L’extradition d’un homme d’affaires russe sème la pagaille au sein du gouvernement tchèque
Alors que le premier ministre tchèque est en visite de travail en Russie, une autre affaire tchéco-russe a fait les gros titres des journaux ces derniers jours. Les circonstances pour le moins dramatiques de l’extradition début mai d’un homme d’affaires russe vers son pays d’origine, alors que ce dernier avait demandé l’asile en République tchèque, a suscité l’ire du ministre des Finances et divisé la scène politique tchèque.
« Il n’y a d’ailleurs pas que le problème de la procédure. Ici, il y a eu une décision de la Cour suprême administrative qui interdit d’extrader une personne tant que la procédure de demande d’asile n’est pas terminée. En outre, il y a eu violation de l’accord international sur les réfugiés qui interdit l’extradition d’un demandeur d’asile. La personne responsable ici, c’est celui qui a autorisé l’extradition, le ministre de la Justice. »
Mis en cause, Pavel Blažek qui a signé les papiers autorisant l’extradition d’Alexeï Toroubarov, se défend avec vigueur face aux critiques de l’avocat, mais également de son collègue au gouvernement, Miroslav Kalousek lequel parle de « tragique fiasco » du ministère de la Justice. Pavel Blažek :« Une telle procédure se déroule de la façon suivante : une personne lambda se trouve en République tchèque, or elle est poursuivie par un autre Etat, comme c’est le cas de M. Toroubarov. Ensuite, la demande d’extradition est examinée par les tribunaux tchèques, dans ce cas précis, par les tribunaux régional, supérieur et même constitutionnel. Ces tribunaux qui avaient à disposition toute la documentation nécessaire ont décidé que l’extradition était recevable. Si j’avais décidé autrement, je serais allé à l’encontre de la décision de la justice tchèque. »
Une grande partie de la scène politique tchèque est tombée à bras raccourcis sur le ministre de la Justice, dans les rangs mêmes du gouvernement, comme dans ceux de l’opposition. Pourtant, les confusions au sein de cette coalition gouvernementale et l’intervention spectaculaire de Miroslav Kalousek à l’aéroport de Prague a fait grincer des dents au parti social-démocrate. Lubomír Zaorálek, vice-président de la Chambre des Députés :« Le gouvernement a été incapable de communiquer de manière interne, les ministres n’ont pas réussi à se mettre d’accord entre eux. Résultat, on se retrouve dans une situation telle que des ministres doivent intervenir à l’aéroport de manière tout à fait scandaleuse. Selon moi, dans un pays civilisé, il est impossible que quelqu’un débarque sur un aéroport et décide de ce qui se passe sur le tarmac au détriment de la personne responsable. Il s’agit d’une violation des règles internationales. Miroslav Kalousek n’a en aucune façon le droit d’intervenir dans la circulation aérienne. »En attendant, le ministre des Affaires étrangères tchèque a reconnu que l’extradition de Toroubarov avait été une erreur due à un désordre administratif. Depuis le départ de l’homme d’affaires russe il y a trois semaines, son avocat tchèque est sans nouvelles de lui et sa famille a décidé de porter plainte contre le ministre de la Justice tchèque.