Des élections législatives anticipées sous surveillance des ONG
Dans un climat de crise politique, qui a connu son apogée le 7 août dernier lors du vote de non-confiance de la Chambre des députés, à l’égard du gouvernement intérimaire de Jiří Rusnok, l’organisation d’élections législatives anticipées semble plus qu’imminente. Si la plupart des partis politiques débutent déjà leur campagne électorale, la société civile, elle, paraît plutôt sceptique et ne semble pas faire suffisamment confiance à ses représentants, en raison des nombreux rebondissements récents sur la scène politique. Deux organisations non gouvernementales tchèques ont fait savoir qu’elles surveilleront le déroulement des campagnes, en faisant attention à leur transparence.
Jiří Fiala s’explique sur la difficulté de mener à bien des contrôles, lorsque la législation tchèque n’oblige pas les partis à mettre en place des comptes bancaires transparents contrairement à la campagne présidentielle où cela constitue une nécessité. Les partis politiques tchèques ne sont soumis à aucune obligation légale, en ce qui concerne leurs financements, et de fait les organisations peinent à percer ce domaine des finances, souvent obscur et même volontairement opaque.
« Evidemment, il s’agit d’une situation très difficile, mais elle l’avait déjà été pendant les élections présidentielles en début d’année, que nous avons également surveillées. C’est une situation qui découle du fait qu’il n’existe pas de loi substantielle et claire relative aux financements des partis politiques et des campagnes électorales. C’est cette absence d’obligation législative, qui fait partie des facteurs provoquant cet environnement de corruption, au sein duquel on discute constamment des graves soupçons liés à des détournements de fonds des entreprises publiques vers les partis politiques, qui peuvent, par ce biais, cofinancer leurs campagnes électorales, et éventuellement envoyer ces sommes d’argent aux intérêts particuliers de certains parrains, qui entretiennent des relations avec ces partis politiques. » Ce qui manque essentiellement dans la législation actuelle, c’est l’absence de mécanismes effectifs de sanctions. L’élection présidentielle de janvier 2013 a également soulevé des polémiques à l’égard de certains candidats, et du financement de leur campagne, comme celui de Jan Fischer. Ce-dernier avait été nommé ministre des Finances, au sein du gouvernement d’experts de Jiří Rusnok au mois de juillet, seulement deux jours après avoir remboursé les dettes issues de sa campagne présidentielle ; un remboursement controversé effectué par cinq hommes d’affaires, et qui conditionnait sa nomination au poste de ministre des Finances. Si l’ancien gouvernement de la coalition tripartite de Petr Nečas, avait élaboré un projet de loi sur les financements des partis politiques, il n’a toutefois pas réussi à l’imposer. Néanmoins Jiří Fiala s’explique sur l’insuffisance de ce projet, qui sera probablement, mis aux oubliettes.« Il est bien entendu dommage que cette loi n’aboutisse pas, mais il faut également dire, que la forme sous laquelle elle avait été envoyée à la Chambre des députés, avait été insuffisante en raison de ce qui est nécessaire à adopter et dans l’état actuel des choses. Des éléments essentiels manquaient, comme par exemple la création d’un Bureau de contrôle de financements des partis politiques, qui aurait de réelles compétences et de réels moyens pour procéder à d’éventuelles sanctions. »
Selon les dernières informations, les élections législatives devraient avoir lieu le 25 et 26 octobre prochains, des dates qui suscitent déjà des critiques, en raison de la fête nationale, prévue le lundi 28 octobre, pouvant provoquer un taux élevé d’abstention.