales. Cette proposition était soutenue par l’ancien ministre en charge des droits de l’Homme Jiří Dienstbier au sein de l’actuel gouvernement, mais malheureusement celui-ci ne l’a pas validée. Mais nous continuons à soutenir une telle loi car c’est la voie la plus rapide et la plus efficace ; elle a été testée de par le monde et elle fonctionne. »

Fórum 50% soutient des quotas qui garantiraient une représentation des femmes sur les places éligibles des listes électorales d’au moins un tiers de leur total, un seuil considéré comme « critique » pour qu’un groupe d’intérêt puisse défendre ses positions. Mais d’après Jana Smiggels Kavková, le système des quotas suscite d’importantes réserves dans un pays comme la République tchèque, où, du fait de son histoire récente, il est considéré par certains comme de l’ingénierie sociale.

Dans l’immédiat, il y a, d’après Fórum 50%, une autre façon d’envoyer des femmes à la Chambre basse du Parlement, c’est tout simplement de voter pour elles sur les listes électorales, avec l’outil du vote préférentiel :

« C’est la seule manière pour les électeurs et les électrices de pouvoir soutenir les femmes aux élections. Les votes préférentiels ont contribué au fait qu’en 2010, nous avons obtenu la plus grande représentation de députés femmes jusqu’à présent. Et ce résultat a été justement possible parce qu’elles ont reçu un grand nombre de votes préférentiels, le soutien direct des électeurs. »