Un ministre de l’Intérieur sans parti sera nommé. Fin de la crise gouvernementale ?
Lundi soir, les difficiles négociations sur le remaniement ministériel, menées depuis plus d’une semaine par les trois partis de la coalition gouvernementale, ont enfin abouti : c’est l’ancien chef de l’Unité de lutte contre le crime organisé Jan Kubice, sans parti, qui devrait désormais occuper le poste-clé de ministre de l’Intérieur. Il s’agit-là du principal changement au sein du gouvernement, car deux ministres du parti Affaires publiques, secoué, début avril, par un scandale de corruption, ne quitteront finalement pas l’équipe politique du Premier ministre Petr Nečas.
A présent, il ne reste plus grand-chose de ce projet radical qui devait sauver la face au gouvernement : Vít Bárta sera remplacé au poste de ministre des Transports par son vice-ministre Radek Šmerda. Le parti Affaires publiques croit tout de même au retour de Vít Bárta au gouvernement. Kateřina Klasnová (VV) est vice-présidente de la Chambre des députés :
« C’est une solution provisoire qui a été choisie avant que Vít Bárta ne soit blanchi des accusations. C’était une possibilité parmi d’autres. »Le ministre de l’Education Josef Dobeš (VV), ancien employé de la société ABL, garde, quant à lui, son fauteuil ministériel : une décision que le Premier ministre a qualifié de « compromis politique », en ajoutant que Josef Dobeš devrait mener à bien le projet du baccalauréat national. Nous en arrivons au poste de ministre de l’Intérieur qui était au cœur des négociations : il sera désormais occupé par Jan Kubice qui n’appartient à aucun parti politique. Mais ceux qui attendaient voir son prédécesseur, le président d’Affaires publiques (et ancien journaliste d’investigation) Radek John, tomber de son piédestal seront déçus : le chef du gouvernement étant à présent convaincu que Radek John n’était pas impliqué dans le scandale de corruption au sein des Affaires publiques, il lui confie le poste de vice-Premier ministre chargé de lutte contre la corruption.
La nomination de Jan Kubice, 57 ans, lui aussi co-propriétaire d’une agence de sécurité, a suscité de vives réactions, notamment au sein de la social-démocratie, premier parti de l’opposition. Elle accuse Kubice d’avoir manipulé l’opinion publique lorsqu’en 2006, quelques jours avant la tenue des élections législatives, Jan Kubice avait publié un rapport sur la présence supposée du crime organisé au sein des plus hautes sphères d’Etat, un rapport qui pointait du doigt des dirigeants sociaux-démocrates au pouvoir. Pour le Premier ministre Petr Nečas, ce remaniement n’est pas définitif, d’autres changements au sein du gouvernement devraient suivre d’ici le mois de juin :« A ce moment-là, le gouvernement soumettra à la Chambre des députés les lois-clés relatives aux réformes et demandera la confiance des députés. »
Rappelons que la social-démocratie, qui qualifie l’actuel remaniement de « mauvaise plaisanterie », a déjà déposé la motion de censure contre le gouvernement Nečas : le vote devrait avoir lieu mardi prochain.