Coup de filet au siège du gouvernement, le Premier ministre dans la tourmente
C’est un coup de filet sans précédent auquel a précédé la police tchèque dans la nuit de mercredi à jeudi. Une opération d’envergure qui pourrait avoir d’importantes retombées politiques. En effet, l’Unité de lutte contre le crime organisé (ÚOOZ) est intervenue au siège du gouvernement et a interpellé plusieurs responsables politiques. Selon les informations disponibles jeudi en début d’après-midi, cette opération policière, qui constitue une première historique de par son envergure et le lieu de l’intervention, concernerait également le Premier ministre Petr Nečas.
Elle aussi journaliste, Sabina Slonková, bien connue du grand public pour ses enquêtes sur les affaires de ce genre, détaille les possibles raisons de cette descente policière :
« D’après les informations dont nous disposons, il s’agit de plusieurs affaires, qui seraient reliées entre elles par ceux que l’on a appelé ‘les parrains’. Il est question avant tout du lobbyiste Roman Janoušek. Un groupe disparate de personnes dont les intérêts ont pu s’entrecroiser par l’intermédiaire de certains lobbyistes se serait créé. »Toujours selon les médias tchèques, l’affaire concernerait une trentaine de personnes. La première descente ayant été opérée au siège du gouvernement, Jaroslav Spurný dévoile si d’autres hauts responsables politiques pourraient être mis en cause :
« Je crois que cela ne concernera pas tout à fait le gouvernement actuel. Si Jana Nagyová est effectivement arrêtée et inculpée pour délit, c’est le Premier ministre Petr Nečas qui aura des problèmes. Enfin, il a déjà des problèmes puisqu’une descente de police au siège du gouvernement est quand même une affaire scandaleuse, et le gouvernement devra donner des explications. Mais je ne crois pas et je n’imagine pas qu’un des membres du gouvernement actuel trempe dans cette affaire. »En début de journée, de nouvelles descentes de police ont été enregistrées dans les résidences privées Roman Janoušek et Ivo Rittig, deux hommes d’affaires à la réputation sulfureuse. À la mairie de Prague, la police a également exigé des documents remontant à la période 2009 - 2012, ainsi que des contrats signés avec Roman Janoušek ; autant de requêtes qui s’orienteraient vers l’ancien maire de Prague, Pavel Bém, lui aussi souvent critiqué pour son implication supposée dans diverses affaires de corruption.
Si, encore une fois, les seules informations disponibles pour l’heure sont celles fournies par les médias, l’unique ministre du gouvernement Nečas à s’être exprimé sur la situation a été le ministre de l’Intérieur. Jan Kubice a affirmé que les procureurs généraux ainsi que le chef de l’ÚOOZ se sont rendus chez le Premier ministre dans la nuit du mercredi à jeudi :
« Le Procureur général de la ville d’Olomouc est en train de mener l’enquête et l’ÚOOZ accomplit certains devoirs. Le Procureur s’est réservé le droit de diffuser toutes les informations. Je ne possède donc pas plus d’informations au sujet de cette affaire, et même si j’en avais, je ne pourrais pas vous les communiquer en raison de ce droit à l’information réservé au Procureur. »Évoquant l’arrestation de la collaboratrice la plus proche du Premier ministre, le président du parti LEV 21, Jiří Paroubek, a estimé que cette affaire constituait un premier pas vers une crise gouvernementale, le vote d’une motion de censure et la fin même du cabinet. En attendant les informations officielles, le parti social démocrate (ČSSD) a qualifié cette affaire comme une des plus scandaleuses de ces dix dernières années. Quant au parti Affaires publiques, il est prêt à soutenir des élections législatives anticipées, et donc appuyer, lui aussi, la dissolution de la Chambre des députés. D’après nos informations, il s’agirait de cas d’abus de pouvoirs et de soupçons de corruption, et la question serait de savoir si le crime organisé s’est introduit dans l’administration de l’État.