Chute du gouvernement d’Iveta Radičová, « une femme parmi les loups »

Iveta Radičová, photo: CTK

Mardi soir, le Parlement slovaque a rejeté le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui devait débloquer un nouveau prêt pour la Grèce endettée, le plan ayant été soutenu par 55 élus sur l’ensemble des 124 députés présents. Par ce « non » qui a confirmé un conflit au sein de la coalition gouvernementale, les députés slovaques ont également mis hors jeu le Premier ministre libéral Iveta Radičová qui avait associé ce vote crucial à un vote de confiance pour son cabinet. D’après les économistes tchèques, la Slovaquie a prononcé à haute voix une opinion qui n’est pas minoritaire au sein de l’UE. Les médias, eux, déplorent la chute du gouvernement mené par une femme « intelligente » et « honnête ».

Iveta Radičová,  photo: CTK
En décortiquant les derniers événements survenus à Bratislava, les journalistes tchèques parlent de « suicide du Premier ministre Iveta Radičová », du « Non slovaque qui ne résout rien » ou encore du « grand come back de Robert Fico », ancien Premier ministre et chef de l’opposition social-démocrate (SMER). Pour beaucoup, c’est justement ce juriste et ancien communiste qui sort vainqueur de ce vote : c’est grâce aux voix de ses députés que le mécanisme de sauvetage financier sera fort probablement adopté lors d’un second vote au Parlement slovaque. On écoute le ministre tchèque des Finances, Miroslav Kalousek :

« Personnellement, j’estime que la question du Fonds du sauvetage européen a servi de prétexte pour résoudre des problèmes de politique intérieure en Slovaquie. Je pense que le renforcement du Fonds sera approuvé par la représentation politique dans un très court délai et qu’un nouveau gouvernement sera formé, au prix d’un compromis dont bénéficiera le parti de Robert Fico. »

Le parlement slovaque,  Robert Fico  (2e de gauche),  photo: CTK
Depuis juillet 2010, Iveta Radičová du parti SDKU-DS (Union démocrate et chrétienne slovaque – Parti démocrate) aura donc été en tête d’une coalition quadripartite de centre-droit, très fragile et fortement divisée, ces dernières semaines, par la question du Fonds du sauvetage européen. Iveta Radičová, candidate à la présidence de la République en 2009 et première femme dans l’histoire du pays à diriger le gouvernement, « une femme parmi les loups », comme l’écrit Martin Ehl dans les pages du quotidien Hospodářské noviny. Selon lui, en mettant en jeu l’avenir de son gouvernement à ce moment crucial, Radičová, plus appréciée à l’étranger que dans son pays, a « manifesté sa fidélité aux valeurs morales en politique ».

Toujours dans le journal économique Hospodářské noviny, Julie Hrstková constate que « la zone euro ne s’effondrera pas après le ‘non’ slovaque ». Sur le plateau de la Télévision tchèque, l’économiste Pavel Nesef a plutôt défendu la position de la Slovaquie vis-à-vis de l’augmentation de l’aide européenne aux pays en difficultés financières, position qui n’est pas isolée :

Photo: Commission européenne
« Je me réjouis du fait qu’il existe une polarité d’opinions. Un petit pays d’Europe a osé exprimer son avis, c’est tout. On oublie qu’en Allemagne, par exemple, ce débat s’est terminé par une plainte portée auprès du tribunal constitutionnel. Il serait faux de penser que toute l’Europe a salué le renforcement du Fonds de sauvetage européen et qu’il n’y a que la Slovaquie qui crée des problèmes. »

Ce mercredi, la chancelière allemande Angela Merkel a assuré que le renforcement du fonds de secours financier de la zone euro sera bien ratifié d'ici à la fin du mois d'octobre. Cette question sera à l’ordre du jour d’un sommet européen, prévu pour le 23 octobre prochain.