Le nouveau ministre de la Justice, l’homme qui a changé d’avis
Encore en novembre 2010 le premier ministre et chef du Parti civique démocrate ODS Petr Nečas disait avoir perdu confiance en Pavel Blažek. Ce mardi, c’est pourtant sur recommandation du premier ministre que le vice-président de l’ODS Pavel Blažek a succédé à Jiří Pospíšil au poste de ministre de la Justice. La presse spécule sur les causes de ce changement d’attitude de Petr Nečas et s’interroge sur le fait de savoir si le nouveau ministre poursuivra la réforme des organes de la justice entamée par son prédécesseur.
Le ministre se penchera également sur le projet de loi de la réforme du ministère public que Jiří Pospíšil a déjà soumis au gouvernement. Il ne cache pas dès aujourd’hui ses objections vis-à-vis de ce projet préparé par les représentants du ministère public et qui élargit dans une certaine mesure leurs pouvoirs décisionnels. Selon Pavel Blažek, ces pouvoirs doivent être soumis à un contrôle :
« Si en créant cette institution nous fermons complètement ce système, il peut arriver qu’un nouveau Reinhard Heydrich, excusez-moi cette comparaison extrême, devienne son chef. Il peut alors nommer n’importe qui à la présidence du ministère public supérieur et ce sera légal. Mais la démocratie est, entre autres, un système qui doit empêcher les personnes non-démocrates d’agir légalement. »Cette opinion est cependant loin d’être partagée par tous les juristes tchèques. Parmi ceux qui insistent sur la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire et protestent contre le contrôle d’Etat sur les activités du Ministère public il y a l’avocate Hana Marvanová de l’initiative « L’opinion publique contre la corruption » :
« Un éventuel contrôle doit être réservé aux cours administratives. Le contrôle par le pouvoir exécutif est inadmissible. Au contraire, les liens entre le pouvoir exécutif et le ministère public doivent être affaiblis. Récemment encore des affaires de corruption sensibles ont été influencées par des hommes politiques et par des gens liés au pouvoir exécutif et cela a bloqué les procédures concernant ces grandes affaires de corruption économique. »
La raison officielle du limogeage de l’ex-ministre de la justice Jiří Pospíšil a été son incapacité à réduire le budget de son secteur. Son successeur Pavel Blažek se propose d’épargner les moyens de l’Etat et d’améliorer la situation du service pénitentiaire :« Le gouvernement est présidé par Petr Nečas qui exige, et je crois qu’il a raison, qu’on fasse des économies partout où c’est possible. Aujourd’hui encore je dois m’entretenir avec mes adjoints sur les possibilités d’épargner des moyens parce que la situation du service pénitentiaire est vraiment compliquée. Nous pouvons nous entretenir dès maintenant de la définition de certaines normes, mais je ne peux pas vous donner une recette comment épargner ces moyens. Ce n’est pas à l’ordre du jour. »
Le serveur Lidovky.cz rappelle dans ce contexte qu’en 2010 Pavel Blažek critiquait alors la politique de responsabilité budgétaire du gouvernement et soulignait que la politique gouvernementale ne devait pas reposer uniquement sur le budget.