Des nanotechnologies pour décontaminer, 20 ans après le départ de l'Armée Rouge
Cette année en République tchèque on a célébré le vingtième anniversaire du départ des derniers soldats soviétiques, en 1991. L’occupation militaire qui a suivi l’écrasement du Printemps de Prague a cependant causé sur l’environnement des dégâts qui ne sont toujours pas réparés. Sur une des anciennes zones militaires de Bohême, on décontamine toujours, avec l’aide de technologies de plus en plus modernes.
Kuřivody, village situé au cœur de Ralsko, une ancienne zone militaire de 250km². Trois armées se sont succédé ici, l’armée tchécoslovaque, la Wehrmacht allemande et puis l’Armée Rouge, de 1968 à 1991.
Petr Kvapil travaille pour une société chargée par le ministère tchèque de l’Environnement de décontaminer les sols :
« Avant dans ce bâtiment, il y avait la laverie. Les armées utilisaient des solvants chlorés pour le dégraissage : perchloréthylène, trichloréthylène… Les produits usés étaient ensuite rejetés ici, partout. C’est pour ça que la pollution était importante. Ce site est primordial pour l’eau potable : on se trouve sur un des plus grands réservoirs d’eau souterraine en Europe. Sa surface va de Liberec presque jusqu’à Prague. »
La décontamination, vingt ans après le départ de l’Armée soviétique, est effectuée à l’aide de technologies modernes et notamment de nanotechnologies.« Le fer nanoscopique est exceptionnel pour certains sites : c’est un produit très propre alors on n’a pas peur de s’en servir là où il y a des sources d’eau potable. Il permet de dégrader le polluant directement dans le sol. On injecte de l’eau sans avoir à chercher l’eau contaminée parce que le produit chimique réactif le retrouve lui-même. Il fait une partie de notre travail… »
Mais la décontamination coûte cher - une soixantaine de millions d'euros depuis 20 ans. Tellement cher que le ministère de l’Environnement, faute de budget, vient de prolonger les programmes de nettoyage des dégâts jusqu’en 2016.
« On est très contents que les Russes ne soient plus là, c’est déjà un point important. C’est vrai que le coût est important et que les Russes devraient payer, mais c’est une question politique… »
L’ancien garde forestier de la zone s’est acheté quatre anciens hangars d’avions de chasse pour y installer sa menuiserie. Il a vu les soldats de l’Armée rouge à l’œuvre dans cette région pendant plus de vingt ans :
« Les Russes ont un rapport différent à l’environnement. Je dirais qu’ils se sont comportés ici de la même manière qu’ils se comportent en Russie. Le problème est que malheureusement nous avons un petit pays et qu’ils ont fait beaucoup de dégâts. »
Le périmètre de l’aéroport militaire a été particulièrement touché par les fuites de carburant :
« Ils ne se sont pas bien occupés du système de stockage du kérosène. Les Russes en ont beaucoup et ils s’en fichent s’il y a des litres qui se déversent dans le sol, ça leur était égal. »
Maintenant les gens font de la mobylette et du patin à roulettes, sur les anciennes pistes d’atterrissage et de décollage.
Et selon Petr Kvapil, malgré les efforts et l’argent fournis, le site ne sera pas entièrement décontaminé :« On peut enlever toutes les traces, mais ce n’est plus l’objectif. Il y aura toujours des traces, mais c’est la nature qui fera le reste du travail. Nous on est là pour empêcher la contamination de l’eau et ce genre de risques ».