Markéta Lazarová, « le meilleur film » de l’histoire du cinéma tchèque en phase de restauration
En 1998, pour célébrer les 100 ans du cinéma tchèque, un parterre de critiques s’était réuni pour établir un classement des 100 meilleurs films du cinéma tchèque. Marketa Lazarová, film réalisé par František Vláčil et sorti sur les écrans en 1967, avait alors été désigné comme « meilleur film » de toute l’histoire du cinéma en Bohême et en Moravie. La pellicule a cependant un peu vieilli. Les Archives nationales du film et le ministère de la Culture ont donc conjointement décidé d’appuyer la restauration du film, en vue de lui faire vivre une nouvelle première mondiale lors du festival international du film de Karlovy Vary, qui se déroulera du 1er au 9 juillet prochain.
« C’est une œuvre suprême dans laquelle František Vláčil et son caméraman Bedřich Baťka ont su capter de façon exceptionnelle l’ambiance du XIIIe siècle, quand la Bohême se christianise peu à peu. »
Le film est tiré du roman éponyme de Vladislav Vančura, auteur tchèque important de la première moitié du XXe siècle. Avec Bohumil Hrabal et Milan Kundera, il fait partie de ces écrivains dont les œuvres ont inspiré certains des réalisateurs de la nouvelle vague tchèque, et qui ont souvent collaboré à l’adaptation de leurs textes vers le grand écran. Markéta Lazarová sort dans les salles de cinéma en 1967, dans un contexte de libéralisation des arts, qui fait de cette décennie l’une des plus fructueuses pour la culture tchéco-slovaque. A l’époque, il rassemble plus de 1,3 million de spectateurs. Depuis, le film est régulièrement programmé à la télévision et dans des rétrospectives rendant hommage à František Vláčil, décédé en 1999.Pourtant, les fans du film se plaignent depuis longtemps de la détérioration de la pellicule. Ils avaient même signé une pétition, car le film n’était, jusqu’en 2006, disponible qu’en format VHS, dans une qualité médiocre. Un premier projet de restauration du film est évoqué en avril 2009 avec la société Bontonfilm, qui finalement se révèle incapable d’en supporter le coût. C’est aujourd’hui la société Universal Production Partners (UPP) qui est chargée de cette restauration, financée à hauteur d’un million de couronnes (environ 41 000 euros) par le ministère de la Culture et les Archives nationales du film. Douze personnes travaillent à la numérisation du film afin d’améliorer la qualité de l’image et du son. Le directeur d’UPP, Vít Komrzý, présente le travail nécessaire à la restauration du film :
« Le processus de restauration comporte deux phases. La première est la phase de numérisation du film, que nous réalisons à l’aide d’un équipement scanner. Commence ensuite le nettoyage proprement dit de la pellicule, que l’on effectue avec différents logiciels. Pour certains ajustements, cela fonctionne presque instantanément, pour d’autres détériorations, on ne peut faire autrement que de retoucher à la main. »Cette seconde jeunesse devrait permettre à ce film mythique de connaître un nouveau rayonnement, d’abord à l’occasion d’une première lors du 46e festival du film international de Karlovy Vary, qui aura lieu au début du mois de juillet, puis en éditions DVD et Blue-ray.