La social-démocratie vise les législatives de 2014 et prépare une hausse d’impôts
Après sept années passées dans l’opposition, le Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) a un seul grand objectif : gagner les prochaines élections législatives de 2014, et ceci en remportant au minimum 30% des suffrages. C’est ce qu’a annoncé le président réélu du ČSSD, Bohuslav Sobotka, à l’issue du 37e Congrès du principal parti de gauche du pays, tenu ce week-end à Ostrava, en Moravie du Nord. Un congrès qui a réservé au public quelques surprises, à savoir l’élimination de l’ancien candidat présidentiel des socialistes Jiří Dienstbier de la direction du parti ou encore un discours flamboyant du potentiel ministre des Finances Jan Mládek qui a qualifié les entrepreneurs de « parasites », vivant au profit des fonctionnaires dont le taux d’imposition serait nettement plus élevé.
Nombreux sont ceux qui y voient un paradoxe, étant donné que le gouvernement actuel a été sévèrement critiqué par les sociaux-démocrates pour avoir freiné la croissance économique justement en augmentant les impôts. Ainsi, le Premier ministre Petr Nečas du parti de droite ODS craint que les mesures proposées par ses rivaux politiques menacent le développement des entreprises et favorisent le chômage. Le chef de la social-démocratie Bohuslav Sobotka, quant à lui, a expliqué la future stratégie économique de son parti en des termes peu concrets :
« Il est claire qu’en modifiant la politique fiscale, nous n’allons pas créer de nouveaux postes. Nous devons encourager les investissements dans l’économie et l’infrastructure, encourager les entreprises et aussi profiter des subventions européennes pour mener activement une politique d’emploi. »Le Parti social-démocrate a également fait savoir qu’il allait, en cas de victoire électorale, modifier les réformes introduites par la coalition gouvernementale de centre-droit dans le cadre de sa politique de rigueur, notamment les réformes sociales et celles du système de santé publique. Bohuslav Sobotka, âgé de 41 ans et qui dirige la social-démocratie depuis deux ans, dispose, semble-t-il, d’un mandat suffisamment fort, dans son parti comme chez les électeurs, pour assurer aux socialistes une victoire aux prochaines législatives. Il n’est toujours pas question pour les sociaux-démocrates de s’allier avec les communistes pour former éventuellement une prochaine coalition gouvernementale : le ČSSD privilégie, en cas de réussite, de créer un gouvernement social-démocrate minoritaire.
Unique candidat à sa succession, Bohuslav Sobotka est réélu sans difficulté. Il reste entouré des visages bien connus du ČSSD : des vice-présidents Michal Hašek, Lubomír Zaorálek et Zdeněk Škromach. Néanmoins, Sobotka a perdu le soutien d’un de ses favoris, celui du candidat à la présidentielle et sénateur Jiří Dienstbier. Considéré par beaucoup comme une étoile montante au sein du ČSSD, capable d’attirer un électorat jeune, libéral et urbain, Jiří Dienstbier a été remplacé à la direction du parti par un inconnu, Milan Chovanec, président de la région de Plzeň. Jiří Dienstbier :
« En tant que candidat à la présidence de la République, j’ai essayé de gagner la faveur des gens qui ne sont pas des électeurs typiques de la social-démocratie, qui n’ont pas toujours envie de voter pour elle. Je pense que si j’avais été élu à la direction du ČSSD, je l’aurais aidé à sensibiliser justement cette frange de la population. »L’échec de Jiří Dienstbier, qui a terminé, avec quelque 800 000 voix, à la 4e position à l’issue du 1er tour de l’élection présidentielle de janvier dernier, est perçu, en quelque sorte, comme un succès pour celui qui a finalement accédé au Château de Prague.
« En tant que citoyen Miloš Zeman, je souhaite la victoire de la social-démocratie aux prochaines élections. »
« Je vous propose mon amitié », a déclaré le président de la République Miloš Zeman devant une salle remplie et qui l’a longuement applaudi. En effet, ce 37e Congrès du ČSSD a été une occasion pour l’ex-Premier ministre social-démocrate de se réconcilier avec le parti dont il avait claqué la porte il y a six ans. Même si, comme l’ont remarqué certains commentateurs, plutôt que de l’amitié entre Zeman et les sociaux-démocrates, il s’agit d’un « partenariat mutuellement avantageux ».