Rinaldo, une production franco-tchèque à dimension européenne, se présente à Versailles

Rinaldo, photo: Hana Smejkalová

Les 11 et 12 janvier, le Château de Versailles présente Rinaldo, opéra de Haendel, dans la production à succès du Théâtre national de Prague. Fruit d’une collaboration franco-tchèque, cet opéra de 1711 est une véritable œuvre à dimension européenne si l’on pense qu’il fit le succès d’Haendel, compositeur allemand, à Londres, avec un livret en italien. Le directeur des spectacles au Château de Versailles, Laurent Brunner, détaille :

Laurent Brunner
« Rinaldo est un des premiers opéras de Haendel. C’est sans doute une des œuvres les plus intéressantes de l’époque baroque. Ce qui est intéressant dans le projet qui a été fait au Théâtre des Etats à Prague, dirigé par Vaclav Luks, c’est à la fois la restitution à l’ancienne – les musiciens jouent sur des instruments d’époque, mais aussi l’ensemble du décor et des costumes, qui sont à la manière ancienne. Ce ne sont pas des décors de cette époque-là évidemment, puisqu’ils ont été construits pour cette production mais ils donnent une très bonne idée, comme l’éclairage à la bougie, de ce que pouvait être un grand opéra baroque, à Prague ou à Versailles à la fin du XVIIIe siècle. C’est ça qui m’a intéressé. »

C’est une production que vous êtes venu voir à Prague ?

« Oui, je suis venu en janvier de l’année dernière voir la production au Théâtre des Etats. Ce qui m’a séduit le plus, c’est la qualité de l’orchestre et des interprètes. Je crois que Václav Luks est un très bon chef d’orchestre, il a une grande dynamique, il fait vivre le plateau musical en permanence. Ce qui est très important à l’opéra, car vous pouvez avoir de bons chanteurs et de bons musiciens mais si ça ne vit pas, c’est un peu triste, c’est comme à l’église. Là, c’est d’une grande vie... »

Rinaldo,  photo: Hana Smejkalová
D’une grande vie au niveau de la direction, au niveau de la scène aussi... Il y a d’ailleurs de la danse dans cette production...

« Oui, il y a un ensemble de danseurs. C’est une production franco-tchèque. La metteuse en scène, c’est Louise Moaty, qui a voulu associer à ce projet d’opéra des danseurs. En plus de la musique et du chant, ça permet d’avoir presque tous les arts sur la scène, ce qui est une grande qualité. »

C’est presque un spectacle d’art total...

Photo: www.chateauversaillesspectacles.fr
« Oui, pour l’époque, ça aurait été un spectacle d’art total comme Wagner peut l’avoir fait au XIXe siècle. C’est vraiment d’une grande pertinence, car l’opéra baroque, c’est vraiment le plus beau spectacle qu’on pouvait faire à l’époque. C’est une époque où les gens n’avaient pas la télévision, pas la radio, il y avait très peu de théâtre. Quand on venait dans un théâtre comme le Théâtre des Etats, un lieu de très grand prestige, c’était très exceptionnel : on venait voir des musiciens, des chanteurs, des danseurs, mais aussi du décor ! Ce qui comptait aussi beaucoup, c’était cette magie des effets spéciaux. Evidemment pour nous aujourd’hui ce sont des effets spéciaux un peu simples, ce n’était pas Star Wars, mais à l’époque c’était Star Wars ! C’est pour moi utile, à Versailles, dans un théâtre du XVIIIe siècle, entièrement conservé comme celui de Prague, de pouvoir faire aussi ce Rinaldo. »

Dans quelle mesure est-ce important pour le château de Versailles d’accueillir cette production ?

Photo: www.chateauversaillesspectacles.fr
« Dans le paysage des spectacles en Europe, il y a deux types de spectacles. Il y a les bons et il y a les mauvais. Celui-là, il est de grande qualité, et c’est une vraie raison de le programmer à Versailles et dans n’importe quel autre théâtre. L’Opéra royal de Versailles, qui n’a servi que 20 soirs sous la monarchie française, car on n’y faisait que les mariages princiers, c’est un opéra d’exception, donc il faut que je puisse proposer au public des ouvrages d’exception dans leur réalisation d’aujourd’hui. Et là, c’était un spectacle que j’ai vu qui était de grande qualité. Dernier point : on est en Europe. Ce spectacle a été fait en République tchèque, et je trouve très bien qu’on puisse le montrer à Versailles. Il faut redire une fois de plus que le baroque c’était un baroque dans toute l’Europe. Et bien sûr, Versailles n’est pas la même chose que Prague, mais c’est le même monde baroque, les mêmes exigences. Aujourd’hui, le public le comprend très bien et nous avons un public qui sera heureux de trouver des interprètes venus de très loin pour faire de la musique de Haendel qui va droit au cœur. Rappelons que Haendel n’a jamais été joué à Versailles à l’époque, mais aujourd’hui, il a toute sa place. »