L’affaire du fonctionnaire Ladislav Bátora débouche sur un faux départ

Ladislav Bátora, photo: CTK

La dernière de la série des crises qui compliquent depuis le début de son existence le travail du cabinet du premier ministre Petr Nečas semble conjurée. Le ministre de l’Education Josef Dobeš a relevé Ladislav Bátora de la fonction de directeur du personnel du ministère et lui a confié un autre poste. Cette mesure exigée par une partie de la coalition gouvernementale débloque le travail du cabinet.

Ladislav Bátora,  photo: CTK
Le gouvernement tchèque actuel est composé des ministres du Parti civique démocrate ODS, du parti TOP 09 et du parti Affaires publiques. Ces trois formations composent un cabinet dont la stabilité est souvent ébranlée par des crises politiques. Le dernier conflit ayant opposé les partis TOP 09 et Affaires publique a été provoqué par l’affaire de Ladislav Bátora, fonctionnaire controversé du ministère de l’Education qui jouit cependant de la protection du ministre Josef Dobeš. Ancien membre du Parti national, formation d’extrême droite, Ladislav Bátora a plusieurs fois scandalisé l’opinion par des propos à connotations antisémites et racistes. En 2006 il a été sur la liste de cette formation aux élections législatives. Récemment encore, il a attiré l’attention sur lui en critiquant l’ambassadeur américain à Prague pour son soutien de la Gay Pride.

La goutte qui a fait déborder le vase à été sa critique du ministre des Affaires étrangères et président du parti TOP 09 Karel Schwarzenberg qu’il a traité de « pauvre petit vieux ». Pour protester contre ces propos outrageants les ministres du parti TOP 09 ont refusé de participer aux réunions du cabinet dont les activités ont été pratiquement bloquées. Critiqué par une partie de la coalition et l’opposition, Ladislav Bátora a été en revanche publiquement soutenu par le président Václav Klaus et son entourage. La situation devenant intenable, Karel Schwarzenberg a même laissé entendre que si Ladislav Bátora restait à son poste au ministère de l’Education, TOP 09 pourrait quitter la coalition gouvernementale.

Josef Dobeš,  photo: CTK
Face à toutes ces pressions, le ministre Josef Dobeš s’est vu finalement contraint de relever l’employé controversé de son poste et lui a choisi une autre fonction :

« M. Bátora est pour moi un fonctionnaire important et appliqué et je lui ai trouvé un poste qui est directement subordonné à moi. Je lui ai confié le poste de directeur adjoint de mon cabinet, avec comme mission les acquisitions et les appels d’offres, parce qu’à partir de 2012 nous aurons une nouvelle loi sur les commandes publiques et les achats du ministère seront centralisés. C’est donc un poste très important. »

Cette solution considérée par la presse comme très superficielle sinon complètement factice semble pourtant satisfaire le ministre Karel Schwarzenberg :

Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
« Si M. Bátora travaille dans une tout autre section, cela ne me gène pas. Tant que cela ne touche pas directement l’enseignement et l’éduction des jeunes, je ne peux pas faire d’objections et le ministre peut employer n’importe qui. (…) Le ministre a été très raisonnable, très avenant et je lui en suis reconnaissant. »

Ladislav Bátora doit quitter son poste actuel et commencer son nouveau contrat au ministère de l’Education le 1er septembre. Dès ce mercredi, les ministres de TOP 09 participeront au Conseil des ministres qui sera donc de nouveau complet. La presse met en cause la sincérité des protagonistes de cette dernière crise gouvernementale. Le journal Lidové noviny estime notamment que le changement au ministère de l’Education n’est que « cosmétique » et que l’affaire, qui se présentait comme une confrontation d’idées, s’est terminée comme une farce. Il est de plus en plus évident que les hommes politiques ne peuvent sauver la coalition gouvernementale qu’au prix des compromis douteux.