« Tout ce qu’on néglige aujourd’hui chez nos enfants se répercutera négativement sur nous plus tard »
Comment repérer un talent particulier chez un enfant et le développer ensuite ? C’est l’un des sujets traités dans le cadre du Colloque mondial sur les enfants surdoués qui se tient à Prague jusqu’à vendredi. Les enseignants, les psychologues ou les parents des enfants surdoués peuvent y discuter de leurs expériences avec des experts venus de pays au système d’éducation réputé tels que la Finlande ou la Corée du Sud.
Pour Eva Vondráková, c’est identifier un talent particulier chez un enfant qui est crucial pour son développement ultérieur. Jusqu’à 25% des enfants pourraient se distinguer dans un domaine particulier, mais souvent leur talent n’est pas révélé à temps. Eva Vondráková estime que c’est l’enseignant qui devrait se rendre compte d’un don spécial :
« Une partie des enfants surdoués est facilement reconnue par les enseignants. Ce sont ceux que chacun peut identifier : des enfants intelligents, qui réagissent rapidement et n’ont pas de problèmes de concentration. Mais il y a aussi des enfants doués, qui ont des troubles de l’apprentissage ou du comportement et leur talent est plus difficile à démasquer. Et souvent, leur talent ne sera jamais perçu par les enseignants. Le problème, c’est que les futurs enseignants ne reçoivent pas d’informations sur l’éducation des enfants surdoués lors de leur formation. »Mais il ne s’agit pas seulement de remarquer un enfant talentueux. L’art de communication avec cet enfant doit aussi être maîtrisé par les instituteurs et les parents. D’après Eva Vondráková, l’approche individuelle devrait être pratiquée non seulement vis-à-vis des enfants surdoués, mais aussi à l’égard de chaque élève. Ce qui peut poser problème dans les écoles tchèques, où l’on trouve souvent une trentaine d’élèves dans une classe. Eva Vondráková:
« Si on veut bien éduquer nos enfants, activer leur esprit ou leur apprendre des valeurs morales, il faut surtout communiquer avec eux. Cela ne veut pas dire qu’on doive uniquement leur prêcher la bonne parole : les enfants ont le droit à poser des questions. Il faut avoir le temps pour pouvoir parler avec chaque enfant de la classe, individuellement. Trop d’enfants dans une classe implique moins de temps pour une approche individuelle. Tout ce qu’on néglige aujourd’hui chez nos enfants se répercutera négativement sur nous plus tard. »
Les dispositions extraordinaires d’un enfant peuvent être masquées et difficiles à découvrir. Les enfants surdoués manifestant parfois des troubles de l’apprentissage comme la dyslexie ou la dysgraphie, on établit aujourd’hui des liens entre l’hyperactivité d’un enfant et son talent dans un domaine spécifique. Le talent ne doit pas être seulement intellectuel : les enfants peuvent manifester des aptitudes sportives, manuelles ou artistiques. Eva Vondráková pense qu’il n’y a qu’un seul pays européen qui intègre l’identification et le travail avec des enfants surdoués dans son système d’éducation, la Finlande :
« Le fondement du succès de l’éducation finlandaise, c’est le fait d’observer les enfants tout le temps pour éviter qu’ils n’aient des lacunes par rapport au reste de la classe. Dès qu’un élève est un peu perdu, ne comprend pas quelque chose, on l’aide tout de suite à rattraper. L’élève peut donc continuer avec les autres, et comme il comprend ou sait qu’il sera aidé en cas de problème, il n’a pas peur. »
La problématique du repérage des talents et d’autres thèmes tels que le rôle de parents des enfants prodiges ou l’importance des mathématiques dans le système éducatif sont discutés au colloque mondial organisé cette semaine à Prague par le Conseil mondial de l’éducation des enfants surdoués.