UNESCO-Palestine: « un mauvais timing » selon la diplomatie tchèque

Photo: UNESCO/Dou Matar

La Palestine est devenue lundi en début d’après-midi membre à part entière de l'UNESCO. La demande d'adhésion de l'Autorité palestienne, qui jouissait jusqu'à présent d'un statut d'observateur auprès de l'agence des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, a été validée par un vote au siège de l'organisation, à Paris. 107 pays ont voté pour, 52 se sont abstenus. La République tchèque fait partie, avec notamment les Etats-Unis, l'Allemagne et le Canada, des 14 Etats qui ont voté contre cette adhésion. Pavel Fischer, le directeur politique du ministère tchèque des Affaires étrangères, a répondu aux questions de Radio Prague.

Pour quelles raisons la République tchèque a-t-elle voté contre cette adhésion de la Palestine à l’UNESCO ?

« Pour nous, de nombreux paramètres sont entrés en considération. Le premier était un mauvais timing. C’est-à-dire qu’au lendemain de l’assemblée générale de l’ONU pendant laquelle le président Mahmoud Abbas a remis sa demande d’adhésion à l’ONU, qui est aujourd’hui traitée par le Conseil de sécurité, doubler cette initiative par une démarche au sein de l’UNESCO n’avait pas beaucoup de valeur ajoutée. Au contraire, ça risquait d’affaiblir l’UNESCO et tout le système de l’ONU avec, car doubler le travail du Conseil de sécurité quand il n’est pas encore terminé risque de produire une sorte de confusion. L’Unesco, et en même temps cette demande de la part de l’Autorité palestinienne, risqueraient d’être affaiblis par ces circonstances. Deuxième aspect : la clef pour la paix entre les deux parties au Proche-Orient se trouve dans la reprise des négociations directes. Ce renouvellement doit être effectué sans tarder dans les paramètres statués par le Quartet, et, ce chemin ne mène pas à des résultats si on fait une sorte de bifurcation via Paris et le siège de l’UNESCO. Au contraire, il faut vraiment entamer ces débats, aussi difficiles soient-ils. Pour ce qui est de la République tchèque, nous avons suivi avec beaucoup de soin les préparatifs pour une prise de décision commune de l’Union européenne. Nous avons partagé nos analyses, nous avons préparé notre démarche qui était de réunir tous les pays membres dans l’abstention commune. Au moment où l’abstention n’était pas possible, cela est apparu lundi matin, nous avons alors pris notre décision, mais cela était a posteriori par rapport à la dislocation d’une position commune. »

Photo: UNESCO/Dou Matar
Cette position commune semble très difficile à obtenir, l’Europe est très divisée sur le dossier israélo-palestinien. La République tchèque n’a pas été le seul pays européen à voter non, il y a également l’Allemagne et la Suède. D’autres se sont abstenus, d’autres ont voté pour comme la France, l’Espagne et la Grèce. Est-ce qu’avec cette division, qui apparaît de nouveau au grand jour lors d’un tel vote, l’Union européenne a encore un rôle à jouer dans le processus de paix ?

« Résolument oui, mais c’est un travail qui se prépare et qui n’est pas le fruit d’un coup de baguette magique. Je dois dire que ce n’est pas seulement les Etats membres, mais c’est aussi le travail des services d’action extérieure commune qui est en jeu. Je crois que tout prend du temps, et Catherine Ashton, en tant que haute représentante, a joué, trouvé un rôle qui a une vraie valeur ajoutée dans les négociations entres les parties du conflit. Malheureusement l’UNESCO n’était pas bien planifié pour réunir le consensus, parce que déjà le timing était mauvais. Une bonne partie des Etats membres souhaitait tout simplement le report voire l’annulation de ce vote. Cela n’a pas pu être obtenu par manque de temps. Je souligne le fait que la conférence de l’UNESCO s’organise tous les deux ans, et cette année elle a, je crois, quatre-vingt dix-neuf points à l’ordre du jour et devant être votés. Malheureusement l’Unesco n’était pas prêt, peut-être, à un tel débat politique, stratégique, de premier plan qu’est le processus de paix au Proche-Orient. C’est d’ailleurs le travail du Conseil de sécurité, qui avance, et qui n’est pas encore terminé. »