La République tchèque sous l’eau après des pluies diluviennes
Plus de trois jours de précipitations sans discontinuer : la République tchèque a les pieds dans l’eau, tout comme plusieurs autres pays voisins d’Europe centrale. Maisons inondées, plus de 7 000 personnes évacuées, cinq morts et plusieurs disparus : tel était, lundi en début d’après-midi, le bilan des crues qui frappent le pays, rappelant les heures les plus sombres des terribles inondations de 1997 et 2002. Tour d’horizon de la situation dans le pays et à Prague.
Depuis, cinq morts ont déjà été déplorés, parmi lesquels un retraité qui aurait disparu, noyé dans un cours d’eau en crue, dans la région de Benešov, et deux autres personnes qui ont perdu la vie dans leur chalet effondré, à Třebenice près de Prague. De jeunes rafteurs sont pour leur part toujours portés disparus dans la région de Beroun, toujours en Bohême centrale. Lenka Urianová, porte-parole de la police locale :
« Deux jeunes gens sont tombés de leur bateau. Le troisième est parvenu à rester sur le raft. Nous avons envoyé un hélicoptère, mais malheureusement, nous n’avons pas réussi à retrouver ces jeunes rafteurs. »
Glissements de terrain et maisons inondées ont conduit les autorités à faire évacuer de nombreuses localités sinistrées situées sur l’Elbe ou la Vltava, les deux principales rivières du pays gonflées par leurs affluents venus des quatre coins de la République tchèque. De nombreux habitants de Štěchovice, Kralupy nad Vltavou, Davle et Zbraslav, autant de communes situées dans les environs de Prague, ont dû quitter leurs logements, de même qu’une partie de ceux de Děčín, à la frontière septentrionale avec l’Allemagne, ou dans les environs de Terezín. Tous sont relogés provisoirement dans des salles de sport, des salles municipales ou même un presbytère.La circulation routière mais aussi ferroviaire est elle aussi extrêmement perturbée depuis que certaines rivières ont débordé. Une vingtaine de lignes de chemins de fer régionales ou à longue distance ont d’ailleurs été coupées, en raison des inondations ou de chutes d’arbres, sans que parfois il ne soit possible de proposer des autobus de remplacement, comme le regrette Radka Pistoriusová, porte-parole de la Société des chemins de fer tchèques :
« Nous nous efforçons d’assurer un service de remplacement, lorsque c’est possible. Mais pour un train rapide un dimanche soir, cela signifie un minimum de 5 ou 6 bus. Mais au vu du nombre de lignes rapides coupées, nous ne sommes pas capables d’en réquisitionner autant. Malheureusement, nous ne pouvons assurer que des bus de remplacement pour les trains régionaux, mais pas les express. »A Prague, alors que depuis dimanche ont été installées des barrières anti-inondations, la municipalité a appelé la population à éviter de se rendre dans la capitale, ce qui n’a pas empêché la formation de nombreux bouchons dans la matinée. La plupart des écoles primaires et secondaires ont été fermées afin notamment de désengorger les transports publics. En effet, si les lignes de bus ont été renforcées, une grande partie du métro pragois est totalement fermée pour toute la journée de lundi et sept lignes de tramways sont coupées.
Toujours à Prague, l’hôpital Na Františku, sur les bords de la Vltava, a été évacué et le pont Charles, symbole de la capitale tchèque, a été fermé. De nombreux foyers sont toujours sans électricité à Prague et en province. En raison de la montée des eaux, l’évacuation des animaux du zoo de Prague a commencé dimanche soir, comme l’a annoncé son directeur, Miroslav Bobek :« Au vu de la situation, nous avons décidé de lancer une première phase d’évacuation. Celle-ci concerne avant tout les animaux dans la partie basse du zoo, notamment les animaux dont le transport est compliqué et long, mais pour lesquels l’opération n’est pas trop lourde, c’est-à-dire qu’il n’y a pas besoin de les anesthésier. »
« Nous ferons tout pour protéger la vie et la santé des gens », a assuré le Premier ministre Petr Nečas dimanche soir à l’issue de la réunion extraordinaire. Un total de 12 millions d’euros a été débloqué par le gouvernement pour faire face aux intempéries, l’armée et les pompiers ont été mobilisés pour la construction de barrières anti-inondations et venir en aide aux sinistrés. Alors que la Vltava devrait culminer à Prague dans l’après-midi à 3000 m3/seconde, ces barrières sont censées pouvoir résister à un débit de 3 200 m3/seconde.
Selon les prévisions météos, la pluie devrait s’arrêter de tomber en soirée et une première amélioration est à attendre pour mardi. Mais il faudra patienter encore plusieurs jours avant que ne s’amorce la décrue et qu’il soit possible de commencer le décompte des dégâts dont on estime déjà qu’il s’élèvera à plusieurs milliards de couronnes.