Entre 40 000 et 50 000 personnes dans les rues de Prague contre le gouvernement et ses réformes antisociales

Photo: CTK

Ils ont été nombreux ce samedi après-midi, à répondre à l’appel des syndicats, et à rejoindre la manifestation pragoise pour protester contre les réformes engagées par le gouvernement tchèque, fruit d’une coalition de trois partis de droite : l’ODS, Affaires publiques (VV) et le parti TOP 09. En effet, 48 000 personnes selon les syndicats, 40 000 selon la police, ont participé à ce défilé qui s’est achevé sur la place Venceslas, où de nombreux intervenants ont pu prendre la parole, pour exprimer leur désaccord avec la politique menée par le cabinet du premier ministre Petr Nečas.

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Parti de la maison des syndicats, situé dans le quartier de Žižkov, le cortège des manifestants s’est dirigé vers la place Venceslas dans une ambiance tumultueuse, au son des vuvuzelas et des sifflets. Il faut dire que le dialogue à minima proposé par le gouvernement, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il ne prendrait pas en compte l’évènement, et ce qu’elle qu’en soit l'importance, agace particulièrement les partenaires sociaux.

Selon une déclaration adoptée par les manifestants, les mesures que souhaitent appliquer le gouvernement nuisent aux intérêts des travailleurs et des handicapés. Certains appelaient même à la démission dudit gouvernement, dont les membres sont régulièrement impliqués dans des scandales politico-financiers, depuis son élection, fin mai 2010. Un manque de crédibilité et de légitimité que notait ironiquement l’un des manifestants :

« Le gouvernement, qui se bat contre la corruption, est pourtant le seul corrupteur. »

Tereza Stöckelová
Aussi, les intervenants ne ménageaient pas leurs mots pour qualifier le cabinet de Petr Nečas. On écoute Tereza Stöckelová, la porte-parole du mouvement ProAlt, lequel lutte contre les projets à orientation libérale du gouvernement, et tente de proposer des alternatives.

« Le gouvernement tchèque actuel est particulièrement stupide, brutal et antisocial. Nous allons lutter activement pour mobiliser autour des organisations syndicales une grève générale ».

Václav Krása,  photo: CTK
La réforme du système des pensions de retraite, et celle de la fiscalité par exemple, sont particulièrement impopulaires. Concrètement, le gouvernement souhaite privatiser le système en développant des fonds de pension privés. Dans le même temps, il veut financer cette réforme en augmentant le taux de TVA, de 10% actuellement à 17,5% en 2013. Nombreuses sont les voix qui se sont élevées contre ce projet, approuvé par le gouvernement en avril dernier, et qui revient à faire payer deux fois aux Tchèques leur accès à des pensions de retraites. Aussi, selon un récent sondage, les Tchèques interrogés se déclaraient à 89%, mécontents de la situation politique de leur pays. Un ras-le-bol qu’a exprimé Václav Krása, le président du Conseil national des personnes handicapées :

« Ce gouvernement ne parle que d’‘élaguer’, ‘élaguer’, ‘élaguer’. Ce gouvernement est contre le peuple, et c’est pour ça qu’il est légitime que le peuple soit contre le gouvernement. »

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Tandis que le ministre du Travail et des Affaires sociales, Jaromír Drábek, affichait son mépris des revendications émises par les syndicats en les qualifiant d’« absurdités », d’autres soutiens du gouvernement affirmaient qu’il fallait prendre le risque d’être en désaccord avec l’opposition. Le succès de la manifestation de ce samedi a pourtant montré qu’il existait une volonté de lutter contre la politique de rigueur budgétaire imposée par le gouvernement, qui, selon les syndicats, ne profite qu’aux plus riches. Le mouvement n’en est donc qu’à sa genèse, comme le notait un libraire qui a participé à la manifestation, et qui se félicitait de la façon dont elle s’est déroulée.

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« Cela m’a plu et je suis très content, parce que les impôts ne cessent d’augmenter. Moi, je suis libraire et ils veulent nous liquider. C’est pour ça que je suis très content qu’une telle quantité de gens se soit rassemblée et que ces gens vont encore faire tout ce qu’ils peuvent pour protester contre ces réformes idiotes. »

La balle est maintenant dans le camp des syndicats, qui devront instaurer un vrai rapport de force avec le gouvernement pour qu’il revienne sur sa position rigide.