Les partis de la coalition gouvernementale à la recherche d’un nouveau mode de coexistence
La crise gouvernementale tchèque semble s’atténuer. Après les situations conflictuelles de ces derniers jours, les trois partis de la coalition gouvernementale se sont mis, jeudi, à la table des négociations et ont tempéré leur discours politique. Il est maintenant assez probable que la chute du gouvernement et le spectre des élections anticipées soient conjurés, au moins jusqu’à la prochaine crise.
« Le premier document concerne la révision de la déclaration-programme du gouvernement, et le deuxième sera le résultat des négociations des ministres des secteurs économiques sur l’approbation définitive des budgets pour les années 2013 et 2014. Si nous ne parvenons pas à un accord dans ces deux dossiers, il sera inutile de prolonger l’existence de ce gouvernement. »
Le chef d’Affaires publiques Radek John se félicite de ce que son parti ait réussi à imposer la majorité de ses revendications économiques. Il admet cependant que la suite des négociations risque encore d’être difficile. Le politologue de la Faculté des lettres de l’Université Charles de Prague, Milan Znoj, attire l’attention sur le caractère spectaculaire mais factice de cette tempête au sein de la coalition gouvernementale :« Je pense qu’aucun parti de la coalition ne voulait vraiment des élections anticipées. Ce qui était important ce n’était que la façon dont ce conflit serait présenté au public. Je crois qu’à l’issue de ce conflit le premier ministre Petr Nečas, le ministre des Finances Miroslav Kalousek et le parti TOP 09 raffermiront leur position à cause de leur pondération et de la rigueur de leur réaction, et le parti Affaires publiques n’y gagnera rien parce que tout le monde se dira que le seul objectif de ce parti était de se maintenir au gouvernement. »
Affaires publiques exige le remaniement du cabinet et la suppression de plusieurs ministères et il semble que la coalition pourrait se mettre d’accord sur ce point. La presse spécule d’ores et déjà sur les candidats à la suppression et cite dans ce contexte le plus souvent les ministères de l’Aménagement du territoire, de la Culture et de l’Environnement. La réalisation de cette cure d’amaigrissement serait confiée à Karolína Peake, ministre étiquetée Affaires publiques. Le projet suscite cependant aussi des critiques. Le politologue Milan Znoj estime que l’administration de l’Etat tchèque a besoin d’une réforme d’un autre genre :« L’Etat doit assurer le service public. Et s’il veut l’assurer, il a besoin d’une administration fonctionnelle. Et le problème de cette société, de cet Etat et de cette politique, c’est que l’Etat devient non fonctionnel et l’administration fonctionne mal et se désagrège. Je préférerais donc le concept de consolidation, l’amélioration de l’efficacité de l’administration d’Etat, et non pas la suppression de ministères parce que c’est alléchant, certes, mais le résultat risque d’être pire que la situation précédente. »
Selon l’agence Factum Invenio qui a publié les résultats de son dernier sondage, si des élections avaient lieu maintenant, Affaires publiques n’obtiendrait que 1,4 % des suffrages et serait balayé de l’échiquier politique. Il est donc dans son intérêt vital de trouver un consensus avec les deux autres membres de la coalition.