Festival du film français : honneur à Abdellatif Kechiche
C’est ce jeudi déjà que commence le Festival du film français, événement très important pour le cinéma hexagonal en République tchèque, qui se tiendra à Brno, České Budějovice et Prague jusqu’au 27 novembre. Cette seizième édition est notamment marquée par la projection en avant-première du film vainqueur de la Palme d’or à Cannes, La vie d’Adèle, dont le réalisateur, Abdellatif Kechiche, bénéficie d’une rétrospective inédite en terres tchèques.
Nombre d’événements cinématographiques tchèques, tels que le festival de Karlovy Vary, souhaitaient voir figurer ce film dans leur programmation. Finalement, ce sont le festival Mezipatra, événement qui se déroule également au mois de novembre et consacré au cinéma des minorités LGBT, et donc le Festival du film français, qui ont ce privilège. Pour la plus grande joie d’Anna Mitéran, qui est à la tête de la direction artistique de la manifestation :
« Tous les ans, il est très difficile de réaliser la programmation. Les négociations sont difficiles. Cette année, je dois remercier la société de distribution tchèque Film Europe qui a acheté les films. Nous sommes très contents que le film La vie d’Adèle passe dans le festival. D’autant plus qu’en lien avec l’avant-première de ce film-là, nous avons décidé de présenter une rétrospective avec l’ensemble des long-métrages d’Abdellatif Kechiche. »
D’abord acteur, Abdellatif Kechiche passe derrière la caméra au début de ce millénaire pour réaliser La Faute à Voltaire, un film qui déjà pose un regard percutant, presque sociologique en même temps que très humain, sur l’immigration. Le film est un succès critique, comme le seront les œuvres qu’il tournera ensuite : L’esquive et La graine et le mulet, tous deux récompensés du César du meilleur film, ou encore La Vénus noire.
Tous ces long-métrages attendent un public tchèque qui n’a eu que de trop rares occasions, parfois aucune, de les découvrir. En charge de la programmation du festival, Tereza Jiravova explique pourquoi :« Après un certain regard sur la critique tchèque, je peux dire que les films d’Abdellatif Kechiche sont appréciés. Mais comme ce sont des films qui portent des thèmes assez importants, parfois lourds, sociaux. Ce sont des thèmes sur l’immigration, l’intégration. Ce sont des films qui sont très liés à la culture arabe et française que le public tchèque ne connaît pas beaucoup. »
Aux côtés de Kechiche de nombreux cinéastes partagent l’affiche du festival. Parmi toutes les œuvres projetées, Tereza Jiravova émet une petite préférence pour une soirée spéciale consacrée à deux films qui évoquent la question de la prostitution volontaire :
« Pour moi, un film phare, ce serait peut-être le film de François Ozon. L’Institut français de Prague a préparé une soirée spéciale avec son film Jeune et Jolie et le film de Luis Buñuel Belle de Jour. Car François Ozon s’est inspiré de Belle de Jour pour tourner Jeune et Jolie. Et j’apprécie que l’Institut ait préparé cet événement pour le public. »
En plus des films La Religieuse de Guillaume Nicloux et Michael Kolhlaas de Arnaud des Pallières, Anna Mitéran recommande également une oeuvre en particulier :« J’ai vraiment beaucoup apprécié Alceste à Bicyclette de Philippe le Guay. Je pense que c’est un très bon film avec Fabrice Lucchini, qui est excellent dans le rôle de l’acteur qui se bat avec son ami pour avoir le rôle principal dans la pièce de Molière, le Misanthrope. Très bien écrit, très bien tourné, c’est un très bon film français comme on les aime avec de l’esprit… »
Tous ces films et bien d’autres encore sont diffusés dans les cinémas de Brno, České Budějovice et Prague du 21 au 27 novembre dans le cadre du seizième Festival du film français.