Prague : les souvenirs de 2002 remontent à la surface

Photo: CTK

C’est une ville sans métros et avec de nombreuses restrictions que les Pragois ont découvert ce lundi matin. Le résultat de l’état d’urgence déclenché dimanche soir, lié à la crue des rivières, a eu pour conséquence des embouteillages massifs ainsi que des troubles dans le fonctionnement de la ville. Alors que le niveau de la Vltava n’a cessé de monter depuis dimanche, de nombreuses critiques ont déjà vu le jour en rapport avec la rapidité de la construction des parois de protection au sein de la ville de Prague.

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Si le niveau d’eau de la rivière de Vltava, qui traverse la ville de Prague, devait atteindre son maximum à 7h du matin ce lundi, son niveau ne cesse actuellement d’augmenter. Jiří Friedel, directeur de l’établissement « Dolní Vltava » contrôlant l’intensité des flux de la Vltava, s’est exprimé sur la difficulté de prévoir cette situation :

« Nous avons réagi en fonction des prévisions météorologiques que nous avons reçues jeudi dernier, puis par la suite vendredi, lorsque le transport maritime a été stoppé progressivement sur toute la zone de Prague. Il n’y avait donc pas de prévision qui aurait pu témoigner de l’ampleur de ces inondations actuelles, donc il n’a pas été possible de réagir à temps. La prévision météorologique de samedi a subi de changements radicaux. »

L’état d’urgence maximal déclenché ce dimanche rappelle la situation catastrophique qu’avaient connue les Pragois pendant les inondations de 2002 et qui ont été les pires de l’histoire de la République tchèque. Cette année-là, les inondations avaient fait 17 victimes et les dégâts ont été évalués à 73,1 milliards de couronnes. Le débit de l’eau avait atteint à l’époque les 5 300m3/seconde. Jakub Langhammer, vice doyen de la faculté des Sciences de l’Université Charles, explique en quoi la situation des inondations de cette année diffère par rapport à celle de 2002 :

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« À Prague, les inondations sont actuellement au niveau d’alerte 3, des barrières anti-inondations ont commencé à être déployées, mais nous nous trouvons face à une situation qui a lieu tous les cinq ans, tandis qu’en 2002, l’intensité des inondations équivalait à une intensité pouvant avoir lieu tous les demi-siècles. Toutefois, il faut savoir que la situation ne touche toujours pas à sa fin. Une augmentation du niveau de l’eau est toujours attendue à Prague, mais les divergences entre la situation actuelle et celle de 2002 sont vraiment nombreuses. »

Il se montre plus précis en évoquant les causes distinctes des situations dramatiques de 2002 et de 2013 :

« L’extrême situation des inondations de 2002 avait consisté dans l’arrivée de deux vagues, à un intervalle d’une semaine. La première vague de pluie, déjà extrême, avait frappé toute une région, et lors de la seconde vague, la terre ne pouvait plus absorber les violentes précipitations. Cependant, les inondations actuelles possèdent des caractéristiques différentes. Si le centre des précipitations était au sud de la République en 2002, il y a actuellement deux centres ou deux régions de précipitations. L’une se trouve dans la zone traditionnelle des inondations au Sud de la Bohême, et la seconde se trouve au Nord de la Tchéquie. Ceci n’est pas vraiment un facteur négatif pour Prague, mais surtout pour le flux inférieur de l’Elbe ».

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A la différence des inondations de 2002, ce sont les affluents de la Vltava, qui posent problème. Les ruisseaux, tels que Šárecký potok, à Prague 6, et Botič, à Prague 4, se sont transformés en courants destructeurs implacables. Des dispositifs anti-inondations démontables ont été mis en place dès dimanche à de nombreux endroits au sein de la capitale. Or la rapidité de leur mise en place a déjà subi de nombreuses critiques. Une mauvaise communication entre la cellule de crise de Prague et les différents quartiers de la ville de Prague aurait provoqué une mauvaise coordination de la construction des barrières à certains endroits en ville. La Mairie de Prague aurait pris du retard dès dimanche dans la distribution et dans la construction des barrières. Quant aux différents quartiers de Prague, ils se sont retrouvés confrontés soit à un manque de matériel, soit à un manque de force humaine, et ont dû réclamer à plusieurs reprises des renforts, avant de recevoir satisfaction.

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D’après la cellule de crise de Prague, la situation dans la capitale est stabilisée. Toutefois, si le niveau de l’eau continue de grimper, une partie du quartier de Smíchov, situé au sud-ouest de la ville, devra être évacué.

Si les inondations ne marquent qu’un début de crise, des querelles s’amorcent déjà quant à la responsabilité des autorités de la ville de Prague et celle des différents arrondissements de Prague à l’égard de l’efficacité réelle des mesures censées empêcher les crues.