Pâques - Velikonoce
Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem milovníkům češtiny Radia Praha. Ce vingt-deuxième numéro du « Tchèque du bout de la langue » ne pouvait pas, à l'occasion de ce week-end pascal, ne pas être consacré à Pâques - Velikonoce, et à ses fêtes - Velikonoční svátky.
Commençons tout d'abord par nous pencher sur l'éthymologie du mot Pâques - Velikonoce. Fête chrétienne célébrée le premier dimanche suivant la pleine lune de l'équinoxe du printemps, soit entre le 22 mars et le 25 avril, Pâques commémore le miracle de la résurrection - zmrtvýchvstání, du Christ dans la nuit - noc, suivant sa crucifixion - ukřižování. Et c'est de cette nuit - noc, de cette grande nuit - Velká noc, que provient l'appelation tchèque de Pâques - Velikonoce. Le mot Velikonoce est, en effet, constitué de deux parties : la première -veliko vient du mot velký, qui signifie "grand", tandis que la seconde, -noce, vient, donc, du mot noc, qui, lui, signifie "nuit".
Intéressons-nous également à la racine du substantif pas évident à prononcer en tchèque, "résurrection" - zmrtvýchvstání. Comme le mot français, qui tire son origine du verbe latin "resurgere" signifiant "se relever", la dernière partie du mot tchèque, -vstání, qui provient du verbe vstát, veut également dire "se lever". Mais traduit en français, le mot tchèque désignant la résurrection - zmrtvychvstání, signifie littéralement "des morts se lever". La toute première lettre du mot, un -z, est en fait, en tchèque, une préposition qui, dans le cas présent, veut dire "de, des", et indique le lieu, la provenance. Enfin, vous l'aurez compris, la deuxième partie du mot, -mrtvý, signifie "mort".
La Semaine Sainte, quant à elle, peut se traduire de différentes manières. On peut dire, comme en français, Svatý týden, soit Semaine Sainte, ou Pašijový týden - Semaine de la Passion, ou encore Velký týden - la Grande Semaine. A cet égard, citons Saint Jean Chrysostome, père de l'Eglise grecque du IVe siècle qui reçut son surnom, Chrysostome, soit "Bouche d'or", pour son éloquence et qui disait : "la Semaine Sainte est la grande semaine, non parce qu'elle a plus de jours que les autres, ou parce que les jours sont composés d'un plus grand nombre d'heures, mais à cause de la grandeur et de la sainteté des mystères que l'on y célèbre".
En tchèque, chaque jour de la Semaine Sainte possède sa propre appellation. Ainsi, le Lundi saint nous donne Modré pondělí, voire parfoisžluté pondělí, soit « Lundi bleu » dans le premier cas et « Lundi jaune » dans le second ; le Mardi saint - šedivé úterý, soit « Mardi gris » ; le Mercredi saint -škaredá středa, soit « l'Affreux mercredi » ; le Jeudi saint - Zelený čtvrtek, soit « Jeudi vert » ; le Vendredi saint - Velký pátek, soit « le Grand vendredi » ; le Samedi saint - Bílá sobota, soit « le Samedi blanc » ; le dimanche de Pâques - Hod boží velikonoční, soit « le Festin pascal de Dieu » ; et enfin le lundi de Pâques - červené pondělí, soit « le Lundi rouge » Toutes ces appellations, ces couleurs, sont utilisées pour bien signifier que Pâques marque le retour de l'équinoxe du printemps, la fin de l'hiver, le retour du printemps, le réveil de la nature, et aussi parce que les fêtes de Pâques sont aussi une période pendant laquelle les gens se ressourcaient, croyaient dans la force et la santé retrouvées de l'homme et des animaux domestiques.
Arrêtons-nous un peu plus longuement sur le dimanche de Pâques - Hod boží velikonoční. La première partie de l'appellation, Hod boží, est également utilisée le jour de Noël - Hod boží vanoční, et le dimanche de la Pentecôte - Hod boží svatodušní. Le mot hod, uniquement utilisé pour désigner ces fêtes chrétiennes, provient en fait, très probablement, du verbe hodovat, qui signifie « faire bonne chère, festoyer, tenir une grande table ». L'adjectif boží voulant quant à lui dire « de Dieu », c'est donc bien lui, Dieu, qui invite, convie ses enfants, à l'occasion de ces trois fêtes chrétiennes source de joie pour les croyants, à venir goûter au festin et manger le pain qui donne vie.
Terminons, donc, comme promis, avec la traduction d'un court poème - koleda, que les garçons tchèques récitent aux filles lorsqu'ils leur fouettent leur derrière avec une verge de rameaux tressés - pomlázka, le Lundi de Pâques - červené ou Velikonoční pondělí, pour recevoir d'elles des oeufs colorés. Le sens de cette coutume est que la sève des branchettes soit transmise à la fille pour la prochaine année. Et en échange de ce petit poème récité et du fouettement, les garçons reçoivent, donc, des oeufs, symbole de la fécondité et de la vie. Mais voici donc le poème, comme promis. Nous allons d'abord l'écouter dans son intégralité tchèque, avant de traduire une à une les phrases :
Hody, hody, doprovody,
dejte vejce malovaný,
nedáte-li malovaný,
dejte aspoň bílý,
však vám slepička snese jiný.
Place maintenant à la traduction : Notons quand même que la formule d'introduction Hody, hody, doprovody est plus une rime gratuite qu'autre chose et c'est pourquoi nous préférons ne pas la traduire. En revanche, les autres phrases sont très simples. Dejte vejce malovaný signifie « Donnez un oeuf coloré », nedáte-li malovaný - « si vous n'en donnez pas de coloré », dejte aspoň bílý - « donnez-en au moins un blanc », však vám slepička snese jiný - la poulette vous en pondra un autre.
Ainsi prend fin ce « Tchèque du bout de la langue » spécial Pâques - Velikonoce. Nous vous souhaitons de Joyeuses fêtes de Pâques - Veselé Velikonoce, et à bientôt - zatím ahoj !