Joël Chapron : « La vitalité de la distribution cinématographique en République tchèque »
C’est ce jeudi que débute le Festival du Film Français, qui en est déjà à sa 12e édition. Retour sur la place du cinéma français dans la distribution tchèque, avec Joël Chapron, responsable du secteur Europe centrale et orientale pour Unifrance, l’organisation qui a pour but de promouvoir les films français dans le monde. Il revient sur les films français passés sur les écrans tchèques cette année.
D’habitude, il y en a combien ?
« D’habitude on est plutôt autour de 18-20. Donc en 2009 on a 24 à 26 films sortis par dix distributeurs différents. Ce qui est beaucoup. Il y a assez peu de pays, notamment de ‘petits pays’ en nombre d’habitants, où on a autant de distributeurs différents. Ça montre d’une part la vitalité de la distribution, et ça montre aussi qu’il y a des sociétés de distribution qui doivent penser que les concurrents ne font pas tout le travail sur les films français et qu’il y a d’autres choses à montrer. Et puis, il y a quelque chose de très particulier à la République tchèque : l’Association des cinéclubs, qui elle-même, en marge de cette fonction de cinéclub, acquiert des droits de films, notamment de films français, et qui chaque année sort des films français, certes sur un petit nombre de copies, mais qui tournent dans tout le pays. »
Nous sommes au mois de novembre. Quels sont les films français qui ont eu du succès cette année, quels sont ceux qui ont marqué l’année 2009 ?« En ce qui concerne les succès commerciaux, le premier est Coco avant Chanel qui doit être pas loin des 80 000 entrées, ce qui est beaucoup. Dans les co-productions, on a un film The Duchess, qui doit être autour de 65 000 entrées. Si on reste dans les films français, on en a un en langue étrangère : Transporter 3, un film d’action produit par Luc Besson, certes en anglais, mais entièrement français et financé par la France. Il y a aussi la continuation du film sur Mesrine, le deuxième volet. Ce sont les films les plus importants de l’année, commercialement parlant. »
Vous dites que Mesrine a eu du succès, or c’est une histoire très française. Vous pensez que c’est le côté film d’action qui a plu ?« Il y a beaucoup de choses qui jouent en faveur du film. En effet c’est un film d’action. Je pense que la notoriété de Vincent Cassel y est aussi pour quelque chose. Et puis, ne serait-ce que la qualité visuelle du film a dû bénéficier du bouche à oreille, malgré l’histoire peut-être franco-française. Encore que, c’est une histoire de bandit qui pourrait se passer n’importe où... »
Par exemple, je voyais sur l’affiche tchèque du film Mic-macs à tire-larigot qu’il est évidemment ‘vendu’ comme le dernier film du réalisateur d’Amélie Poulain... Pour un film comme Un prophète, comment ce thème peut-il selon vous toucher le public tchèque ?« La République tchèque va être un des premiers pays à sortir le film à l’étranger. Le film a beaucoup tourné dans les festivals depuis Cannes. Il est sorti à la fin du mois d’août. Il n’est sorti que dans cinq ou six pays. Il est sorti notamment en Russie où il a plutôt bien fonctionné. Je pense que le film est porté par au moins trois choses. D’abord c’est Jacques Audiard qui a déjà un certain public à l’étranger. Ses précédents films se sont bien vendus, c’est un nom qui dit quelque chose aux gens. La deuxième, c’est le Grand prix du jury du festival de Cannes, sachant qu’il y a eu un moment où on s’est demandé s’il n’allait pas avoir la Palme d’or.
Ça a fini par être repris dans la presse, donc ça joue pour la notoriété. Le fait que le film soit le représentant de la France aux Oscars est quelque chose d’important. Quant au thème, le film est français, mais pourrait se passer n’importe où dans le monde. C’est une histoire internationale, avec un réalisateur magistral, des acteurs totalement inconnus mais qui dès aujourd’hui sont connus grâce à ce film... »Hormis Niels Arestrup...
« Hormis Niels Arestrup qui est effectivement connu en France mais dont la carrière internationale n’est peut-être pas celle de Romain Duris pour ne parler que des films de Jacques Audiard. Donc, je ne sais pas ce que le public tchèque pensera du film, mais je pense qu’il sera aussi un des films majeurs de 2009. »