Les sections tchèques à Dijon et à Nîmes fêtent leur 90e anniversaire

Vendredi 8 avril, les sections tchèques des lycées en France célébraient leur 90ème anniversaire au Palais Buquoy, à Prague. Ce dispositif a été mis en place à l’automne 1920, au Lycée Carnot de Dijon. Reportage...

Lycée Carnot
« A Dijon, c’était assez dur pour nous, car nous étions habitués à avoir beaucoup plus de liberté chez nous. Là-bas, nous étions enfermés comme dans une prison (rires). Mais c’était comme ça et aujourd’hui, c’est un beau souvenir. »

Vladimír Beneš a 81 ans. Il a étudié au Lycée Carnot pendant deux ans, entre 1946 et 1948, avant la fermeture des sections tchèques qui existait également à Saint-Germain-en-Laye et à Nîmes, par les autorités communistes. Rouvertes à la fin des années soixante, elles ont été fermées à l’époque de la normalisation et à nouveau ouvertes au lendemain de « la révolution de velours ». A présent, une quarantaine d’élèves tchèques, dûment sélectionnés, effectuent leur scolarité en classes de seconde, première et terminale au Lycée Carnot de Dijon et au Lycée Alphonse Daudet de Nîmes.

Lukáš Macek
Lukáš Macek, aujourd’hui directeur du 1er cycle européen/Europe centrale et orientale de Sciences-Po Dijon, a été parmi les premiers élèves tchèques qui ont mis le cap sur Dijon au début des années 1990.

« Je suis arrivé à Dijon en septembre 1992. A l’époque, on sentait encore beaucoup de réelles différences. Pour nous qui arrivions, à cette époque-là, il y avait un vrai dépaysement, la découverte d’une société différente, d’une société de consommation… On sentait un décalage important et, sans doute, on vivait cette expérience d’une manière intense, parce que c’était vraiment quelque chose d’exceptionnel. Par exemple mes parents me disaient toujours qu’hélas, je n’aurai jamais la possibilité de voyager à l’Ouest et étudier encore moins. Donc il y avait chez nous un enthousiasme pour un monde qui s’est ouvert. Bien évidemment, quand je vois des Tchèques qui viennent à Carnot aujourd’hui, ce n’est pas du tout le même contexte. C’est toujours très motivant pour eux, mais c’est différent. »

Depuis 1920, plus de 400 Tchèques ont suivi leur scolarité au Lycée Carnot de Dijon. Nous écoutons le proviseur du lycée, Gil Cazenave :

Gil Cazenave  (à gauche)
« C’est un dispositif exceptionnel qui n’entre pas du tout dans le cadre habituel des échanges. Nos élèves, ainsi que ceux de Nîmes, s’engagent pour trois ans, donc ils vont suivre complètement leur scolarité en France. Ils vont être préparés à un bac français et, en même temps, grâce à un examen en tchèque, au bac tchèque. Ils vont acquérir une double culture, une double éducation et un double diplôme. Cela ne se fait pas, sous cette forme-là, avec d’autres pays. »

Les élèves tchèques qui arrivent à Dijon, sont-ils confrontés à des difficultés ?

« Ils ne semblent pas avoir beaucoup de difficultés. La difficulté, c’est peut-être de ne pas trop rester entre Tchèques. Mais ils arrivent à s’adapter très vite. Ils arrivent souvent avec un niveau scientifique et un niveau de langue française remarquable. En général, ils vont se classer parmi les meilleurs élèves du lycée. »

Hana Němečková a passé son baccalauréat en 2009 au Lycée Alphonse Daudet de Nîmes. A présent, elle étudie les sciences politiques et le journalisme à Prague. Elle explique quel a été, pour elle, le principal avantage de ses études secondaires en Frances :

Lycée Alphonse Daudet de Nîmes
« L’éducation tchèque est basée sur les informations et l’entraînement de mémoire. En France on entraîne, en plus de cela, aussi l’esprit critique. On apprend aux élèves à construire un propos, à bien argumenter. Aussi, au niveau des matières scientifiques, nous avions plus de travaux pratiques. Nous savions pourquoi nous apprenions ça et ça et ce que cela voulait dire en réalité. Je fais mes études supérieures en République tchèque et je m’aperçois que j’ai une approche un peu différente que mes copains de classe tchèques. »

Plus de détails sur les sections tchèques en France sur le site www.dijon-nimes.eu