« E-love » ou chercher l’amour sur le web à cinquante ans
La réalisatrice Anne Villacèque sera l’invitée, cette semaine, de Culture sans frontières. Elle parlera notamment de son nouveau téléfilm « E-love » qu’elle a tourné pour la chaîne ARTE et qu’elle est venue présenter, en novembre dernier, à Prague, dans le cadre du 14e Festival du Film français. « E-love » est l’histoire de Paule Zachman, professeur de philosophie quinquagénaire, incarnée par la sublime Anne Consigny, qui, suite à l’échec de son mariage, décide de s’inscrire sur un site de rencontre... Anne Villacèque nous raconte la genèse de son film.
« Oui, c’est ça ! C’est un voyage à la découverte des hommes et de la vie. Je suis partie sur cette histoire sans rien connaître des sites Internet. Pour moi, c’était une fiction totale, une découverte aussi. Je me suis beaucoup amusée, parce que j’entendais des amies me parler de leurs rencontres sur Meetic et cela me paraissait extraordinaire ! Je trouvais d’abord qu’il fallait un courage incroyable pour rencontrer des hommes qu’elles ne connaissaient pas. Parfois, il y a beaucoup de préalables sur Internet, mais parfois c’est très rapide. Finalement, je raconte l’histoire d’une femme qui se découvre elle-même. Elle croit chercher un compagnon, mais en fin de compte, c’est elle qu’elle découvre. Cela m’a paru beau. »
Que découvre-t-elle alors ?« Une femme nouvelle, plus libre. Tous les coups qu’elle se prend ne sont pas pour rien. Elle découvre par-là jusqu’où elle peut aller, qu’est-ce qu’elle cherche vraiment. A la fin, elle a plus de force et de flamme. C’est une femme différente. »
Peut-on dire alors que vous vous êtes inspirées des histoires vécues par vos amies ?
« Non, l’histoire est tirée d’une sorte de journal intime, autobiographique d’une femme qui a été mon professeur de philosophie à 25 ans, quand j’était étudiante. C’est un journal très noir, sombre, mais en même temps riche et intéressant. Il m’a fait réfléchir pourquoi une femme de cette intelligence, de ce milieu, pouvait tout d’un coup plonger dans l’ivresse des rencontres, l’ivresse des possibles. Je me suis projetée dans cette histoire. J’ai essayé de m’imaginer dans chacune des rencontres, pour voir comment j’allais pouvoir réagir. Anne Consigny m’a beaucoup aidée, car nous avons une sorte de proximité... Nous nous sommes bien comprises sur le personnage. »
Anne Consigny, c’était un choix évident pour vous ?« C’était un choix préalable. J’ai choisi l’actrice avant d’écrire le scénario. C’est difficile d’écrire le scénario, de mettre tout dedans et à la fin se trouver aux mains d’une actrice qui ne veut pas faire exactement ce qu’on a voulu. Je me suis dit : ‘Je préfère rencontrer l’actrice, lui raconter l’histoire et si elle me fait confiance, je vais écrire pour elle.’ Comme Anne était très partante, j’ai tout le temps pensé à elle, à sa petite silhouette fragile, à son côté frémissant... Dans chacune des scènes, son physique et sa grâce m’ont beaucoup inspirée. »