JO - Bilan tchèque provisoire : un peu d’or pour « beaucoup » d’argent
Entrés dans leur seconde semaine, les Jeux olympiques continuent de battre leur plein à Londres. Longtemps restés très discrets, les sportifs tchèques sont néanmoins parvenus à décrocher plusieurs médailles en fin de semaine dernière pour un bilan à mi-Jeux globalement satisfaisant et, malgré quelques déceptions inévitables, relativement conforme aux attentes. Retour sur la première semaine écoulée et présentation des cinq premiers médaillés tchèques, parmi lesquels en premier lieu la rameuse Miroslava Knapková, nouvelle championne olympique de skiff.
Grande favorite et en tête dès le départ, Miroslava Knapková possédait 7 secondes d’avance aux trois quarts du parcours. Mais à l’arrivée et au bout des deux kilomètres, ce n’est plus « que » de 3 secondes que la championne du monde en titre devançait la Danoise Fie Ubdy Erichsen, suivie de l’Australienne Kim Crow. Partie très vite, la rameuse tchèque concédait avoir « ramé » dans la seconde moitié de la régate pour rester devant ses adversaires :
« Je n’ai pas trop fait attention à la première moitié de la course, j’ai couru comme bon me semblait sans me poser de questions. Ce n’est qu’à mi-parcours que je me suis rendu compte que j’avais beaucoup d’avance. Je me suis dit qu’il fallait tenir et conserver le même rythme, car je savais que les autres filles allaient encore produire leur effort et revenir sur moi. Je suis contente d’avoir résisté jusqu’au bout, même si tout le monde a bien vu que je commençais à manquer de forces à l’approche de la ligne. Maintenant, je crois qu’il va me falloir un petit moment avant que je réalise ce qui m’arrive. » Ce titre olympique, le premier de sa carrière, fait suite à la déception de Pékin, où Miroslava Knapková, déjà candidate au podium, avait dû se contenter de la cinquième place. Mais aussi douloureuse a-t-elle été, l’expérience chinoise n’a pas été inutile : car si en 2008 Miroslava Knapková avait aussi mené l’essentiel de la finale olympique avant finalement d’être dépassée, cette fois, rien de cela ne s’est reproduit :« J’ai entendu mon entraîneur me crier quelque chose après le premier kilomètre. J’ai alors pensé qu’il se souvenait lui aussi de la finale de Pékin, où j’avais manqué de forces sur la fin. Je l’ai donc écouté et je me suis un peu relâchée, ou du moins je me suis efforcée de réduire un peu la cadence par rapport à la première moitié de la course, pour tenir le coup jusqu’à l’arrivée. »
Aviron : Knapková en or, Synek en argent aussi en skiff
Cette victoire est aussi le fruit du lourd travail mené dans l’ombre par l’une des sportives tchèques les plus régulières au plus haut niveau ces dernières années. Le succès de Miroslava Knapková aurait aussi pu être celui d’un autre rameur tchèque à Londres, un jour plus tôt. Mais comme à Pékin il y a quatre ans, Ondřej Synek a coupé la ligne d’arrivée de la finale du skiff masculin en deuxième position. Déçu puisqu’il avait lui aussi l’or pour objectif comme sa collègue et amie Knapková, le Tchèque reconnaissait néanmoins la supériorité du nouveau champion olympique et de son grand rival sur les plans d’eau ces dernières saisons, le Néo-Zélandais Mahé Drysdale :« Je ne serai jamais content de ne pas être premier. Mais je suis content d’avoir arraché cette médaille d’argent, car Drysdale était vraiment supérieur à tout le monde aujourd’hui. Ce n’était pas une lutte serrée de quelques dixièmes de seconde ou de quelques dizaines de centimètres. Il gagne avec une seconde et demie d’avance sur moi et il y avait un bateau de différence entre nous. C’est une victoire nette et méritée. Drysdale était meilleur que moi et je dois le reconnaître. »
Comme Miroslava Knapková dans la finale féminine, Ondřej Synek avait opté pour une tactique reposant sur un départ rapide. En tête après quelques centaines de mètres, le Tchèque n’a toutefois pas pu résister au retour du Néo-Zélandais, comme il le regrettait :« Mon idée était de distancer Drysdale pour faire la course en tête et le faire douter. Mais il m’a rattrapé au kilomètre et nous sommes ensuite longtemps restés côte à côte. A 600 mètres environ de l’arrivée, Drysdale en a remis une couche, moi aussi, mais j’ai souffert sur les 500 derniers mètres, car je n’avais plus assez de forces. J’ai encore essayé sur la fin de revenir, mais Drysdale a maintenu sa cadence, et même s’il n’a plus augmenté son avance, je n’ai moi jamais été en mesure de réduire l’écart entre nous. »
A 29 ans et en attendant les prochains Jeux de Rio de Janeiro, Ondřej Synek va donc vivre pendant quatre années supplémentaires avec le titre honorifique de vice-champion olympique.
