Miloš Zeman en Autriche : les Sudètes, le nucléaire et la guerre des nominations
Le président de la République tchèque Miloš Zeman a entamé mardi 23 avril une visite de deux jours à Vienne. C’est son deuxième voyage officiel à l’étranger depuis son investiture et les sujets de conversations ne manquent pas avec l’Autriche, pays qui n’entretient pas les relations les plus détendues qui soient avec la République tchèque, et encore moins avec Miloš Zeman.
« Il n’est pas question d’ordonner [à la République tchèque] de trouver une autre source d’énergie, mais d’avoir une considération maximale pour nos craintes et la sécurité. »
Reconnaissant le droit de chaque pays, République tchèque y compris, de choisir sa politique énergétique, Heinz Fischer n’en a pas moins martelé que l’Autriche fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer à ses citoyens une sécurité semblable à celle que ressentent ceux des autres pays européens. Les Autrichiens ayant plusieurs fois fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis de la centrale tchèque de Temelín à coup de manifestations et de blocage d’autoroutes, la République tchèque est implicitement appelée à mettre la main à la pâte pour rassurer ses voisins.Un autre sujet de discorde a été soulevé, sujet très particulièrement attaché au président tchèque, puisqu’il s’agissait de revenir sur ses propos lors du deuxième tour de la campagne présidentielle en janvier dernier. A cette occasion Miloš Zeman avait pris de l’avance sur son adversaire Karel Schwarzenberg en l’attaquant sur sa position concernant les décrets Beneš et l’expulsion des Allemands et Autrichiens des Sudètes. Miloš Zeman avait refusé de reconnaître la violence et une part d’immoralité dans ces évènements et mis en doute le patriotisme d’un Karel Schwarzenberg un peu trop autrichien à son goût, ce qui avait bien sûr fait grincer des dents de l’autre côté de la frontière. Lors d’une interview avec l’agence de presse autrichienne APA, organisée avant sa rencontre avec son homologue autrichien, le président a notamment qualifié ces expulsions de « peine beaucoup plus légère que la mort », oubliant peut-être que la plupart de celles-ci ne se sont pas faites sans violence. Il a également souligné que l’expulsion de trois millions de germanophones des Sudètes s’est organisée avec l’accord des puissances victorieuses.
Et Miloš Zeman n’en avait visiblement pas fini avec les sujets touchants à Karel Schwarzenberg. Il est revenu avec plaisir sur la querelle qui l’oppose au ministre des Affaires étrangères concernant les nominations des ambassadeurs, déclarant que si le ministre n’était pas prêt à se ranger à son avis, il demanderait au Premier ministre Petr Nečas de signer à sa place :« Le président nomme les ambassadeurs avec la contresignature du Premier ministre. Donc il y a deux possibilités : soit nous nous mettons d’accord avec le ministre des Affaires étrangères, soit je me mets d’accord avec le Premier ministre. »
Cette querelle bloque en effet toute nouvelle nomination, alors que l’ambassade de République tchèque à Vienne se trouve en ce moment même sans représentant diplomatique officiel. Cependant Karel Schwarzenberg ne s’inquiète pas, Petr Nečas ne prendrait selon lui pas le risque de faire tomber son gouvernement en acceptant un tel arrangement qui provoquerait le départ du parti TOP 09 de la coalition au pouvoir. Et le Premier ministre d’aller dans son sens dans un communiqué. Pendant ce temps Miloš Zeman continue tranquillement sa visite, il doit entre autres rencontrer ce mercredi la présidente de la chambre basse du parlement autrichien et le président de la Chambre de commerce autrichienne.