« On ne peut pas lui reprocher la façon dont a été faite la révolution de velours »

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Michal Uhl est le fils de Petr Uhl, compagnon de route de Václav Havel pendant la normalisation et la révolution de velours. Aujourd'hui âgé d'une trentaine d'années, Michal Uhl a évoqué au micro de Radio Prague l'image de Václav Havel parmi les gens de sa génération et l'avenir du leitmotiv de Václav Havel : « la vérité et l'amour doivent l'emporter sur le mensonge et la haine ».

Michal Uhl
Michal Uhl, on parle beaucoup de l’héritage de Václav Havel et notamment de la suite. Vous faites partie de cette génération de trentenaires qui a connu, petit, les transformations et la transition vers la démocratie. De ce que vous pouvez entendre autour de vous, quelques jours après son décès, le respect de ces trentenaires envers Václav Havel est-il unanime ?

« Maintenant c’est une célébration de sa vie, on réfléchit beaucoup sur l’histoire de notre république, sur ce qu’il s’est passé pendant la révolution de velours. On revient à cette période. Le rôle de Václav Havel était très fort pendant toute la nouvelle période de l’historie tchécoslovaque et tchèque, cela est sûr. Sa mort est une occasion pour réfléchir sur le rôle de Václav Havel, sur ce qu’il s’est passé avec la société dans les années 1970-1980. La façon dont a été faite la révolution de velours est aussi la façon dont Václav Havel a été homme : digne, gentil. Il n’y avait pas de sang, ce n’était pas une véritable révolution, mais plutôt une transition tranquille. »

Cela lui a été reproché par certaines critiques, cette transition trop douce et on débat encore aujourd’hui de l’interdiction du Parti communiste. On reproche beaucoup à Václav Havel de ne pas avoir interdit ce parti après la révolution de velours.

« On peut reprocher beaucoup de choses à Václav Havel. Mais à mon avis, on ne peut pas lui reprocher la façon dont a été faite la révolution de velours. Je suis persuadé que c’était la meilleure possibilité pour entrer dans cette période de démocratie et de liberté. Oui, aujourd’hui certaines personnes discutent de l’interdiction du Parti communiste et je suis persuadé que c’est une discussion non démocratique. Le symbole de la révolution de velours était de battre le Parti communiste dans les élections d’une façon démocratique. Si aujourd’hui le Parti communiste a 10 ou 15% dans les sondages mais aussi lors des élections nationales, c’est plutôt de la faute de la représentation politique de ces temps-ci que de la faute de Václav Havel et de la révolution de velours de 1989. Je suis sûr que la révolution de velours a été faite d’une manière vraiment correcte. Ceux qui discutent aujourd’hui du Parti communiste sont ceux qui n’ont pas compris le message de celle-ci. »

Est-ce que vous vous considérez comme ce qu’on appelle aujourd’hui en tchèque, et cela est parfois considéré comme péjoratif, un « pravdoláskař », c’est-à-dire un « fervent de la vérité et de l’amour » selon le slogan de Václav Havel inspiré par Masaryk « la vérité et l’amour doivent l’emporter sur le mensonge et la haine » ?

« Ce slogan est bien sûr très fort et si la société est plus cynique, alors elle commence à se moquer de ce lui. Beaucoup de gens sont devenus cyniques et disent que les temps ont changé, que c’est plus compliqué, qu’il faut faire du business… Mais à mon avis c’est bien de revenir en arrière et de toucher la base de ce qu’est l’homme, c’est-à-dire la base de notre conscience, de notre intégrité : l’amour et la vérité. C’est très idyllique mais, à mon avis, il y a un grand sens dans ces mots et pour un homme politique, il est très important de se souvenir de ce message, de ce mémento. Václav Havel a fait revivre ces mots et, bien sûr, certaines personnes n’ont pas accepté cette optique et cette vision de la société et sa façon d’être toujours optimiste. Je crois que Václav Havel a donné à la société tchèque, européenne, et au monde un petit sourire optimiste avec cette phrase importante. »