Canoë-kayak (K1 - Slalom) : Hradilek, premier médaillé tchèque
Une médaille d’argent que Synek n’est pas le seul à avoir décrochée, puisque le kayakiste Vavřinec Hradilek et la paire Andrea Hlaváčková et Lucie Hradecká en tennis sont également montés sur la deuxième marche du podium dans leur discipline respective. Mais à la différence d’Ondřej Synek, pour qui la deuxième place est une relative déception, ce classement constitue une vraie satisfaction pour ses compatriotes. Mercredi, c’est donc d’abord Vavřinec Hradilek qui a offert la première médaille de ces Jeux à la République tchèque en terminant deuxième de la finale du slalom en kayak monoplace. Longtemps détenteur du meilleur temps sans avoir concédé la moindre pénalité, le Tchèque a finalement été devancé de 1’’35 par l’Italien Daniele Molmenti. Pas de quoi pour autant décevoir Vavřinec Hradilek :« Gagner, c’est toujours autre chose que de terminer deuxième. Mais aux Jeux, la différence entre les deux ne me semble pas aussi importante. Quel que soit son métal, une médaille olympique a toujours beaucoup de valeur. Je félicite Molmenti pour sa victoire. Je ne l’envie pas, mes adversaires sont aussi des amis. Moi, je peux seulement regretter certains passages du slalom. Je sais où j’ai perdu un peu de temps, et c’est ce qui explique la seconde et les quelques dixièmes qui me séparent du titre olympique. Mais c’est comme ça : Molmenti a été plus rapide que moi et il mérite sa victoire. »Tennis – Double dames : les sœurs Williams trop fortes, Hlaváčková et Hradecká se contentent de l’argent
Après Vavřinec Hradilek en canoë-kayak et Ondřej Synek en aviron, la troisième médaille d’argent tchèque est revenue à Andrea Hlaváčková et Lucie Hradecká en tennis. Comme à Wimbledon il y a un mois, la paire tchèque a été dominée en finale du tournoi olympique du double dames par Serena et Venus Williams en deux sets (4-6, 4-6). Les sœurs américaines ont ainsi été sacrées en double pour la troisième fois de leur carrière ; trois médailles d’or auxquelles s’ajoute également un titre en simple pour chacune d’entre elles. Et à l’issue du match, bien qu’un poil désabusée, Andrea Hlaváčková reconnaissait aisément la supériorité des sœurs Williams :« Bien sûr nous regrettons de ne pas avoir la médaille d’or autour du cou. C’est dommage, mais contre les sœurs Williams, que voulez-vous faire ? C’est notre cinquième défaite en autant de matchs contre elles… Nous n’avons pas encore trouvé la baguette magique pour les battre, et nous ne sommes pas les seules. C’est pour ça que nous ne pouvons pas avoir trop de regrets. Même si elles sont imbattables, nous avons bien profité de cette finale et avons fait notre maximum. »Malgré cette finale perdue, Andrea Hlaváčková et Lucie Hradecká ont remporté sur le gazon londonien la première médaille tchèque en tennis depuis celle déjà d’argent d’Helena Suková et de Jana Novotná à Atlanta en 1996, là aussi dans le double dames. Cette performance fait également quelque peu oublier les éliminations prématurées de Tomáš Berdych et de Petra Kvitová en simples, respectivement dès le premier tour et les quarts de finale.