Václav Klaus bloque la solution de la crise gouvernementale proposée par le premier ministre

Václav Klaus, photo: CTK

La crise de la coalition gouvernementale tchèque se poursuit et semble pour le moment sans issue. Les solutions proposées par les uns sont aussitôt catégoriquement rejetées par les autres. Le président de la République, lui, ne facilite pas aux hommes politiques leur tâche et l’opposition constate que la seule issue honnête de cette situation serait des élections anticipées.

Radek John et Vít Bárta,  photo: CTK
Le scandale au sein du gouvernement a éclaté après les déclarations des membres du parti Affaires publiques Jaroslav Škárka et Kristýna Kočí sur les tentatives du vice-président du parti et ministre des Transports Vít Bárta d’acheter leur loyauté par d’importantes sommes d’argents. La situation d’Affaires publiques est devenue intenable après les révélations du journal Mladá fronta Dnes selon lesquelles Vít Bárta aurait utilisé l’agence de sécurité ABL pour infiltrer le parti, pour réaliser ses intérêts économiques et pour accéder aux contrats publics. Face à ces révélations scandaleuses, les deux membres de la coalition, le Parti civique démocrate ODS et le parti TOP 09, ont demandé la démission des ministres d’Affaires publiques liés avec l’agence ABL dont Vít Bárta. Ce dernier a déjà donné sa démission mais l’ODS et le TOP 09 réclament encore le départ du ministre de l’Education Josef Dobeš et surtout celui du ministre de l’Intérieur Radek John. Les négociateurs d’Affaires publiques opposent cependant une résistance farouche à une telle solution et les négociations se trouvent dans l’impasse. Le premier ministre Petr Nečas de l’ODS refuse absolument de tolérer Radek John au poste de ministre de l’Intérieur :

Petr Nečas,  photo: CTK
« Je dois dire que c’est pour nous une condition incontournable. Nous ne pouvons pas imaginer que le parti Affaires publiques puisse assumer la responsabilité de ce ministère après les révélations ayant démontré dans quelle mesure les représentants de ce parti sont liés aux structures de l’agence de sécurité privée ABL. La solution concrète de cette situation fera l’objet des prochaines négociations de la coalition gouvernementale. »

L`intransigeance des deux partis risque d’aboutir à l’effondrement de la coalition gouvernementale. Le parti Affaires publiques, selon son président Radek John, refuse cependant d’assumer cette responsabilité :

Radek John,  photo: CTK
« Nous ne voulons pas faire chuter le gouvernement, notre attitude est responsable. Tous les gens responsables dans ce pays appellent les hommes politiques à négocier. Nous voulons négocier mais aucune solution à la crise n’est en vue. Nous ne pouvons absolument pas accepter que le ministère de l’Intérieur soit confié à l’ODS parce qu’on y dirige des enquêtes sur des affaires concernant l’ODS. »

Le chef du gouvernement Petr Nečas a quand même présenté au président de la République Václav Klaus les démissions de Vít Barta et les révocations de Radek John et de Josef Dobeš. Le président ne les a cependant pas acceptés en déclarant qu’il voulait d’abord connaître la solution envisagée par le premier ministre et les partis de la coalition pour mettre fin à la crise gouvernementale :

Václav Klaus,  photo: CTK
« C’est à eux d’agir. Ils n’ont fait que la moitié du premier coup, si vous me permettez cette jolie métaphore inspirée par les échecs. Et j’attends maintenant qu’ils achèvent le premier coup. »

La réaction de Petr Nečas ne s’est pas fait attendre. Il a exhorté le président à respecter ses devoirs constitutionnels et à accepter les démissions. Václav Klaus, lui, a rétorqué que les tentatives du premier ministre de mettre fin à la crise gouvernementale sont, nous citons « sans valeur et mauvaises ».

Il semble donc qu’à côté du conflit au sein de la coalition se dessine aussi un différend sérieux entre le chef d’Etat et le chef de gouvernement, ce qui, évidemment, ne fait qu’aggraver la crise politique dans le pays.