Le CEFRES fête ses 20 ans

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Le Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), ouvert à Prague en 1991, célèbre son vingtième anniversaire. A cette occasion, un colloque auquel étaient conviés de nombreux chercheurs français, tchèque et d’Europe centrale, s’est tenu ces lundi et mardi. L’occasion également de revenir avec Françoise Mayer, son actuelle directrice, sur l’évolution du rôle et de la mission du CEFRES :

Françoise Mayer
« Le CEFRES a été créé au départ comme un observatoire des transformations en Europe centrale. Il avait donc pour but de favoriser les échanges de façon à mieux comprendre ce qui se passait à l’époque dans cette partie de l’Europe qui rejoignait l’Europe et de redynamiser un certain nombre d’échanges dans différentes disciplines. Comme l’a rappelé lors de la première journée du colloque Marie-Elisabeth Ducreux, co-fondatrice du CEFRES, toutes les disciplines ne s’étaient pas totalement arrêtées sous le communisme. Certaines étaient plus sinistrées que d’autres : là où c’était le plus grave, c’était sans doute la sociologie pour ne pas parler de la politologie et de la philosophie. Mais il y avait quand même des lieux qui ont permis d’entretenir les liens, et c’est sur ces cercles que nous nous sommes appuyés pour démarrer des coopérations fructueuses. La philosophie était évidemment très endommagée par le régime totalitaire, mais les différentes formes de l’association Jan Hus (groupe d'enseignants français qui souhaitaient venir en aide à leurs collègues tchécoslovaques pendant la période dite de « normalisation » du régime communiste, ndlr) ont permis de maintenir des liens tout à fait significatifs dans cette discipline, et la philosophie a été une des disciplines importantes pour le CEFRES dans ses années de démarrage, comme l’histoire. »

Durant ces vingt ans, comment a évolué le rôle du CEFRES ? Il y avait une grande soif de savoir et d’informations sur l’Europe centrale au début des années 1990, ce qui est beaucoup moins vrai aujourd’hui depuis que les grandes transformations politiques et économiques ont été réalisées. Il y a eu également l’intégration des pays d’Europe centrale à l’UE…

Photo illustrative: Štěpánka Budková
« Je pense que, au début, nous avons accompagné la transformation dans différentes disciplines des sciences sociales. Notre rôle a été particulièrement important dans certaines d’entre-elles, comme l’anthropologie culturelle et sociale. Je viens de parler de la philosophie… Il y a eu l’histoire, la politologie… De nombreuses opérations ont permis de recréer des liens nécessaires à la réinsertion des politologues dans les milieux internationaux. Il y a donc eu un rôle très important dans la formation des jeunes chercheurs. Ensuite le centre a évolué vers une plus forte internationalisation et vers un accueil diversifié de chercheurs. Nous sommes maintenant une unité de recherches qui dépend aussi du CNRS, ce qui nous donne une légitimité scientifique plus forte et nous apporte aussi des moyens de façon à développer des actions multilatérales sur toutes sortes de thématiques. Les missions sont donc diverses : mission de formation de chercheurs, mission de recherche, et nous essayons aussi de participer aux questions d’actualité et d’entrer dans le débat public. »

Comment voyez-vous le proche avenir du CEFRES ? N’y a-t-il pas lieu d’avoir certaines craintes dans une période de coupes budgétaires un peu partout et alors que la recherche dans les disciplines évoquées n’est pas forcément une priorité ?

« Je crois qu’une institution comme le CEFRES est encore plus utile aujourd’hui, à une époque où, en France, en République tchèque et dans l’ensemble des pays d’Europe, on doit travailler de plus en plus en réseaux et à une échelle vraiment internationale. Une institution comme le CEFRES, qui peut permettre l’interface, c’est-à-dire qui peut recevoir des chercheurs qui ne sont pas obligés de travailler avec telle ou telle institution mais qui ont la liberté de travailler avec toutes les institutions, c’est une richesse très rare. Si on comprend ce rôle que peut avoir le CEFRES, nous n’avons aucune inquiétude à avoir pour lui. »