« Travailler à 106 »

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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! « Le travail, c’est la santé », chantait Henri Salvador dans les années 60. « Rien faire, c’est la conserver », précisait-il aussi cependant… Pour nous, il s’agit là d’une occasion de travailler un peu et de nous intéresser à quelques expressions de la langue tchèque dans lesquelles il est question de travail – práce. Cela en est d’autant plus l’occasion que le mot « robot », un des mots d’origine tchèque assurément parmi les plus célèbres dans le monde, a fêté mardi dernier le 90e anniversaire de son invention. Un mot qui a également un rapport avec le travail, puisque, résumé très succinctement, le robot est un automate qui peut effectuer certaines tâches à la place de l’homme.

« Práce, jé práce, práce, je práce », hurle le groupe punk tchèque E!E dans la chanson intitulée « Práce ». Traduit en français, ce refrain nous donne quelque chose comme « Du travail, ouaih du travail, du travail, il y a du travail ». Dans cette chanson, le groupe célèbre de manière ironique le fait qu’un jeune gars ait été embauché à l’usine du coin et qu’ainsi le rêve de son père s’est enfin réalisé : une manière comme une autre de rappeler la dure réalité parfois de la vie quotidienne surtout sans un emploi digne de ce nom.

Robot
Pour se faciliter la vie, l’homme a donc inventé le robot. Avant cela, il y a toutefois d’abord eu l’invention du mot, et celle-ci remonte donc à 90 ans. Le 25 janvier 1921, au Théâtre national à Prague, était donnée en effet la première représentation de la célèbre pièce de Karel Čapek, « R.U.R. ». C’est à cette occasion que le public a entendu pour la première fois ce nouveau mot de« robot ». Le mot possède une origine un peu particulière car peu de monde fait la relation avec les mots « robit » et « robota » qui auparavant signifiaient « faire » et « corvée ». Cela vaut pour le tchèque mais également pour d’autres langues slaves aujourd’hui encore. En slovaque ainsi par exemple, « robiť » signifie « travailler, faire quelque chose », « robota » - « travail », tandis qu’en polonais « robotnik » désigne un travailleur. Les robots sont des êtres, si on peut les désigner ainsi, dont la mission est de « robotovat » comme on dira en tchèque, « roboter » en quelque sorte en français, c'est à dire de travailler comme ceux qui étaient chargés de la « robota », donc de la corvée, d'un travail forcé. C'est la raison pour laquelle Čapek inventa le mot « robot ». Ensuite, disons simplement que comme les pièces de Čapek étaient très appréciées, le mot a franchi les frontières de la Tchécoslovaquie avec la pièce de théâtre s'internationalisant du même coup.

Bez práce nejsou koláče | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Une fois tout cela précisé, passons aux expressions tchèques dans lesquelles il est question de travail. Une des plus connues est certainement celle selon laquelle « bez práce nejsou koláče », un jeu de mots pour indiquer littéralement que « sans travail il n’y a pas de gâteaux », autrement dit que l’on ne peut pas espérer obtenir quelque chose, une récompense, des résultats, sans travail.

Les Slovaques, eux, voient les choses un peu différemment puisque selon une de leurs expressions, reprise également par les Tchèques, « práce není zajíc, neuteče », c’est-à-dire que « le travail n’est pas un lièvre, il ne va pas s’enfuir ». Tout le contraire en quelque sorte de l’idée répandue selon laquelle il ne faut pas remettre à plus tard ce que l’on peut faire de suite. Tout le contraire également de l’expression, tchèque cette fois, « pracovat o sto šest », une expression difficilement traduisible qui littéralement signifie « travailler à cent six (106) ».

Pilný jako včelička
Aucun linguiste tchèque ne connaît véritablement l’origine de cette expression « à cent six » - « o sto šest », on peut donc supposer qu’il s’agit de travailler ou de faire quelque chose à 106 % ou peut-être à 106 km/h. Ce que l’on sait et comprend bien en revanche, c’est que cette expression signifie travailler ou faire quelque chose avec beaucoup d’intensité, de conviction, très rapidement. En français, cela équivaut à peu près à dire que l’on « met ou que l’on a du cœur à l’ouvrage ». Comme par exemple l’abeille que l’on retrouve dans une autre expression tchèque selon laquelle on peut travailler comme une abeille, soit travailler beaucoup, ou plus précisément être « laborieux comme une abeille » - « pilný jako včelička ».
Od nevidím do nevidím
Enfin, terminons avec une dernière expression d’un sens très proche : « pracovat svátek nesvátek », là aussi une formule difficilement traduisible en français, mais qui signifie littéralement « travailler fête ou pas fête », c’est-à-dire beaucoup et souvent. Et puis sachez encore également que les Tchèques disent aussi parfois qu’ils travaillent ou font quelque chose « od nevidím do nevidím », soit littéralement « de je vois à je ne vois pas ». Cela signifie alors qu’ils commencent leur journée de travail avec le lever du soleil et qu’ils la terminent lorsque ce même soleil est déjà couché.

C’est avec cette expression imagée que s’achève pour cette fois ce « Tchèque du bout de la langue » consacrée au 90e anniversaire de l’invention du mot « robot » et à quelques expressions faisant référence au travail. En attendant de vous retrouver samedi prochain après une nouvelle semaine de travail, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !