Ecoutes téléphoniques, corruption politique, fuites du Renseignement tchèque: l'affaire Bém-Janoušek prend de l'ampleur
L’affaire Bém-Janoušek continue d’alimenter les commentaires dans la presse. Depuis plusieurs jours, les quotidiens du pays font leur Une sur les suites des révélations dans le journal Mladá fronta Dnes, des écoutes téléphoniques entre, d’une part, le député et ancien maire de Prague et, d’autre part, l’entrepreneur Roman Janoušek. A la suite de la suspension de Pavel Bém du parti, ce mardi, les responsables de l’ODS demandent au député de démissionner de son mandat d’élu. Alors que le président de la république Václav Klaus, l’un des proches soutiens de l’ancien maire de Prague s’est prononcé lundi sur l’affaire, la commission pour les affaires de sécurité s’interroge ce mardi, sur l’éventualité de fuites dans les services du Renseignement du pays.
« A la mairie de Prague, nous ne nous sommes pas concentrés seulement sur l’affaire Pavel Bém, mais plus généralement sur la question de savoir si le système qui a été révélé au public par la publication des écoutes téléphoniques est encore en usage actuellement. Nous nous sommes longtemps consacrés au problème de l’influence de plusieurs lobbyistes proches de Pavel Bém à la mairie. Nous considérons qu’il a été possible d’assainir la mairie de Prague et de changer la coalition. »
Outre l’exposition au grand jour de la corruption au sein de la direction de la mairie de Prague, l’affaire des entretiens entre Pavel Bém et Roman Janoušek devrait également éclairer le système des écoutes des hommes politiques par les services du Renseignement. Les possibles fuites de données confidentielles divulguées dans les médias sont l’autre volet de l’affaire Bém-Janoušek. La commission de la Chambre des députés ‘pour le contrôle des services du Renseignement’ doit entendre ce mardi Jiří Lang, le directeur du BIS, les services tchèques du Renseignement. František Bublan est député du parti d’opposition des sociaux démocrates ČSSD et membre de la commission pour le contrôle du BIS :
« Selon les statuts et la loi sur le contrôle du BIS, le directeur doit fournir les informations nécessaires sur l’actualité de la situation qui est intervenue dans la vie publique et sur laquelle pèse de sérieux soupçons, notamment sur le fait que les services auraient manqué à leurs devoirs ou commis une faute ; par exemple des fuites d’informations. Nous demandons à être éclaircis sur la situation et le directeur des services du Renseignement doit nous répondre ».
De son côté, le président Václav Klaus, principal soutien politique de Pavel Bém, a rappelé, « ne pas souhaiter savoir si le contenu des entretiens était vrai ou faux ». Il s’est contenté de signaler que les écoutes nuisaient à la démocratie et s’interroge sur la manière dont les données personnelles sont rendues publiques :
« Je ne comprends pas qu’il soit possible que chez nous des données personnelles puissent être échangées durant plusieurs années entre les services du Renseignement, les hommes politiques et les médias. »L’autre protagoniste de l’affaire des écoutes, le lobbyiste Roman Janoušek est actuellement sous le coup d’une accusation en justice pour avoir renversé vendredi dernier en état d’ébriété au volant de sa voiture une femme dans un quartier de Prague. L’homme d’affaires n’avait pas jugé bon de porter secours à la femme accidentée et avait préféré prendre la fuite.