sKarta : l’histoire sans fin ?
Le feuilleton interminable de la sKarta, la carte sociale remise à chaque bénéficiaire des allocations de l’Etat tchèque, pourrait bien en être enfin à sa dernière saison. L’actrice principale de cette série à rebondissements, la ministre du Travail et des Affaires sociales Ludmila Müllerová, semble enfin prête à accepter l’éventuelle possibilité de mettre fin à ce système.
Ludmila Müllerová, elle, espère encore convaincre son gouvernement de la possibilité de réaménager la sKarta et de revoir son fonctionnement pour lui conserver un intérêt social.
« J’ai fait part pendant cette réunion d’autres possibilités que le gouvernement n’a pas envisagées et j’ai dit que je suis responsable de l’aspect économique de tout le projet et je réponds de sa gestion effective dans le cadre des fonds de l’Etat. Je pense que le plus important est de faire part de nos analyses sur la possibilité de transformations de fond sur lesquelles le gouvernement pourrait être d’accord. Je pense que le gouvernement n’a pas ces informations pour le moment et je travaille à les lui fournir. »La ministre semble ainsi d’un optimiste débordant et sans faille, alors qu’elle se trouve bien isolée au sein du gouvernement sur le sujet. Si son parti, le parti conservateur TOP 09 mené par Karel Schwarzenberg, la soutient officiellement, l’ODS et LIDEM, les deux autres partis de la coalition gouvernementale, sont pour l’abandon pur et simple du projet et le disent sans ambages. Le Premier ministre ODS Petr Nečas a ainsi par deux fois déclaré publiquement sa volonté d’en finir une bonne fois pour toutes avec cette sKarta qui ne pose que des problèmes. Au sein du Parlement, la ministre n’est pas épargnée non plus par son propre camp : Lenka Kohoutová, membre ODS du groupe parlementaire pour la politique sociale n’a pas hésité à remettre en cause le travail de Ludmila Müllerová :
« Madame la ministre devait conclure un arrangement pour modifier le contrat avec la Česká Spořitelna, tout comme elle devait préparer une modification de la législation comme cela avait été décidé. Elle ne l’a tout simplement pas fait. »Même son de cloche dans l’opposition, pour une fois d’accord avec l’ODS et LIDEM. Il n’y a guère plus que Jaromír Drábek, son prédécesseur issu lui aussi de TOP 09, pour prendre la défense de Ludmila Müllerová et la sKarta. Il persiste et signe : ce système devrait rapporter 3 milliards de couronnes à l’Etat si on lui permet de fonctionner pendant douze ans. Beaucoup trop long pour le gouvernement et les parlementaires, alors que ce matin devant le ministère du Travail et des Affaires sociales des personnes handicapées manifestaient contre l’utilisation de la sKarta, perçue comme un fichage et posant des problèmes d’accessibilité à certaines installations comme les distributeurs. Il n’y a guère plus que la police pour y voir encore un intérêt, elle qui, selon le site novinky.cz, soupçonnerait le ministère de conservation illégale de données personnelles.