Présidentielle 2013 - Jiří Dienstbier : « Pour le renouveau du système politique »

Jiří Dienstbier, photo: Filip Jandourek, ČRo

Radio Prague poursuit sa série de portraits des neuf candidats, à ce jour officiels, à la prochaine élection présidentielle en République tchèque. Organisée pour la première fois au suffrage universel direct, son premier tour aura lieu les 11 et 12 janvier 2013. Suite au tirage au sort que nous avons effectué au sein de la rédaction afin de respecter les règles d’équilibre de représentation des candidats dans les médias, c’est aujourd’hui le candidat affiché de la gauche, Jiří Dienstbier que nous vous présentons aujourd’hui.

Jiří Dienstbier,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Eliška Wagnerová, ancienne juge constitutionnelle et sénatrice, Anna Šabatová, présidente du Comité Helsinki, Petr Uhl, journaliste, Petr Drulák, politologue ou encore l’ancien Premier ministre social-démocrate Vladimír Špidla. Quand on parcourt la liste de personnalités qui soutiennent la candidature de Jiří Dienstbier à la présidence tchèque, on retrouve les noms de personnes engagées dans la vie publique et qui, souvent proposent une vision différente de la société tchèque que celle qui est donnée à voir ces dernières années. Rien d’étonnant, puisque Jiří Dienstbier, lui-même, entend incarner ce renouveau du système politique tchèque fort déconsidéré, comme le prétendent d’ailleurs d’autres candidats, mais à la différence près qu’il le fait affilié à un parti, le parti social-démocrate. On l’écoute :

« Les thèmes qui me tiennent à cœur sont le renouveau démocratique de notre système politique et de notre société qui aujourd’hui est en crise, les gens ne font plus confiance dans notre système. Il faut davantage impliquer les gens dans le système décisionnel, par exemple avec des éléments de démocratie directe, enfin il faut reconstituer un milieu sain sans relations clientélistes et sans corruption. »

Jiří Dienstbier junior, 43 ans, est une personnalité connue de la scène politique tchèque. Fils de Jiří Dienstbier, ancien signataire de la Charte 77, puis ministre des Affaires étrangères dans la Tchécoslovaquie de l’après 1989, il est né à Washington où son père était correspondant, et possède ainsi également la nationalité américaine, et donc le droit de vote. Interrogé sur quel candidat américain il aurait choisi s’il avait voté, Jiří Dienstbier répond sans détour : Barack Obama qui, pour lui, représente le « point de vue le plus intéressant sur le monde ».

Jiří Dienstbier a grandi dans le milieu des dissidents, un stigmate sous le régime communiste d’alors qui l’empêche de faire de hautes études. La révolution de velours vient changer la donne. Leader étudiant pendant les temps qui précèdent la chute du régime communiste, il s’engage ainsi, très jeune, en politique. Depuis, il a fait une carrière politique au niveau communal, municipal, et sénatorial, en tant que membre du parti social-démocrate auquel il a adhéré en 1997.

Aujourd’hui candidat à la présidence tchèque, il s’inscrit en faux par rapport à la manière de faire de l’actuel chef de l’Etat Václav Klaus et dit vouloir redonner à la fonction les limites qui lui incombent. De même, bien que conscient des pouvoirs restreints du chef de l’Etats, Jiří Dienstbier peser de tout son poids pour redonner à la République tchèque une digne place au sein de l’Union européenne :

« Je pense que la République tchèque doit participer au processus d’intégration européenne car c’est dans l’intérêt vital de notre pays. Aujourd’hui, dans ce monde globalisé, nous ne pouvons pas faire valoir nos intérêts, exister, défendre notre modèle de vie sans coopérer avec d’autres pays européens qui ont la même évolution, les mêmes valeurs et la même tradition humaniste. Nous avons besoin de l’intégration européenne parce que la République tchèque est si petite qu’elle ne peut être un partenaire pour personne. Si nous ne participons pas à cette intégration, nous risquons de rester isolés. Ce serait dommageable car si nous ne participons pas à la formulation des règlementations, et que nous nous retrouvons dans la situation de devoir seulement les appliquer, tout sera fait sans nous. C’est dans notre intérêt d’être assis à la table des négociations avec les autres, de débattre de la forme que nous voulons pour l’Union européenne et de ne pas passivement accepter ce qui a été décidé sans nous. »

Les derniers sondages placent Jiří Dienstbier en troisième position des intentions de vote derrière Jan Fischer et Miloš Zeman. Mais depuis septembre 2010, Jiří Dienstbier peut se targuer d’être l’homme politique le plus apprécié des Tchèques, avec 58% des faveurs.