25 ans après, on a de nouveau petit-déjeuné à l’ambassade de France

Jean-Pierre Asvazadourian, photo: Eduardo Viner / Site officiel de l'Ambassade de France

Vingt-cinq ans après le petit-déjeuner qui avait réuni le président François Mitterrand et huit dissidents tchécoslovaques à l’ambassade de France le 9 décembre 1988, la fondation Forum 2000 a organisé, mercredi, en collaboration avec l’ambassade, une matinée débat afin de commémorer l’héritage de ce moment resté gravé dans l’histoire des relations franco-tchèques. De nombreuses personnalités, certaines actrices du petit-déjeuner de 1988, avaient répondu à l’invitation, comme l’interprète Olga Hochwelcker. Nous en entendrons d’autres encore prochainement dans nos émissions. Mais avant cela, l’ambassadeur de France, Jean-Pierre Asvazadourian, a d’abord rappelé l’importance de cette rencontre :

Jean-Pierre Asvazadourian,  photo: Eduardo Viner / Site officiel de l'Ambassade de France
« C’est un grand événement de la relation entre la République tchèque et la France et c’est pour ça qu’on s’en souvient. Et puis, bien évidemment, il y a une symbolique de cette rencontre, de ces rencontres même, puisque, après 1988, le président Mitterrand est d’abord revenu un an et demi plus tard pour visiter la Tchécoslovaquie démocratique, puis exactement cinq ans plus tard, le 9 décembre 1993, pour célébrer le premier petit-déjeuner. Je crois donc qu’il y avait aussi chez François Mitterrand la perception de l’importance de ce petit-déjeuner ; une importance à la fois bilatérale et symbolique en soutien à ceux qui se battent pour la démocratie. »

Première visite d’un président français en Tchécoslovaquie depuis 1918, la rencontre de François Mitterrand avec les dissidents tchécoslovaques est restée dans les mémoires surtout parce qu’elle a été la première à s’inscrire dans le cadre d’une visite officielle d’un haut représentant politique de l’Ouest en Tchécoslovaquie. C’est aussi sur ce point qu’insiste Jean-Pierre Asvazadourian :

« Oui, c’est aussi pour ça que cette rencontre a eu un caractère particulier. Avant elle, il y avait eu d’autres contacts entre différentes personnalités européennes et les dissidents. Par exemple, le ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas, les avait déjà rencontrés lors d’une visite précédente en septembre 1988. Mais ce qui est important, c’est que le président Mitterrand lors d’une visite officielle recevait à l’ambassade de France, officiellement donc en quelque sorte, des dissidents. C’était ça le geste si particulier qui donne à ce petit-déjeuner sa signification et sa symbolique : c’est d’avoir conditionné sa visite par ces contacts. »

Présente à ce célèbre petit-déjeuner en 1988, Olga Hochwelcker était alors l’interprète de François Mitterrand. De retour à l’ambassade vingt-cinq ans plus tard, elle a évoqué quelques souvenirs :

« Je ne peux pas commenter les souvenirs officiels, parce c’est aux personnes plus aptes que moi de le faire, mais je peux vous présenter un souvenir personnel que j’avais transmis au président. Une dame anonyme, quand on quittait l’endroit ici, m’a dit : ‘Madame, dites au président ‘merci’, un grand merci d’être venu, et dites-lui qu’il y avait un époque avant la visite Mitterrand et qu’il y a maintenant une nouvelle époque après la visite Mitterrand’. J’ai donc transmis le message au président. Il a souri et c’est tout. »

En tant qu’interprète, on suppose que même vingt-cinq ans plus tard, vous ne pouvez pas nous dire quel était le contenu des conversations. Par contre, ce que vous pouvez nous dire, c’est quelle était l’ambiance quand François Mitterrand, Vaclav Havel et les sept autres dissidents se sont rencontrés ?

« Vous pensez bien que si le président Havel (enfin il n’était pas encore président à ce moment-là, mais j’ai l’habitude de parler de lui comme du président...), si monsieur Havel était invité, l’ambiance ne pouvait être que bonne. Je pense que la question ne se posait même pas. C’était mémorable et je m’en suis rendu compte seulement au moment où je suis rentrée dans la pièce. Quand je les ai vus ensemble tous les deux, j’ai compris à quel point cet évènement était mémorable. Et puis je peux vous dire une autre chose, quand monsieur Havel est venu pour la première fois à Paris en tant que président, j’attendais avec mon président et il y avait des drapeaux français et tchèques à l’aéroport. Et quand le président Havel est descendu de l’avion, il y avait l’hymne tchécoslovaque et l’hymne français. Et nous tous qui attendions là, nous avions des larmes aux yeux. »