La République tchèque ne se joindra pas au Pacte pour l’Euro

Photo: Commision européenne

La République tchèque ne rejoindra pas le Pacte pour l'euro, du moins pas pour l’instant. Ce pacte doit faire l'objet de débats en cette fin de semaine lors du sommet à Bruxelles. Le Premier ministre, Petr Nečas, a annoncé la décision prise par le gouvernement mercredi à la Chambre des députés. L’opposition sociale-démocrate a critiqué cette attitude, estimant que le pays devrait s’impliquer plus dans ce débat.

Jean-Claude Juncker,  photo: Martin Möller,  CC 3.0 licence
Ce Pacte pour l’euro a été approuvé le 11 mars, lors d'un sommet spécial des chefs d'État et de gouvernement de l'Union monétaire, à la demande principalement de l'Allemagne. Berlin y voit un gage de discipline commune et en a fait une condition pour accepter d'aider financièrement les États en difficulté. Ce dispositif prévoit que les États limitent strictement leur dette publique ou plaident pour la modération salariale. Il suscite une controverse jusqu’au chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Selon ce dernier, « le pacte n'apporte pas de valeur ajoutée » par rapport à tous les instruments déjà existants en Europe pour garantir la discipline budgétaire et surveiller les politiques économiques nationales. « Tout existe déjà », a-t-il assuré devant la commission des Affaires économiques du Parlement européen.

Une analyse en partie partagée par le Premier ministre tchèque, qui remet en question la nécessité du pacte pour son pays :

Petr Nečas,  photo: CTK
« En ce qui concerne la teneur du pacte, il ne représente pas pour nous la grande majorité des problèmes qui se posent à nous. Nous remplissons déjà, ou nous nous destinons à remplir, les avis de ce pacte dans le cadre de réformes combinées. Ces avis font également partie de notre programme national de réformes. La seule exception concerne le domaine de l’harmonisation fiscale : cela inclut par exemple les impôts envisagés pour les transactions financières, ce qui est irrecevable pour la République tchèque. »

Petr Nečas a également regretté que ce pacte ait été négocié par les pays membres de la zone euro sans consultation avec les autres Etats-membres. Il n'a cependant pas exclu que Prague pourrait rejoindre plus tard ce pacte qui doit permettre de renforcer les mécanismes de surveillance et d'intervention rapide au sein de la zone euro. Les pays ne disposant pas de la monnaie unique peuvent y participer de manière volontaire.

Photo: Commision européenne
Le vice-président du Parlement tchèque, Lubomír Zaorálek (Parti social-démocrate, ČSSD), a exprimé sa désapprobation. Il a fustigé le désintérêt du gouvernement pour ces questions. Selon lui, la plus grande partie du mécanisme de ce pacte sera élaborée sans la République tchèque. Il pense que c’est une erreur de ne pas permettre au pays de donner son avis sur ce sujet.

Le refus de joindre le pacte fait en revanche des heureux parmi les eurosceptiques. La représentante du parti Souveraineté (SBB) Jana Bobošíková exprimait en février dernier son hostilité à l’euro et son soutien à l’attitude du président tchèque Václav Klaus :

« Nous soutenons clairement la position du président Klaus sur l’Union européenne et aussi ses exigences pour que la République tchèque fasse tout pour se détacher à l’avenir de l’obligation d’adhérer à l’euro. Nous considérons l’euro comme un facteur de risque pour l’avenir. »

Le Pacte pour l’euro subit donc aussi bien la critique des eurosceptiques que de personnes au sein des institutions européennes comme Jean-Claude Juncker. La gauche européenne, de son côté, craint les mesures d’austérité consécutives à ce pacte et préférerait que l’UE finance la sortie de crise uniquement avec une taxe sur les transactions financières.