Les Chroniques de Cosmas et de Dalimil présentées au public par le Musée National
Le Musée National de Prague expose depuis vendredi au public le manuscrit de Bautzen de la Chronique de Cosmas, écrite en latin au XIIe siècle. Cette exposition s'inscrit dans un projet plus large de présentation au public, jusqu’à la fin du mois d’avril, de plusieurs précieux manuscrits de textes importants pour l’histoire tchèque, dont la fameuse Chronique de Dalimil. La chercheuse française du CEFRES Eloïse Adde rédige en ce moment une thèse sur cette Chronique de Dalimil:
Le manuscrit exposé cette semaine au Musée national a été offert à Prague par le régime est-allemand dans les années 1950. Pouvez-vous également nous dire quelques mots de la Chronique de Dalimil, sur laquelle vous écrivez votre thèse, et qui sera exposée au début du mois de mars ?
« Ce qui est important, c’est que cette Chronique de Dalimil est écrite dans un contexte très difficile pour la Bohême, qui est menacée par le voisin allemand. La Chronique est rédigée au moment de l’interrègne, à la fin du règne de la dynastie des Přemyslides, qui commence suite à l’assassinat de Venceslas III en août 1306 et qui ouvre une crise sans précédent puisqu’il n’a pas de successeur. La Bohême n’avait jamais fait face à une telle situation et c’était impossible de choisir un roi dans une autre famille. La seule famille qui était apte à régner était celle des Přemyslides, et la population de Bohême n’était pas en mesure d’envisager un roi issu d’une autre famille. Du coup il y a eu une grande crise, avec des prétendants qui ont essayé de monter sur le trône. Deux rois, Rodolphe de Habsbourg et Henri de Carinthie, se sont succédés et aucun n’a été capable de s’imposer sur le pays. Dalimil a donc voulu demander aux nobles de se mobiliser, d’intervenir et surtout de mettre sur le trône un roi tchèque pour résoudre la crise et faire en sorte que la Bohême ne tombe pas sous la domination allemande. Dans le principe, cette chronique est dans la continuation de celle de Cosmas puisque c’est aussi un message censé mobiliser une nation, une population de même langue et de même culture. Pour montrer qu’ils ont une histoire commune, pendant laquelle les Allemands leur ont toujours fait du tort et pour empêcher qu’un roi habsbourgeois, un roi allemand ne s’installe sur le trône de Bohême. »