Jours fériés, supermarchés fermés ?

Photo: Archives de Radio Prague

Le Sénat a approuvé, mercredi, un projet de loi visant à la fermeture de la plupart des commerces lors de sept jours fériés de l’année. Face au vide juridique concernant le travail des employés du secteur commercial les jours de fête, la social-démocratie souhaite se rapprocher des normes européennes. Mais cette proposition suscite une levée de boucliers de la part des chaînes de magasins, ainsi que de la plupart des employés eux-mêmes.

Photo: Archives de Radio Prague
Actuellement, aucune loi ne régule les dates et heures d’ouverture des magasins en République tchèque. Cependant, la proposition acceptée par le Sénat conduirait à la fermeture des supermarchés lors de sept jours fériés figurant dans le calendrier tchèque (le jour de l’An, le lundi de Pâques, le 8 mai, le 28 septembre, le 28 octobre et fêtes de Noël les 25 et 26 décembre). Le texte prévoit également une limitation des heures de vente jusqu’à midi la veille de Noël, le 24 décembre, jour également férié. En cas de violation de l’interdiction, les commerçants pourraient alors être condamnés à une première amende d’un million de couronnes, la peine pécuniaire pouvant atteindre jusqu’à cinq millions de couronnes en cas d’infractions répétées.

Auteur de la proposition, le sénateur ČSSD František Bublan explique ses motivations :

František Bublan,  photo: Archives de Radio Prague
« Un jour férié doit permettre aux personnes qui travaillent de se reposer et de se consacrer à une activité qu’elles aiment. Les jours fériés n’ont pas été inscrits au calendrier pour aller faire du shopping ou passer la journée dans un supermarché. C’est un peu un défi pour nous tous, nous avons besoin de réfléchir un peu à ce sujet, sur l’origine de ces jours de fête. Ceux-ci donnent aux gens l’occasion de voyager ou de s’adonner à leurs passe-temps. »

Toutefois, cette restriction ne s’appliquerait pas aux magasins dont les surfaces de vente sont inférieures à 200 m2, aux stations-service, aux aéroports, aux gares routières et ferroviaires, aux pharmacies ainsi qu’aux établissements spécialisés dans l’hygiène et la santé.

Les détracteurs de cette proposition sont nombreux. A commencer par le parti libéral ODS qui considère cette idée comme une ingérence dans la liberté d’entreprendre, portant ainsi atteinte aux droits des fournisseurs et des clients. Président du groupe ODS au Sénat, Jaroslav Kubera, n’hésite pas à parler de « nouvelle mauvaise herbe dans le système juridique », tandis que son collègue Miloš Vystrčil dénonce, lui, le caractère très partiel de cette loi :

Photo: Archives de Radio Prague
« Si cette restriction était appliquée partout et pour tout le monde, je comprendrais la chose. Ensuite, j’adhère à l’idée selon laquelle une bonne vie de famille nécessite de ne pas aller faire de courses les jours de fête. Mais c’est très étrange que cette proposition ne concerne que certains magasins et certains jours fériés. Pour cette raison, il est fort probable que je ne soutienne pas cette loi. »

Les chaînes de magasins expriment également leur mécontentement. Pour ces dernières, cette réglementation est inutile et arbitraire puisqu’une étude récente a montré que 90% de leurs employés souhaitaient continuer à travailler les jours fériés. En effet, ces derniers sont souvent mieux payés que lors des journées ouvrables ordinaires. Toutefois, František Bublan précise que son projet de loi offrirait aux employés l’avantage d’un congé sans effet négatif sur leurs salaires:

Photo: Eva Odstrčilová,  ČRo
« Ces sept jours fériés ne sont pas excessifs si on les compare aux pratiques dans les autres pays de l’Union européenne. Nous sommes le seul Etat où l’ouverture des magasins n’est pas réglementée. La République tchèque est le seul pays où les magasins sont toujours ouverts le dimanche et pendant les fêtes de Noël. Nous voulons nous rapprocher de l’Europe civilisée en protégeant les employés des grandes surfaces. »

Cette proposition va désormais être soumise à l’examen du gouvernement puis éventuellement de la Chambre des députés. Mais il n’est pas sûr que la situation politique actuelle permette de porter une grande attention à ces journées de repos.