Un repris de justice pour voter le plan de « stabilisation financière »

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Le gouvernement a pu disposer de la majorité nécessaire à la Chambre basse du Parlement afin de finalement adopter le très controversé plan de « stabilisation financière » et de survivre, dans le même temps, au vote de confiance des députés. La rébellion qui couvait au sein du principal parti de la coalition gouvernementale, le parti ODS, a en effet pris fin cette nuit. Parmi les députés qui bloquaient l’adoption de ce texte, trois ont changé d’avis et trois autres ont remis leur démission. Seul problème, l’une des personnes appelées à les remplacer, Roman Pekárek, a été condamné en mai dernier à six ans de prison pour corruption, un jugement dont il a fait appel.

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Le score médiocre des partis gouvernementaux aux élections régionales et sénatoriales, les difficultés pour faire passer des lois controversées, les affaires de corruption qui ont notamment conduit à la démission du ministre du Travail et des affaires sociales Jaromír Drábek (TOP 09) : l’actualité du gouvernement de droite de Petr Nečas n’est pas brillante au point de menacer son existence même. Et cette journée de mercredi s’annonçait difficile, avec le vote à la Chambre des députés du texte de « stabilisation financière », rejeté par un Sénat au main de l’opposition et début septembre à la Chambre basse du fait de députés « rebelles » de la majorité. Pourtant, mardi soir, des négociations de dernière minute semblaient finalement avoir changé la donne : les six députés civiques-démocrates (ODS), qui refusaient d’augmenter les impôts et qui ont mené la fronde ce week-end lors du congrès du parti, ont finalement « choisi », si tant est qu’ils aient eu le choix, de revenir sur leur position. Trois d’entre eux ont même décidé de démissioner. On écoute Petr Tluchoř, l’une de ces désormais anciennes têtes brûlées :

Petr Tluchoř  (au centre),  photo: CTK
« Lors du congrès du parti, ce week-end, nous avons essayé de promouvoir le changement, mais malheureusement les arguments rationnels sont tombés dans l’oreille d’un sourd. Cependant, nous ne voulons pas la chute du gouvernement et l’accession des communistes au pouvoir. Ce matin, à l’ouverture de la session plénière de la Chambre basse, les députés Ivan Fuksa, Marek Šnajdr et Petr Tluchoř démissioneront de leur mandat de député afin de ne pas voter l’augmentation des impôts et donc de ne pas entraîner la chute du gouvernement. »

L’épouvantail de la prise de pouvoir des communistes et plus généralement de la gauche est donc agité comme l’explication à une décision qui a été jusqu’à surprendre au sein même du parti ODS. Quelques soient les modalités de ce retournement de veste, le soulagement est palpable du côté du gouvernement qui a ainsi pu sauver sa peau et faire passer ce fameux plan de « stabilisation », qui, entre autre, abaisse l’allègement fiscal sur les impôts des retraités actifs et surtout augmente d’un point les deux taux de TVA, qui passeront donc à 15% et à 21% en janvier 2013 et ce pour deux ans. Les sociaux-démocrates et les communistes y étaient très opposés, arguant de l’injustice de cette hausse. Le parti Affaires publiques a également voté contre un « gouvernement illégitime » selon les mots de son président Radek John.

Roman Pekárek,  photo: CTK
Une autre affaire pourrait ébranler un peu plus la réputation du parti ODS : parmi les trois députés choisis pour remplacer les démissionnaires et qui ont promis de soutenir le gouvernement, l’un, Roman Pekárek, l’ancien adjoint au maire de la ville de Kolín a été condamné en mai par un tribunal à six de prison pour avoir quémander des pots-de-vin de l’ordre de 15 millions de couronnes. L’affaire est toujours en cours suite à son appel. Le député social-démocrate Lubomír Zaorálek était plus que perplexe suite à cette nouvelle péripétie :

« Ce député qui vient prêter serment est prêt à promettre qu’il défendra l’intérêt public. Mais nous avons ici un homme, qui, au contraire, et si l’on en croit la décision du tribunal dont il a fait appel, aurait privilégié son intêret personnel à l’intérêt général. Ne m’en voulez pas si j’imagine qu’il puisse vouloir soutenir le gouvernement et attendre un soutien en retour. Je suis témoin que dans ce pays, toute une série d’affaires ne progressent pas et qu’il y a beaucoup de façons de s’entraider. Accepter un tel député dans des circonstances aussi floues : cela nivelle simplement la culture politique de ce pays par le bas. »

Roman Pekárek, lui, a courageusement annoncé qu’il ne renoncerait pas à sa députation, même si un tribunal confirmait sa condamnation. Cela n’a pas empêché le projet de loi d’être approuvé peu avant 14 heures en troisième lecture par 101 voix, soit juste la majorité requise du fait du vote négatif des sénateurs, alors que 93 députés l’ont rejeté. Les communistes ont toutefois annoncé leur décision de contester ce vote à la Cour constitutionnel. La Chambre des députés devait encore plancher ce mercredi sur d’autres textes très critiqués comme la réforme des retraites ou les restitutions des biens confisqués aux Eglises du pays sous le régime communiste.