« Le groupe de Visegrad a vraiment été important à ses débuts »
A l'occasion du vingtième anniversaire du groupe de Visegrad, Radio Prague diffuse un entretien réalisé avec le directeur de l’Institut des relations internationales de Prague, Petr Drulák:
« Je pense que le groupe de Visegrad a vraiment été important au début, quand au début des années 90 les trois pays d’origine ont coordonné leur politique envers l’URSS. Ces trois pays (Tchécoslovaquie, Hongrie et Pologne) étaient encore occupés par l’armée soviétique et ce sont les négociations avec Moscou qui ont donné naissance au groupe de Visegrad. En ce qui concerne le développement ultérieur de ce groupe, on ne peut pas constater de réelle coordination politique entre les trois puis quatre pays, parce que la divergence entre les intérêts fondamentaux ont toujours été trop importants pour pouvoir se coordonner et se battre pour une position commune. »
Il y a eu la séparation entre la République tchèque et la Slovaquie et puis des intérêts parfois diamétralement opposés. On le voit jusqu’à aujourd’hui notamment en ce qui concerne la Slovaquie et la Hongrie sur la question de la minorité hongroise en Slovaquie.
« Oui, c’est toujours une relation très sensible entre la Slovaquie et la Hongrie. On pourrait cependant se souvenir du chemin parcouru par la Slovaquie, du rattrapage en ce qui concerne son adhésion à l’UE et à l’OTAN. A la fin des années 90, le groupe de Visegrad a joué un rôle positif, parce que les trois autres pays ont contribué à ce rattrapage de la Slovaquie pour ne pas qu'elle ne soit exclue du processus d’adhésion. Et je voudrais aussi souligner une chose souvent oubliée quand on parle de Visegrad : ce groupe contribue beaucoup au niveau de l’administration, avec des processus d’échanges informels, d’échanges qui contribuent à un meilleur fonctionnement des administrations des quatre pays. Un résultat peu visible mais qui est là quand même. »Ces quatre pays font partie de l’UE depuis 2004. Est-ce que le groupe conserve son utilité au sein de l’UE, pour défendre des positions communes si jamais ces pays en trouvent?
« Je ne pense pas qu’on puisse s’y attendre. Même les groupes influents comme le Benelux ne jouent plus ce rôle. L’intégration au sein de l’UE est tellement forte qu’il n’y a pas de thèmes pour l’intégration régionale comme il pouvait y en avoir il y a 20 ou 30 ans. Donc je vois le rôle du groupe de Visegrad davantage dans cet échange d’expériences et je n’attends pas une réelle coordination politique. »